Chercheurs de Paix
« Chercheur de Dieu », je le suis comme chacun d’entre vous. Des évènements bousculent ma foi tout en m’invitant à l’approfondir. Pourquoi cette guerre ? Une guerre qui mobilise et angoisse le monde entier. Nous sommes le 8 mars, deuxième semaine de combat, au moment où je dois écrire pour le numéro des Echos d’avril. Je pense en cette journée de la femme, à celles qui souvent sont particulièrement vulnérables dans les guerres, à commencer par les viols et autres drames qu’elles vivent avec les enfants de leur chair. Pourquoi ce déferlement de violence gratuite qui n’a aucune raison d’être, sinon peut-être la soif de pouvoir d’un homme, comme en 1940 ? Au fond, je me redis que le démon existe et qu’il agit et peut prendre possession de certaines personnes. Le mal ne s’explique pas : il est là. Il veut détruire pour détruire, sans raison. Je me tourne vers la Croix de Jésus et je vois ce mal infernal qui détruit un Innocent et tant d’innocents, à commencer par des enfants. Liberté pour le meilleur et pour le pire, de l’homme créé pour aimer.
Le démon ne peut agir que parce que des hommes le laissent agir. Ceux qui aujourd’hui s’excusent d’avoir eu des liens forts avec Poutine disent qu’il a changé depuis cinq ans. Or, un pacte lie depuis vingt ans Poutine qui se rêve en nouveau tsar et Kirill patriarche de Moscou. La guerre d’Ukraine révèle la dimension luciférienne de cette alliance de deux pouvoirs, religieux et politique. Le 23 février, veille de l’invasion, depuis son palais de la laure Danilov, Kirill congratule Poutine à l’occasion de la fête du « Défenseur de la patrie ». Le 27, en pleine offensive, dans son homélie au Christ-Sauveur, Kirill fustige les « forces du mal » qui veulent empêcher Poutine de réaliser « l’unité de toutes les Russies ».
Quel détournement de l’Évangile ! L’histoire ancienne et actuelle est pleine de ces guerres politico-religieuses. Nous pouvons en France nous réjouir de la loi de 1905 qui définit la laïcité comme la séparation du religieux et du politique. Nous pouvons surtout nous réjouir de voir l’Europe s’unir autour des valeurs de liberté, de paix, d’accueil de toute personne, sans distinction, en situation de précarité. Nous pouvons trouver des signes encourageants dans le dialogue inlassablement mené par les gouvernants et dans les gestes courageux et pleins d’humanité de tant d’hommes et de femmes qui, non seulement, refusent la guerre mais posent des actes d’amour héroïque envers leur prochain. C’est l’autre visage de la Croix, celui d’un Amour qui n’abandonne pas. Sur ce front aussi, se joue l’avenir de l’Europe et du monde. C’est celui de l’Évangile vécu dans la lutte contre les tentations du monde.
Frère Baudoin, prêtre.