Apprentis d’Auteuil fête ses 150 ans
Un évènement marquera cette année 2016 : les cent cinquante ans d’une œuvre chère au cœur d’un grand nombre de chrétiens et bien au-delà : « Apprentis d’Auteuil », association catholique reconnue d’utilité publique. Si aujourd’hui la Fondation Orphelins Apprentis d’Auteuil prend en charge vingt-cinq mille jeunes, de zéro à vingt-six ans et plus de cinq mille familles, dans deux cents établissements en France et dans les Dom-Tom, les débuts furent bien modestes.
Un peu d’histoire.
Nous sommes en 1866 dans le quartier d’Auteuil ; une maison à colombages souffre d’abandon quand, à la surprise du voisinage, un prêtre, l’abbé Louis Roussel, s’y installe avec six jeunes. Il souhaite se consacrer aux « enfants des rues » dont l’avenir le préoccupe. Son programme est simple : leur apprendre à lire, écrire, compter, mais surtout le catéchisme pour qu’ils fassent leur Première Communion. Très vite la solidarité va se manifester sous forme de vêtements, matelas et couvertures pour les jeunes de « l’Œuvre de la Première Communion » comme elle s’appelle alors. Rappelons que l’Assistance publique ne prend plus en charge les garçons à partir de douze ans et que l’abandon d’enfants, pour raisons économiques, est alors chose courante. L’abbé Roussel, ayant obtenu de son évêque la reconnaissance de son œuvre et quelques fonds pour louer une maison, s’installe au 40 rue de Lafontaine.
C’est un bon pédagogue et ses principes perdurent aux Apprentis : nul n’est gardé de force, une récréation après chaque heure de cours, sport et musique à l’honneur etc. Les demandes ne cessent de croître tant par les familles que par la police qui préfère cette solution à la prison pour les jeunes vagabonds. Soucieux de lier à l’éducation la formation professionnelle, et comme il ne veut pas abandonner « ses premiers communiants », il ouvre en 1871, un premier atelier de cordonnerie et taillerie. Cette même année, l’œuvre des Orphelins Apprentis d’Auteuil vient compléter l’œuvre de la Première Communion. La progression de l’œuvre est spectaculaire : on compte, dès 1896, deux cents apprentis dans différentes branches. L’abbé Roussel s’éteint l’année suivante.
Rappelons quelques étapes clés du développement de l’œuvre d’Auteuil : 1897 accueil des tout-petits, les « Petits Jésus », en 1923, arrivée du Père Brottier. Au sortir de la Grande Guerre qui a ajouté, aux enfants abandonnés, les orphelins du conflit meurtrier, la situation financière est catastrophique et pourtant le Père Brottier commence…par construire une chapelle, dédiée à sainte Thérèse protectrice des Orphelins Apprentis d’Auteuil. La Fondation reconnue d’utilité publique prend alors son véritable envol. En 1945, c’est l’ouverture de nouveaux établissements en région parisienne et même dans les Dom-Tom puis d’une dizaine d’écoles techniques. Les années soixante-dix verront la nomination d’un premier directeur laïc, d’un premier « projet éducatif » avec l’organisation en « Maisons » et l’ouverture à la mixité. La Fondation s’ouvre peu à peu à l’accueil de mineurs étrangers non accompagnés. Dans un souci constant du meilleur service des jeunes, tout en restant fidèle à sa mission première, l’œuvre invente « des lieux de réussite et de soutien éducatif …afin de briser la spirale de l’échec ». Dans cet esprit, on réorganise, créant les « établissements », on ouvre une crèche (2007) la première « maison de famille » (2009). Des modifications apparaissent même dans la dénomination de l’œuvre et depuis 2010, c’est d’ « Apprentis d’Auteuil » qu’il s’agit, un nom pour symboliser les apprentissages de la vie. L’ouverture à cent quatre-vingt-quinze partenaires internationaux en 2015 a permis d’accompagner 50 000 jeunes et leurs familles dans le monde.
La Fondation d’Auteuil née si modestement sous le Second Empire, est devenue une institution mondialement reconnue tout en restant fidèle aux valeurs voulues par son fondateur et ceci grâce aux éducateurs mais aussi aux nombreux donateurs.
Et sur notre Secteur Rive Droite,
Apprentis d’Auteuil a ouvert en septembre 2009, le Pôle éducatif « Madeleine Delbrel » à Hardricourt destiné aux jeunes de 10 à 17 ans confrontés à des situations difficiles avec leurs parents, dans leur environnement familial, social et ou scolaire. Le Pôle éducatif propose un hébergement de courte durée ainsi qu’un accueil éducatif de jour. Il est habilité par le Conseil départemental des Yvelines au titre de la Protection de l’Enfance. Sa capacité d’accueil est dix-huit places dont douze en hébergement séquentiel (une nuit à trois mois) pour ne pas installer le jeune dans une prise en charge longue en dehors de sa famille.
L’accueil éducatif de jour constitue une alternative temporaire à la scolarité où sont favorisées les activités culturelles, sportives et scolaires en petits groupes. C’est un passage transitoire d’évaluation et de remobilisation.
Les objectifs
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maintenir l’inscription du jeune dans son cadre scolaire obligatoire en évitant rupture et marginalisation,
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favoriser l’adhésion du jeune à un processus d’apprentissage par un accompagnement lui permettant de valoriser ses compétences,
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orienter le jeune vers les dispositifs existants (sociaux, scolaires, professionnels, médicaux…) et accompagner les temps de transition par exemple dans un nouvel établissement scolaire,
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réinscrire le jeune dans un parcours scolaire ou de formation professionnelle s’appuyant sur un projet personnel.
Les moyens mis en œuvre : quatre ateliers
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l’atelier du savoir développe les connaissances intellectuelles,
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l’atelier du Savoir-Etre développe l’estime de soi,
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l’atelier du Savoir-Faire développe les compétences techniques, proposant des activités manuelles et artistiques avec stages en entreprises, journées découverte de métiers…
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l’atelier Savoir-Construire propose un parcours d’orientation et d’insertion professionnelle avec la construction d’un projet réalisable.
Le Pôle éducatif Madeleine Delbrel, 23-25 boulevard Michelet se veut discret dans le paysage, mais la direction qui connaît les Echos de Meulan nous a reçus chaleureusement ; qu’elle en soit ici remerciée.