Ceux du 18 juin

Décédé l’an dernier, Jean de Lost-Pic dont j’ai déjà présenté certains des poèmes dans le cadre de cette rubrique, était président de la « Société des Poètes classiques de France », mais aussi ancien résistant, comme en atteste le poème ci-dessous qui rappelle cette époque tragique de 1940 :

 

CEUX DU 18 JUIN

 

Nouveaux enfants du siècle, ils avaient entendu

Le désastre tomber de haut sur leur enfance,

Mais ils avaient compris que la mort de la France

Etait un armistice auquel ils avaient cru.

 

Ils n’allaient pas, soumis, dans la mélancolie,

Revivre le passé dans un vieux maréchal,

Croire que le Destin, dans un arrêt fatal,

Etait déjà, dans le malheur, chose accomplie.

 

Tout paraissait perdu ! Il restait l’Angleterre,

La fidèle ennemie autrefois, maintenant

Le tout dernier rivage intouché, cet aimant

Qui ne lâche jamais l’esprit libre sur terre.

 

Il fallait donc partir, fous, devant le péril.

Qu’importe le pouvoir, ce qu’on dit, ce qu’on pense

Quitter Paimpol ou Brest, avec pour récompense

La mort sans doute et plus cruel encor, l’exil.

 

Dans les siècles futurs, qui reverra leur face ?

Qui retrouvera leur nom dans l’idéal pâli ?

Inconnus, puis héros disparus dans l’oubli,

Le temps, le Temps des cieux effacera leur trace.

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