Christian BRUGNET, champion du monde de danse country
Qui dans son enfance, n’a rêvé se retrouver, même pour quelques instants, en Kit Carson ou Buck John, fiers cow-boys, symboles de justice et d’aventure ; c’est peut-être un peu pour ça, mais pas que…, que Christian Brugnet professeur de danse en ligne country western à Meulan, est pour la troisième fois champion du monde de ce type de danse. Nous l’avons rencontré, à peine débarqué de l’avion qui le ramenait de Nashville, et vous invitons à découvrir ce qui se cache sous son grand chapeau…
Bonjour Christian et bravo pour vos deux nouveaux titres de champion du monde, comment ça va, pas trop fatigué ?
Non, tout va très bien, merci, j’ai bien récupéré du voyage. Vous savez, arrivé le matin des Etats-Unis, je donnais le soir même mon cours à Meulan, alors quelques jours après je suis complètement revenu dans ma vie de tous les jours.
Expliquez-nous un peu comment on devient champion du monde ?
Oh ! Je n’étais pas programmé pour devenir un champion de la discipline, c’est un peu le hasard qui m’a fait découvrir ce type de danse.
Comment ça le hasard ?
Eh oui, venant de Bordeaux, je suis arrivé dans la région parisienne pour prendre un poste de directeur administratif et financier d’une entreprise, et rien ne me prédestinait vraiment à la danse country. Lorsque j’ai rencontré mon amie, professeur de danse à Gargenville, je n’avais pas trop envie de faire le « pot de fleur » mais de participer, de partager sa passion et son univers. Je me suis donc lancé dans la danse. D’abord, le rock n’ roll et la salsa, puis, surtout parce que sa musique très variée me plaisait, la danse country. Par la suite, comme j’aime bien aller au bout de ce que je fais, j’ai enchainé formations et stages et ne ratais aucun atelier dans la région. Comme j’ai aussi l’envie de transmettre et faire partager mes passions, je suis ensuite devenu professeur accrédité par la NTA (National Teacher Association), un organisme américain reconnu internationalement.
Pourquoi la danse country ?
Comme je vous l’ai dit cette musique et son rythme m’attiraient, c’est peut-être aussi parce que ce type de danse propose une grande variété de styles et ce, contrairement à beaucoup d’idées reçues et de préjugés. Au cours d’un bal classique par exemple, une centaine de danses seront interprétées, eh bien il n’y en aura pas une seule semblable, elles sont toutes différentes, à chacune correspond une chorégraphie descriptive des pas qui doit être apprise par les danseurs ; j’ai d’ailleurs coutume de dire que c’est un des meilleurs remèdes contre la maladie d’Alzheimer, tant il faut mémoriser de chorégraphies.
C’est vrai que lorsque l’on regarde avec attention, aucune danse ne se ressemble vraiment.
Exactement, et en plus nous pratiquons beaucoup de genres empruntés à d’autres types de danses et sur des rythmes variés. Il y a cinq grandes familles : « rise and fall », qui s’apparente à la valse, « style cubain >> (mambo, samba, cha cha cha) ou latin, « Lilt » qui ressemble beaucoup aux polkas, le genre « Smooth », qui utilise ce que l’on appelle le flat motion et enfin la famille Novelty, qui regroupe tous les autres styles, swing, jazz, charleston…
Pour résumer, on peut dire que nous faisons de la danse country western sur de la musique country qui, pour perdurer, a dû s’adapter aux autres genres musicaux et a évolué avec l’électrification des instruments. On peut très bien virevolter sur Lady Gaga, même s’il reste des inconditionnels du banjo et du stetson, cela nous apprend à partager et respecter l’autre sans pour autant y laisser notre âme.
De plus il faut bien distinguer les danses chorégraphiées, chacune porte un titre et est parfaitement définie, et les danses en couple de type « free style ».
Mais comment est née la musique country
Elle est sortie d’une sorte de creuset dans lequel se sont mêlées toutes les musiques amenées par les immigrants en Amérique du Nord, dansée au départ par ceux que l’on appelait les « red neck », des personnes qui travaillaient durement la terre. Les Français y ont amené leur quadrille, les Polonais, la polka, les Anglo-saxons, la tap dance, etc. tout ce métissage a donné ce que l’on appelle maintenant la « country ». On remarque encore une évolution permanente, pas toujours acceptée par les traditionnalistes, mais qui permet aux plus jeunes de nous rejoindre. Il faut avouer aussi que ces nouvelles danses demandent beaucoup d’énergie.
Alors Christian, racontez nous un peu, comment ça se passe à Nashville, dans quelle ambiance se déroulent ces championnats ?
Attendez, ce n’est pas si simple, avant d’arriver aux compétitions finales, il faut d’abord être sélectionné et il y a beaucoup de candidats et de pays représentés. Pour atteindre ces championnats du monde, il faut d’abord satisfaire à trois épreuves de qualification, qui sont organisées au niveau mondial ; elles sont incontournables si l’on veut participer aux phases finales. En général, l’une de ces épreuves est organisée en France, mais les autres ont lieu dans d’autres pays (sous-entendu, un budget important pour participer à tous ces concours, environ 6000 € par an, ce qui fait malheureusement une sélection dans les candidats car il n’y a pas de sponsoring).
Lorsque l’on a la chance d’être éligible, on s’envole, le cœur un peu serré et avec un peu d’inquiétude, pour Nashville, un lieu mythique, porte-drapeau de la musique nord américaine, dont les rues sont peuplées de bars (les fameux honky tonk) d’où s’écoule la musique country. On se retrouve ensuite au milieu de centaines de danseurs et je dois avouer que c’est assez impressionnant. Les danseurs doivent se soumettre aux danses imposées, aux caractères différents selon les catégories. Au cours de ces imposés les pas doivent être strictement respectés, mais il y a tout de même une petite place pour quelques variations. Ce sont elles qui peuvent faire la différence entre les danseurs, elles sont souvent en rapport avec les paroles des chansons interprétées et doivent surtout correspondre au caractère de la danse. J’ai eu la chance cette année de ramener deux titres de ces championnats, c’est une grande satisfaction.
Vous êtes professeur à Meulan, parlez-nous un peu de votre investissement à « Will’sports ».
L’enseignement est depuis longtemps un de mes objectifs. J’ai eu la chance de pouvoir enseigner ici à Meulan, où j’ai une cinquantaine d’adeptes, dans un club dynamique, qui n’est pas typiquement « country line dance » puisqu’il y a beaucoup d’autres activités, mais mes élèves sont formidablement motivés, ce qui augmente mon envie de leur donner le meilleur de moi-même pour qu’ils puissent s’amuser dans les bals et festivals. J’ai d’ailleurs reçu avec émotion le fruit d’une collecte et surtout une carte d’encouragement signée par des élèves de Chanteloup-les-Vignes juste avant de partir pour Nashville. J’éprouve toujours beaucoup de satisfaction quand je constate les progrès réalisés au fur et à mesure des 35 séances annuelles que je dirige. Il y a dans le groupe beaucoup de quadragénaires et de quinquagénaires, mais aussi des plus jeunes, en tous les cas toutes les catégories socioprofessionnelles sont représentées. Ça aussi, c’est une caractéristique de la danse country, avec le chapeau, les bottes et le Jean, chacun pense à la danse et il n’y a aucune différence de classe. Nous aimons aussi cultiver le rire, le meilleur remède, et apprendre sérieusement sans se prendre trop au sérieux.
J’enseigne également à Poissy et à Chanteloup-les-Vignes, comme vous le voyez, les clubs ne manquent pas.
Effectivement, on remarque une sorte de regain de ces soirées country, avez-vous une explication ?
Il y avait avant beaucoup de bals populaires, qui ont pour la plupart disparu. Sans vraiment les remplacer, nos soirées country permettent comme eux des rapprochements et un partage de l’amour de la musique et de la danse dans un bel esprit de convivialité. En plus, comme dans les cours, la danse country mêle les générations, les classes sociales et les personnes qui ne correspondent pas au profil des canons classiques des autres danses peuvent parfaitement s’y exprimer, c’est un peu tout ça qui explique son succès. D’un autre côté, la danse est un moyen formidable et une excellente thérapie pour oublier tous les soucis quotidiens, les danseurs de country, concentrés sur leur chorégraphie sont à 100% dans leur danse. A ce propos, on peut d’ores et déjà annoncer la première soirée de country organisée par Will’sports à Meulan, l’invitée sera Lee « la divine », une artiste bien connue dans notre région, nul doute qu’elle « mettra le feu au dance floor » ce soir là ; alors rendez-vous à tous et à toutes le 30 avril pour découvrir la country à la ferme du Paradis à Meulan, j’y animerai la fin d’après-midi (stages) et la soirée.
Merci beaucoup Christian pour cette initiation à la danse country et encore bravo pour vos performances, interviewer un champion du monde n’est pas si courant et j’avoue que j’avais un peu le trac.
Propos recueillis par Jannick Denouël