Centenaire des hydravions dans notre région
C’est avec l’aimable autorisation de l’association AGHYN (voir page 1) que nous publions des extraits de l’article consacré à ce centenaire (1)
UN SIECLE s’est écoulé depuis les débuts de l’hydraviation aux Mureaux
Le 28 mars 1910, au milieu de l’étang de Berre, Henri Fabre, ingénieur, après quatre années de travail acharné, sera le premier à décoller puis à se poser sur l’eau avec un appareil plus lourd que l’air doté de flotteurs. Beaucoup de constructeurs d’avions avaient déjà essayé l’adaptation de flotteurs à des planeurs remorqués par des vedettes rapides et à des avions déjà éprouvés, mais sans succès. Une autre technique plus complexe allait voir le jour en 1911, avec l’hydravion à coque de François Denhaut (1877-1952). On est plus proche alors de la formule du bateau volant.
Ces deux types d’appareils viendront aux Mureaux en avril 1912 pour expérimenter le premier hydro-aéroplane de Nieuport, piloté par l’enseigne de vaisseau Gustave Delage. Un mois plus tard, Gustave Delage fait des essais avec un monoplan Borel. Le pilote fait alors un commentaire qui nous éclaire sur la raison de sa venue sur le plan d’eau. « Sans avoir à se préoccuper des cultures, des locations de terrains si onéreuses et nécessaires jusqu’ici ».Il faut reconnaître que le plan d’eau situé entre Triel-sur-Seine et Les Mureaux, est d’une belle largeur, avec des possibilités d’envol sur une grande longueur et dont la rive gauche est à niveau du fleuve et sans construction. Ce qui n’a pas échappé également à l’industriel Henry Deutsch de la Meurthe (1846-1919). En plus de son activité pétrolière, c’est un mécène pour les nouvelles technologies automobiles et aéronautiques. Il possède d’ailleurs des entreprises dans ce dernier secteur qui le passionne. Il va combiner la proximité d’une de ses résidences, le Domaine de Romainville à Ecquevilly, avec une implantation « logistique » pour les hydravions de ses firmes (en 1918, il possède les firmes Astra, Nieuport et Tellier), sur des terrains qu’il possède au lieudit la Sangle aux Mureaux. L’installation est située à 500 mètres en amont de l’ancien pont de pont de Meulan à proximité du Cercle de voile de Paris, avec deux hangars en toile Bessonneau.
Un autre appareil vient aux Mureaux en août 1913, c’est le biplan Bathiat-Sanchez pour effectuer des essais avant de participer à la course Paris – Le Pecq – Deauville.
Durant la Première Guerre mondiale, on ne connaît pas les activités sur la Seine. Par contre, la société Gonnet-Willocq sous-traitant constructeur à Boulogne-Billancourt, débute en 1918 l’édification d’un atelier destiné à la fabrication d’hydravions Tellier-Sumbeam de 350 ch. Du fait de la fin du conflit, seule la charpente métallique sort de terre. La Marine nationale reprendra le site en 1926 pour en faire le hangar de son hydrobase. Aujourd’hui, sur son emplacement, se trouve le bâtiment bien visible d’intégration du lanceur Ariane V.
Fin 1918, on assemble à la Sangle, un hydravion géant de 30 m d’envergure à coque Tellier de 1100 ch, équipé de trois moteurs Hispano-Suiza. Les éléments sont construits dans des usines à Boulogne-Billancourt et à Levallois-Perret dans l’île de la Jatte, ils sont acheminés aux Mureaux par voie fluviale. L’assemblage se fait à l’air libre, à l’aide d’échafaudages en bois. Le premier vol, effectué par Corpet, a eu lieu en décembre 1918.
Jusqu’au début de la Seconde Guerre Mondiale, on estime la venue d’environ 600 hydravions militaires, majoritairement à flotteurs. Après ce conflit, des hydravions militaires en général multimoteurs, viendront faire escale à la Base Aéronautique Navale des Mureaux.
La Marine nationale, après quarante années de présence aux Mureaux, partira en 1966 pour Dugny sur le terrain d’aviation du Bourget. Elle sera remplacée en 1974, avec de nouveaux hangars, par l’Aviation Légère de l’Armée de Terre qui quittera à son tour notre région en 1999, mais ceci est une autre histoire. Il ne reste que peu de traces de cette période des hydravions, les hangars du constructeur Gourdou-Leseur construits en bords de la Seine au début des années 1930, sont toujours visibles depuis les hauteurs d’Evecquemont.
Le hangar très particulier du constructeur Pierre Levasseur, existe toujours mais à Meulan, dans l’emprise des anciennes constructions navales où il a migré durant la seconde guerre mondiale.
L’hydraviation en France, est encore pratiquée par de nombreux passionnés. Des projets existent pour faire reconnaître le plan d’eau des Mureaux, afin d’autoriser la venue à nouveau de magnifiques hydravions dans notre région.
(Extrait de l’article de Gérard Rooss)
- Voir le site AGHYN, l’article de l’auteur, sur l’historique de l’hydraviation aux Mureaux et à Triel, ainsi que l’actualité dans ce domaine sur le site France Hydravion