Au temps des impressionnistes, un sculpteur de génie : RODIN
Alors qu’Edouard Manet et Claude Monet « redéfinissaient » la peinture, un de leurs contemporains, Auguste Rodin, faisait de même pour la sculpture.
Penchons-nous tout d’abord sur sa vie et son œuvre.
Issu d’une modeste famille rurale installée à Paris, Auguste Rodin y naquit le 12 novembre 1840. Après avoir étudié à l’Ecole spéciale de dessin et de mathématiques, il échoua à l’examen d’entrée à l’Ecole des Beaux-Arts et fut refusé au Salon de 1864 avec « l’homme au nez cassé » (24 cm. musée Rodin). Comme pour les Impressionnistes, on traite cette œuvre d’inachevée, d’ébauche ce qui est en réalité volonté de l’artiste d’évoquer la vie, le mouvement. Assistant d’un sculpteur à Sèvres, il eut l’occasion de voyager en Italie en 1875 où il admira Donatello et surtout Michel-Ange qu’il traite de titan, appréciant « sa puissance ». En 1878, il expose au Salon « l’Age d’airain » (Musée d’Orsay), l’œuvre est si réaliste qu’on le soupçonna de l’avoir moulée sur nature ; pourtant c’est grâce à elle et à son « Saint Jean-Baptiste » (Londres, Tate Gallery) qu’il s’impose véritablement au public français. Il reçoit cette même année une commande monumentale : la porte du musée des Arts décoratifs et comme il choisit un sujet tiré de Dante, elle prend le nom de « Porte de l’Enfer ». Il y travailla jusqu’à sa mort. Les quelque deux cents figures qu’il traita pour cette œuvre lui servirent d’ébauches pour ses plus célèbres sculptures : « le Penseur » (bronze, 70 cm, Métropolitain museum de New York) et « le Baiser », inspiré de la Divine comédie (marbre, 181 cm, 1880, musée Rodin). Il s’agit d’une commande de l’Etat pour l’exposition universelle de1888 qui valut à l’artiste bien des critiques car, ne sachant pas travailler le marbre, il s’adressa à des praticiens qui sculptèrent d’après ses maquettes et sous ses directives. Le plâtre original est au musée Rodin de Meudon. Ici, les amoureux, plus grands que nature, sortent directement du bloc originel, ce qui met en valeur leur passion physique ; la différence du traitement du marbre accentue la sensualité des corps enlacés.
Rodin reçoit nombre de commandes officielles dont la plus monumentale « les bourgeois de Calais » (Place de l’Hôtel de ville). Il s’agissait de représenter un drame historique. Avantage du bronze, la possibilité d’autres fontes et après le groupe de Calais, onze autres verront le jour au cours du XXe siècle. Ici la forte énergie sculpturale de Rodin se déploie librement, soulignant le caractère dramatique de la scène. Les commandes officielles ne manquent pas : à Paris, les monuments à Victor Hugo, à Balzac (2,70m) ; il exécuta aussi les portraits de personnages célèbres : Bernard Shaw, Baudelaire…
Rodin s’était engagé à ne prendre qu’un élève : ce sera Camille Claudel qui devint son modèle mais aussi une collaboratrice très douée dont le destin est lié au maître.
Avec son épouse Rose Beuret, Rodin se fixe à Meudon, villa Brillants, aujourd’hui musée ; il y a son atelier et même sa sépulture car il y est mort le 17 novembre 1917 et fut inhumé dans le jardin. Ce musée abrite principalement ses plâtres originels, dessins et photographies, autre passion du maître. Mais c’est au cœur de Paris, rue de Varenne, dans l’hôtel Biron (édifié en 1728) et son magnifique jardin qu’il faut aller admirer l’œuvre de Rodin.
Après être passé entre plusieurs mains dont le couvent du Sacré-Cœur, maison d’éducation de 1820 jusqu’à la loi de séparation (1905), l’hôtel est affecté au lycée Duruy.
En donnant ses œuvres à l’Etat, Rodin en obtient la jouissance jusqu’à sa mort en 1917 et l’hôtel devient alors musée d’Etat. Il vient d’être magnifiquement restauré et nous invite à la visite sans modération puisqu’il s’agit de l’œuvre d’un génial géant de la sculpture française !
Un droit accordé plus tôt dans d’autres pays
La France n’accorda le droit de vote aux femmes qu’à la fin de la seconde guerre mondiale alors qu’elles pouvaient voter dans de nombreux pays comme l’Allemagne (1919), l’Espagne et la Turquie (1931). En 1918, les femmes britanniques obtinrent le droit de vote à partir de 30 ans ; l’égalité fut établie dix ans plus tard. Néanmoins, des pays firent moins bien que la France comme la Belgique (1948) et la Suisse (1971).
La première république dont la constitution énonce clairement le droit de vote des femmes est la république de Corse en 1755, treize ans avant l’achat de l’île par Louis XV. En 1789, seuls les hommes de plus de 25 ans payant un impôt direct ont le droit de voter. Les Françaises réclament alors le droit de vote. Olympe de Gouge, considérée comme l’une des pionnières du féminisme, écrira dans ses déclarations des droits de la femme et de la citoyenne : « La femme a le droit de monter à l’échafaud ; elle doit aussi avoir le droit de monter à la tribune ». Elle sera condamnée et guillotinée pour violences verbales envers les révolutionnaires.
Les suffragettes et le mouvement féministe
Au début du XXème siècle, le terme de suffragette apparaît en Grande-Bretagne avec la création par Mrs. Pankhurst de l’Union Politique et Sociale des femmes. Des Françaises comme Hubertine Aubert, Louise Weiss ont été d’ardentes défenseuses du droit de vote. Les mouvements féministes de l’époque ne furent qu’épisodiques, marqués par des regroupements, des ruptures et des mésententes. Devant le mutisme des gouvernements, le mouvement pacifiste devint violent et les arrestations furent nombreuses.
Pendant la première guerre mondiale, les femmes devinrent indispensables au bon fonctionnement de l’économie et de la société en remplaçant les hommes partis au front. Ne pouvant ignorer leur patriotisme, la Chambre des députés, à plusieurs reprises, proposa de donner le droit de vote aux femmes de plus de 30 ans pour les seules élections municipales. Mais brandissant la menace de l’Eglise, séparée de l’Etat depuis 1905, le Sénat bloqua la réforme ; de nombreux sénateurs redoutaient que les femmes soient trop influencées par les prêtres, d’autant que le pape Benoit XV se prononçait officiellement pour le vote des femmes en 1919. En réalité, la société de l’époque attribuait le rôle des hommes aux affaires publiques et celui des femmes à la gestion du foyer.
Les Françaises obtiennent le droit de vote en 1944
Pendant l’occupation, de nombreuses femmes ont rejoint les rangs de la Résistance. Un engagement qui conduira la France libre du général de Gaulle à reconnaître l’égalité économique et politique des sexes ; « C’est pendant l’Occupation que les mentalités ont changé et c’est dans la Résistance que les femmes ont gagné le droit de voter et d’être élues. Elles ont montré leur courage et pris des risques fous. Il est impossible de leur dénier encore le droit de vote ».
Par décret du 21 avril 1944, le gouvernement provisoire de la République siégeant à Alger, accorde le droit de vote aux femmes par 51 voix pour et 16 voix contre.
Malgré le machisme des journaux de l’époque qui se demandaient avec condescendance si les femmes sauraient mettre leur bulletin dans l’urne, les Françaises se rendirent aux urnes pour la première fois le 29 avril 1945 lors des élections municipales puis en octobre pour les législatives. Sur 586 députés élus, 33 d’entre elles entrèrent à l’Assemblée.