11 novembre 1918
Dès l’échec de leur contre-offensive en juillet, les Allemands ont compris qu’ils n’avaient plus aucun espoir d’arracher la victoire. Pressés par la situation catastrophique qui règne dans leur pays menacé de virer à l’anarchie malgré l’abdication de Guillaume II le 9 novembre, les Allemands demandent l’armistice aux alliés.
La journée du 11 novembre
5 h – forêt de Compiègne : c’est dans un simple wagon-restaurant réaménagé à la hâte dans la clairière de Rethondes que s’assoit une dizaine d’hommes à l’aube de ce lundi : le maréchal Foch, commandant suprême des armées alliées, le général Weygand, chef d’état-major, et deux amiraux britanniques. Mathias Erzberger, le comte Von Oberndorff et deux officiers représentent les autorités allemandes. Les termes du texte ont été négociés (voire imposés) à la délégation ennemie. Foch signe les trente-quatre articles du texte au nom des puissances alliées. Les représentants allemands signent à leur tour : l’atmosphère est polie mais glaciale. L’article I est ainsi rédigé : « Cessation des hostilités, sur terre et les airs, six heures après la signature de l’armistice ».
11 h : sur tout le front, les clairons sonnent le cessez-le-feu. Passée une minute qu’on imagine surréaliste, chaque combattant, quelle que soit sa nationalité, comprend que pour la première fois depuis des mois, il ne risque plus la mort à chaque seconde.
16 h : sous les ovations de l’hémicycle du Palais Bourbon, Georges Clémenceau, président du Conseil et ministre de la Guerre donne lecture de la convention d’armistice, salue l’Alsace et la Lorraine retrouvées et rend un vibrant hommage « à nos grands morts qui ont fait cette victoire ».
Les clauses de l’armistice
Les conditions sont très dures pour l’Allemagne qui doit remettre une grande partie de son armement et de son matériel de transport, libérer sans réciprocité les prisonniers alliés, évacuer tous les territoires occupés ainsi que la rive gauche du Rhin. Sur la rive droite, une zone de dix kilomètres est démilitarisée depuis la frontière hollandaise jusqu’à la frontière suisse. Les alliés gardent trois têtes de pont : Mayence, Coblence, Cologne. Tout est fait pour que l’armée allemande soit dans l’impossibilité de reprendre la lutte.
La nouvelle de la signature de l’armistice déclenche une vague de joie dans le monde entier. Partout dans les villes et villages comme dans les moindres bourgades, des fêtes s’organisent. Les cloches des églises sonnent à toute volée ; on descend dans les rues drapeau à la main. A Paris, pendant deux jours, les places et les boulevards sont noirs de monde ; en Angleterre, la foule envahit Trafalgar Square ; à New-York, les rues de Broadway sont inondées par la population…
Mais toutes ces manifestations de joie n’empêchent pas le terrible bilan. Tous pays confondus, près de dix millions de militaires sont morts aux combats. Vingt-et-un millions ont été blessés dont huit millions d’invalides et autant de prisonniers. Toutes ces vies gâchées appartiennent aux générations de 18 à 50 ans. Pour ces rescapés sortis de l’enfer, leur mémoire restera marquée à jamais par toutes les atrocités des champs de bataille. La France a perdu 10% de sa population active ; six millions de civils ont perdu la vie. Cette guerre a mis en conflit plus de soldats et provoqué plus de morts et de destructions que toutes les autres guerres antérieures. Les dommages matériels sont énormes : des centaines de milliers de maisons sont détruites et des millions d’hectares de terre sont rendus incultes pour de longues années. Il y eut aussi l’épidémie de grippe espagnole de 1918 à 1920 avec plusieurs millions de victimes dont deux cents mille en France.
La guerre a également amené des bouleversements géopolitiques qui ont profondément et durablement modifié le cours du XXème siècle et a été la cause directe de l’effondrement et de la fragmentation des empires austro-hongrois, russe et ottoman.
En ce jour de fête nationale, c’est un devoir de mémoire de respecter ces courageux combattants qui pensaient que c’était « la der des der »…