Carême : un chemin vers la VIE.
Il n’y a rien de plus faux que d’affirmer que la mort n’est rien. La vie est tragique en ce que nous perdons des personnes que nous aimons ou que nous quittons. Quel drame pour une maman jeune de mourir en laissant ses enfants ! La mort c’est le pire : « Le dernier acte est sanglant, quelle que belle que soit la comédie en tout le reste » (Pascal). Voilà pourquoi nous cherchons à détourner notre pensée de la mort : voyages, divertissements, fuites en avant, activisme. Nous cherchons des consolations parce que nous sommes inconsolables ! « Rien ne peut nous consoler, lorsque nous y pensons de près » (Pascal).
Voilà pourquoi aussi nous cherchons dans la religion un Dieu protecteur qui nous console. Pour Freud, « la religion est une compensation apportée à la dureté de la vie… sa tâche est de protéger l’homme ». Trop souvent alors, nous demandons à Dieu une sorte d’assurance vie sur terre, une assurance que tout se passera bien. Or, Jésus-Christ, en mourant sur la croix victime de la haine, parle d’un autre Royaume, d’une autre Vie, au bon larron comme au meurtrier à ses côtés. Le vrai Dieu des vivants n’est pas Celui qui protège de la finitude et de la mort physique. La prière du Notre Père nous fait demander le chemin de la Vie. « Délivre-nous du mal » et « pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés ». La Vie est délivrance du mal et Dieu seul peut nous l’obtenir.
Voilà le sens du Carême, marche vers Pâques. Un chemin au milieu des tentations mortifères de l’avoir, du pouvoir, du savoir. A la possession inquiète s’oppose le détachement ; au pouvoir dominateur, le service ; au savoir orgueilleux, une prière humble devant le Créateur. Jeûne, partage, prière. Un chemin exigeant de conversion profonde. Un chemin d’amour : « Le plus grand danger, c’est de ne pas aimer » (pape François). Le chrétien n’est pas dans ce monde comme un poisson dans l’eau. Il est témoin de Jésus capable de sauver de manière définitive ceux qui s’avancent vers Dieu : « saint, innocent, immaculé ; séparé maintenant des pécheurs, il est désormais plus haut que les cieux ».
Frère Baudoin, prêtre.