Laudato Si (Loué sois-Tu)
Dernière encyclique du pape François « Sur la sauvegarde de la maison commune », « adressée à tous »
Cette encyclique du pape François sur l’écologie humaine, a été présentée le jeudi 18 juin dernier, à Rome par le cardinal Peter Turkson, président du Conseil pontifical justice et paix, en présence du métropolite orthodoxe John Zizioulas, qui représente le patriarche œcuménique Bartholoméos, le climatologue allemand John Schellnhuber, ainsi que l’économiste américaine Carolyn Woo, du réseau Caritas.
UNE ENCYCLIQUE DESTINÉE AU PLUS GRAND NOMBRE (1)
Le pape a indiqué que son texte était destiné « à tous », au-delà des catholiques. Cette publication est l’aboutissement d’un long travail, nourri de textes antérieurs et de sa propre expérience latino-américaine.
Cette présentation même de l’encyclique entend signifier sa destination universelle, comme l’est la doctrine sociale de l’Église dans laquelle elle s’inscrit.
La destination de l’encyclique est d’autant plus large qu’elle ne traite pas uniquement du changement climatique. Sur cette question, le pape François a déjà déclaré que l’homme, par son activité, en était en partie responsable, faisant fi des climato-sceptiques.
« J’ignore si l’on peut dire que c’est entièrement dû à lui, mais principalement, c’est en grande partie l’homme qui piétine la nature, continuellement », répondait-il à ce sujet le 15 janvier 2015.
ÉCOLOGIE HUMAINE
L’écologie est considérée par le pape dans une acception plus vaste, au-delà de sa dimension environnementale, touchant à l’économie, la culture, la société. Il a prévenu le 6 juin, au retour de sa visite à Sarajevo, que son texte traitait ainsi également du « consumérisme » et du « relativisme », « cancer de la société ». Cette écologie « humaine » se veut ainsi intégrale.
« Il existe aussi une écologie de l’homme » indiquait Benoît XVI en 2011, devant le Bundestag à Berlin. Le pape François a pu s’appuyer sur les écrits de ses prédécesseurs pour cette encyclique dont il est l’unique signataire mais qui représente un travail collectif.
Lui-même en a décrit les étapes à la presse. Une première mouture a été élaborée par la petite équipe du cardinal Turkson, dont le dicastère Justice et paix compte une vingtaine de personnes aux deux-tiers laïques.
CONTRE LA DÉFORESTATION EN AMÉRIQUE DU SUD
De nombreuses contributions externes leur sont parvenues. Le pape a reçu début août 2014 cette ébauch, jugée alors trop épaisse. Elle a servi de base de travail à un nouveau texte transmis ensuite à la Congrégation pour la doctrine de la foi, à la Secrétairerie d’État et au théologien de la Maison pontificale. « Afin qu’ils vérifient bien que je n’aie pas dit de sottises », plaisantait le pape le 15 janvier. Lui-même a revu sa copie en mars pour la terminer avant les traductions.
Très en amont de ce travail, avant d’être Pape, Jorge Bergoglio avait déjà été sensibilisé aux questions écologiques à la suite de la conférence des évêques latino-américains d’Aparecida (Brésil) en 2007, où il joua un rôle décisif. « J’entendais les évêques brésiliens parler de déforestation de l’Amazonie » racontera-t-il plus tard.
L’archevêque de Buenos Aires a notamment participé ensuite à un recours devant la Cour suprême d’Argentine pour arrêter une déforestation au nord du pays. Pour la présente encyclique, il a consulté, entre autres, des prêtres engagés en Amazonie pour la justice sociale. « En ce moment nous avons, avec la Création, une relation qui n’est pas très bonne, non ? » interrogeait-il déjà le 16 mars 2013, juste après son élection au siège de Pierre, justifiant le choix de prendre le nom de François d’Assise comme « l’homme qui aime et préserve la Création ». Et de poursuivre le 19 mars 2013, dans l’homélie de sa messe d’intronisation sur l’importance « d’avoir du respect pour toute créature de Dieu et pour l’environnement dans lequel nous vivons ».
UNE CONTRIBUTION À LA COP21 (Appelé aussi Conférence climat Paris 2015)
Texte marquant du pontificat, l’encyclique pourrait se faire l’écho de l’appel lancé le 16 juin dernier : « Je voudrais demander à tous ceux qui occupent des rôles de responsabilité dans le domaine économique, politique ou social, à tous les hommes et à toutes les femmes de bonne volonté : nous sommes gardiens de la Création, du dessein de Dieu inscrit dans la nature, gardiens de l’autre, de l’environnement. ».
Souhaitons que cette exhortation adressée quelques mois avant la conférence de Paris sur le climat, contribue à des avancées décisives « pour la sauvegarde de la maison commune »
Yves Maretheu (Source La croix : article du 16 juin, de Sébastien Maillard)
1 Plusieurs éditions de cette encyclique sont en vente en librairie au prix de 3,90 € à 4,50 € ou disponible en français sur le site du Vatican avec le lien suivant : Texte de l’ Encyclique