Badaboum et Ramplanplan
Depuis plusieurs semaines, Badaboum et Ramplanplan sont placés dans la devanture du magasin de jouets de Monsieur Joyeux ; cet homme nous apparaît débonnaire, toujours riant et s’agitant comme un enfant devant les jouets qu’il vend : enfin, je crois bien qu’il voudrait se les garder pour lui. Lorsque quelques enfants rentrent dans sa boutique, il les observe d’un œil malicieux, écoutant leurs commentaires tout en faisant le tour de ses rayons : Noël approche.
Badaboum et Ramplanplan sont inquiets. Bien sûr, ils ne sont pas seuls sur l’étalage de la vitrine. Il y a des poupées plus belles les unes que les autres, des petites voitures, des camions, des jeux de société, des jeux vidéo… et sans cesse Monsieur Joyeux déplace ces jouets afin d’attirer sa clientèle ; ainsi Badaboum se retrouve à l’opposé du rayon loin de Ramplanplan ; ils se regardent. Pour animer sa devanture, Monsieur Joyeux remonte d’un tour de clef Ramplanplan qui tape sur son tambour, tandis que Badaboum lui aussi muni d’un remontoir fait des cabrioles à longueur de journée.
Dans le magasin de Monsieur Joyeux, c’est un va-et-vient de clients venus acheter les jouets désirés par leurs chérubins, les rayons se vident, il y aura moins de choix sur les étalages. Il ne reste plus que quelques petites voitures, un jeu d’osselets et… Badaboum et Ramplanplan. « Personne ne voudra de nous, dit Ramplanplan tristement » ! Or une nuit, un mystérieux personnage s’est introduit dans la boutique ; intrigué par les deux marionnettes, il a essayé de les manipuler. En un soubresaut, Badaboum a roulé par terre tandis que Ramplanplan fit quelques battements de tambour.
Au petit matin, Monsieur Joyeux les a retrouvés au sol. « Tiens : se dit-il ! Aurais-je oublié de fermer ma boutique ? Y aurait-il eu un coup de vent » ? Il ramassa les deux marionnettes pour les replacer sur le rayonnage, mais s’aperçut que le système de remontoir était grippé pour ce qui concernait Badaboum. « Mon pauvre Badaboum, je vais te réparer ». Tout affairé dans sa réparation, Monsieur Joyeux n’avait pas vu le petit garçon qui le regardait intensément ; quand il reposa la marionnette sur le rayonnage à côté de Ramplanplan, leurs regards se croisèrent. Il apparut sur le seuil de sa boutique. C’est alors que la conversation débuta.
« Alors petit, elles te plaisent ces marionnettes ? » Un peu intimidé, l’enfant répondit : « Oh oui, elles sont amusantes ». Puis il s’en alla. « Ah ! Ce n’est pas aujourd’hui que je vendrai ces deux jouets » ! pensa Monsieur Joyeux. « Si je ne les vends pas, je les donnerai à l’hôpital pour les enfants malades ! »
« A l’hôpital, s’écrièrent Badaboum et Ramplanplan » !
« Bah oui ! Je ne vais pas vous garder indéfiniment, et puis je ferai une bonne action » !
« Tu t’imagines, à l’hôpital ! Etre manipulés toute la journée par tous ces enfants » ! Ramplanplan ne répondit pas. « Et tu ne dis rien ? ». Après un long silence, il répondit : « Que veux-tu ! C’est le sort de nos conditions de jouets ».
Monsieur Joyeux prit la bonne décision, Noël approchait à grands pas ! Et bientôt il lui faudrait renouveler sa vitrine ; c’est ainsi que Badaboum, Ramplanplan et d’autres jouets furent rangés dans un grand carton pour être livrés au service pédiatrique de l’hôpital pour faire la joie des petits enfants malades.
« Tu vois Badaboum, c’est bien ici. On s’anime, on fait rire, toi avec tes cabrioles et moi avec mon tambour. Les enfants revivent et acceptent bien leurs soins sans gémir. Tu verras, on va passer un bon Noël ! »
« Oui, tu as raison Ramplanplan ! »
Et c’est ainsi que Badaboum et Ramplanplan sont devenus les vedettes du service de l’hôpital communal.
Odile Barthélémy