100-200 ans, de Toutankhamon à Champollion
Petit à petit, l’Egypte des pharaons, toujours aussi mystérieuse, nous livre ses secrets…
La pierre de Rosette …
La traduction des hiéroglyphes est due à la découverte de la « pierre de Rosette » dans le delta du Nil lors de l’expédition en Egypte de Napoléon Bonaparte de 1798 à 1799. Elle est gravée de trois textes en grec ancien, en démotique (écriture égyptienne tardive) et en hiéroglyphes et mesure 112 cm de haut, 75 cm de large, 28 cm d’épaisseur et ne pèse pas moins de 762 kilos.
Les savants et la traduction
Œuvre d’art, la pierre reste avant tout une énigme à déchiffrer surtout que les plus grands savants européens s’échinent à trouver la traduction des hiéroglyphes depuis la Renaissance.
La pierre est embarquée sur un navire à destination de la France mais les Anglais l’interceptent et la transportent à Londres au « British Museum ». Elle va dès lors exciter la curiosité des savants comme l’Anglais Thomas Young qui réussit à déchiffrer la version démotique et à découvrir que les cartouches en hiéroglyphes contiennent les noms de divers pharaons.
Mais celui qui révèle au monde la clé pour comprendre cette langue tombée dans l’oubli depuis quinze siècles, est bien le français Jean-François Champollion. Bercé par l’expédition de Bonaparte, il se passionne très tôt pour l’Egypte et étudie une langue descendant de l’égyptien ancien : le copte. Adolescent, il prend connaissance de la copie d’un relevé de la pierre de Rosette ramenée par les armées républicaines. Il découvre que les hiéroglyphes (il en recense environ cinq mille) ne sont pas seulement des idéogrammes contrairement aux préjugés. Ils peuvent aussi dans un même texte servir de signes phonétiques comme nos lettres de l’alphabet. C’est ainsi qu’il déchiffre les noms de Cléopâtre, Ramsès et Thoutmosis.
Un génie et son ombre
La récente étude des archives de la famille Champollion a permis de mettre à jour une belle histoire oubliée des manuels scolaires, éclairant d’une lumière nouvelle l’extraordinaire aventure que fut le déchiffrement des hiéroglyphes. Si la sagacité hors du commun et la ténacité passionnée de Jean-François sont connues, auraient-elles pu le conduire au succès sans le soutien indéfectible de son frère Jacques-Joseph qui l’accompagnait dans l’ombre ?
C’est le 27 septembre 1822 à Paris que Jean-François Champollion expose devant l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres ses découvertes relatives aux hiéroglyphes. Au terme de vingt années de recherches harassantes qui ont beaucoup affecté sa santé, il est enfin arrivé à déchiffrer l’écriture des anciens Egyptiens.
Jean-François Champollion meurt de surmenage en 1832 à l’âge de 42 ans, au milieu des honneurs après avoir enfin visité l’Egypte, le pays de ses rêves.
… Toutankhamon
Tout le monde connaît la découverte exceptionnelle que fit le Britannique Howard Carter (1874-1939) le 4 novembre 1922 après avoir dégagé quelques marches de pierre dans le sable. Il attendra la venue de Lord Carnarvon (1866-1923), aristocrate britannique passionné d’égyptologie qui a financé la mission, pour découvrir enfin la tombe inviolée du jeune pharaon Toutankhamon (1334-1324 av. J.C.) le 29 novembre. La momie du jeune pharaon et le trésor constitué de plus de cinq mille objets d’une beauté exceptionnelle figurent aujourd’hui, pour la majorité, parmi les collections du musée du Caire.
Il fallut dix ans à Howard Carter pour terminer les fouilles et répertorier les deux à trois mille objets qui se trouvaient dans cette tombe pourtant de petite taille. En plus du tombeau situé au centre de la pièce, un sarcophage en quartzite rouge renfermait deux cercueils de bois couverts d’or et un cercueil en or massif contenant la momie du jeune pharaon portant un masque en or décoré de lapis-lazuli et d’obsidienne.
La découverte d’Howard Carter a fait de Toutankhamon, sacré à neuf ans et mort dix ans plus tard, un des plus célèbres pharaons de l’Egypte ancienne malgré sa courte vie.