Cinquantenaire du Concile Vatican II
L’année 2012 marque le cinquantième anniversaire de l’ouverture du concile Vatican II qui s’est déroulé sur quatre sessions pendant les automnes 1962 à 1965. Cet événement, qui a eu une portée mondiale, a changé la vie quotidienne de plus d’un milliard de catholiques.
Mais qu’est-ce qu’un concile ? C’est l’assemblée de tous les évêques catholiques (2 500 à l’époque) autour du pape pour étudier les points de doctrine les plus importants. Une sorte de Parlement de l’Eglise, mais à caractère temporaire, puisqu’en deux mille ans de christianisme, il n’y en eut que vingt-un. Cependant il existe des assemblées, beaucoup plus restreintes, appelées synodes, pour étudier des questions moins cruciales.
L’annonce du concile, en 1959, par le pape Jean XXIII, fut une totale surprise. Le concile précédent, Vatican I, en 1870, avait proclamé la primauté universelle du pape et son infaillibilité. En 1950, le pape Pie XII publia le dogme de l’assomption de la Vierge Marie, sans appeler un concile. Etait-il encore indispensable de réunir tous les évêques pendant plusieurs mois (ce qui, soit dit en passant, représentait un défi logistique incroyable, car beaucoup d’évêques étaient accompagnés d’un ou plusieurs théologiens). Mais Jean XXIII (mort le 3 juin 1963) et son successeur le pape Paul VI ont souhaité partager avec leurs frères évêques la difficile tâche d’adapter l’enseignement et la pratique de l’Eglise catholique au monde moderne ; le mot aggiornamento (en français, » mise à jour « ), utilisé par le pape, a exprimé, mieux que tout autre, la vision qu’il avait pour le concile et continue de marquer l’attente de nombreux chrétiens.
« La perspective de l’aggiornamento heurtait une vision fixiste du catholicisme qui, parce qu’il serait la » vraie religion « , serait, en ses formes et ses formulations, immuable et intangible » dit Christine Pedotti dans un livre passionnant qu’elle vient de publier sur le dernier concile, livre intitulé « La bataille du Vatican, 1959-1965 ».
Jean XXIII en ouvrant la première session avait donné une sorte de feuille de route aux Pères conciliaires : « Autre est le dépôt lui-même de la foi, c’est-à-dire les vérités contenues dans notre vénérable doctrine et autre est la forme sous laquelle ces vérités sont énoncées ». Trouver ces formes nouvelles exigeait une parfaite compréhension de l’âme humaine, des forces sociales et psychologiques en évolution, des transformations économiques planétaires, mais aussi la volonté de prendre des risques importants. Entre la très grande majorité des évêques, proches des problèmes quotidiens parce que pasteurs des chrétientés locales et l’administration vaticane (la Curie) plus soucieuse d’universalisme et attachée à un mode de gestion qui avait fait ses preuves au cours des siècles, rien d’étonnant à ce que les débats fussent passionnés, parfois mouvementés, pour arriver aux formulations les mieux adaptées. Celles-ci furent votées avec des majorités souvent proches de 100% qui feraient pâlir d’envie nos parlements nationaux.
Le concile a promulgué seize textes, d’autorité différente : quatre Constitutions, neuf Décrets et trois Déclarations.
Les Constitutions touchent :
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la liturgie (une réforme qu’avait déjà préparée Pie XII),
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l’Eglise (pour mieux refléter sa réalité de Peuple de Dieu),
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la Révélation divine (pour redonner à la Bible son rôle primordial),
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l’Eglise dans le monde de ce temps (un texte qui a donné lieu à d’importants débats).
Les Décrets abordent :
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l’œcuménisme (relations avec les autres religions chrétiennes),
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la liberté religieuse (dans les relations des hommes entre eux et avec les Etats),
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les relations de l’Eglise avec les religions non chrétiennes (en particulier la religion juive),
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la charge pastorale des évêques,
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le ministère et la vie des prêtres,
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la formation des prêtres,
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la rénovation et l’adaptation de la vie religieuse,
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l’activité missionnaire de l’Eglise,
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l’apostolat des laïcs,
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les églises orientales catholiques,
Les Déclarations touchent :
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l’éducation chrétienne,
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les moyens de communication sociale.
Laissons à Christine Pedotti la conclusion de cette présentation : « Cinquante ans plus tard, un débat est ouvert : Vatican II est-il un point d’arrivée ultime de l’aggiornamento ou seulement un point de départ qui initie un mouvement ? Mais, plus radicalement, le concile Vatican II pose au catholicisme une question, plus aigüe que jamais, celle de son rapport au monde et à ses changements ».