ASSOMPTION OU DORMITON DE LA VIERGE MARIE
La fête de l’Assomption, le 15 août, passerait sans doute inaperçue, au cœur des vacances si ce n’était un jour férié ! Cette fête prend son origine dans celle appelée jadis « Dormition », nom conservé en Orient depuis le VIe siècle, qui fut introduite en occident au siècle suivant et prit le nom d’Assomption au VIIIe siècle. Seuls les textes apocryphes(1) évoquent la mort de la Vierge, entourée des apôtres et dont le corps disparaît enlevé par les anges. Enluminures et portails de nos cathédrales évoquent souvent cet événement fondateur de la foi en l’Assomption de la Vierge Marie qui, dès l’origine est fête d’obligation, célébrée le 15 août.
C’est Pie XII, pape de 1939 à 1958 qui a défini, en 1950, le dogme(2) de l’Assomption qui confirmait ce que célébrait le peuple chrétien depuis les temps les plus anciens ; il couronnait ainsi un siècle de développement de la mariologie(3)..Il faut dire que la Vierge Marie était apparue de nombreuses fois en France durant le XIXeme siècle(4) et que ses pèlerinages drainaient chaque années de plus en plus de fidèles et de touristes curieux ! Dans la ligne de cette piété mariale, Pie XII en 1942 avait déjà consacré le monde au cœur de Marie, médiatrice entre les hommes et Dieu et déclarera 1954 « année mariale » exceptionnelle.
Revenons au dogme de l’Assomption et à sa définition dans la constitution dogmatique « Munificentissimus Deus : « Nous affirmons, Nous déclarons et Nous définissons comme un dogme divinement révélé que l’immaculée Mère de Dieu, Marie toujours vierge, après avoir achevé le cours de sa vie terrestre, a été élevée en corps et en âme à la gloire céleste ». C’est par ces mots que, le 1er novembre 1950, le pape affirmait la foi catholique en l’Assomption de la Vierge Marie.
Le Concile Vatican II dans sa constitution « Lumen gentium » en 1964 confirma ce dogme « La Vierge immaculée préservée de toute tache originelle, au terme de sa vie terrestre fut élevée à la gloire du ciel en son âme et en son corps et elle fut exaltée par le Seigneur comme Reine de l’univers afin de ressembler plus parfaitement à son fils Seigneur des seigneurs et vainqueur du péché et de la mort ».
Le catéchisme de l’Eglise catholique ajoute que « l’Assomption de la Sainte Vierge est une participation singulière à la Résurrection de son Fils et une anticipation de la résurrection des autres chrétiens.»
Le 15 août fut, en France, jusqu’à la Révolution, la date de la fête nationale. Louis XIII qui n’avait pas encore d’héritier avait demandé le 15 août 1637 des processions mariales dans toutes les paroisses. Un an plus tard, naissait Louis XIV ; son vœux exaucé le roi consacra son royaume à Marie demandant que, partout en France, chaque année, on honore la Vierge par des processions Cette pieuse et joyeuse coutume, avec bannières et pétales de roses, perdura jusqu’à la dernière guerre et reste aujourd’hui exceptionnelle ; à Paris, l’une d’elles se déroule sur la Seine.
Bien des sanctuaires sont dédiés à Notre Dame de l’Assomption dont, sur notre secteur, l’église d’Evecquemont où
la Vierge est honorée dans la chapelle latérale ornée d’un fort beau tableau, restauré récemment, non pas de l’Assomption mais de la Visitation ; c’est une œuvre de Pierre Le Dart datée de 1665. Quant à Gaillon, c’est une statue de N.D. de Lourdes qui a été placée dans la chapelle de la Vierge.
(1) apocryphe : écrits religieux d’origine juive ou chrétienne qui ne font pas partie du Canon des Ecritures, c’est-à-dire ne sont pas reconnus comme inspirés.
(2) un dogme : « du grec dokeo, je pense, je crois est une vérité de foi contenue dans la révélation et proposée par le magister extraordinaire de l’Eglise à l’adhésion des fidèles catholiques, dans le langage d’une période historique donnée ».
(3) mariologie : branche de la théologie qui concerne la place de Marie dans la foi chrétienne.
(4) apparitions de Marie à Catherine Labouré, rue du Bac à Paris, « médaille miraculeuse » en 1830, à deux jeunes bergers à La Salette (Isère) en 1846, à Bernadette Soubirou à Lourdes (Hautes-Pyrénées) en 1858, à plusieurs enfants à Pontmain (Mayenne) en 1871, à Estelle Faguette à Pellevoisin en Indre « N.D. de Miséricorde » en 1876.