1947 : Le renouveau de la Haute Couture
« Mes robes font de chaque femme une princesse ». Christian Dior a effectivement révolutionné la mode d’après-guerre. Il a insufflé de l’extravagance aux robes trop sages des femmes des années 50 et a lancé une grande entreprise où la couture est un art.
Enfance
Deuxième enfant d’une fratrie de cinq, Christian naît à Granville (Manche) en 1905 au cœur d’une famille d’industriels, inventeurs de la marque de lessive « Saint-Marc ». Il passera sa petite enfance dans la villa des « Rhumbs ». Après la guerre, la famille s’installe à Paris. Ses parents voulant qu’il suive une carrière diplomatique, il s’inscrit à l’école des Sciences politiques en 1923, qu’il quitte trois ans plus tard sans le moindre diplôme.
Le galeriste
Son ambition étant d’exposer des tableaux de grands maitres : Picasso, Braque, Matisse, Dali… il ouvre une galerie d’art en 1928 puis une seconde en 1931. Le contrecoup de la crise de 1929 le força à liquider le stock des tableaux de ses galeries à des prix dérisoires.
L’illustrateur
Révélant son talent de dessinateur, il est encouragé à vendre ses croquis. C’est ainsi qu’en 1935, il vend ses premiers dessins de robes et de chapeaux à des couturiers et des modistes puis devient illustrateur au « Figaro Illustré ». Soutenu par des amis artistes, il crée des costumes pour le cinéma et le théâtre et parvient à faire accepter quelques croquis à Nina Ricci et Balenciaga.
Débuts dans la haute couture
En 1938, engagé par le grand couturier de l’époque Robert Piguet en tant que modéliste et dessinateur, il signe trois collections : le tailleur pied-de-poule noir et blanc est son premier succès. Après une année sous les drapeaux, il revient à Paris en 1941 et entre chez Lucien Lelong, grande maison de couture parisienne. A la fin de la guerre, il fait la connaissance du « roi du coton » Marcel Boussac qui, croyant en son talent, investit soixante millions de francs et lui accorde une maison à son nom au 30 avenue Montaigne. Le 12 février 1947, Christian Dior bouleverse la mode d’après-guerre avec son premier défilé. La silhouette qu’il propose est d’une conception révolutionnaire : taille cintrée, poitrine haute, épaules étroites et jambes couvertes à 40 cm au-dessus du sol. Puis ce sera le style « corolle, en 8, New-Look ».
Le succès
Au lendemain de l’occupation, Christian Dior rend à la couture sa part de rêve et redonne aux femmes le goût de plaire. Le luxe revient sur le devant de la scène après une longue période d’insécurité et d’angoisse. Chacune de ses collections est un succès et constitue un évènement très attendu dans le monde de la mode. En même temps que sa première collection, il lance une société de parfum en créant « Miss Dior » ; car pour lui le parfum est « le complément indispensable de la personnalité féminine ». C’est aussi en 1947 qu’il part pour les Etats-Unis à la conquête du marché de la mode. Il institutionnalise la franchise et le dépôt de marque en louant son nom pour griffer des articles fabriqués par des industriels. Il devient le couturier des têtes couronnées et des plus grandes stars qui ne portent que du Dior et impose ses modèles aux producteurs de films.
En onze ans, son activité s’étend dans quinze pays et assure l’emploi de plus de deux mille personnes. A la fin de sa vie, sa maison représente plus de la moitié des exportations de la couture française.
Après la présentation de sa dernière collection conçue avec son jeune assistant Yves Saint-Laurent, il est foudroyé par une crise cardiaque le 24 octobre 1957 lors d’une cure à Monteccatini en Italie. A l’annonce de sa disparition, d’aucuns diront qu’il « a été rappelé par Dieu pour rhabiller les anges ».
Jusqu’au 7 janvier 2018, le musée des Arts Décoratifs de Paris célèbre les soixante-dix ans de la création de la maison Dior avec une sublime exposition autour de son créateur. Le visiteur y découvre l’univers du fondateur et des couturiers de renom qui lui ont succédé avec une sélection de plus de quatre cents robes de haute couture de 1947 à nos jours.