Confiance, c’est moi, n’ayez pas peur ! (Mt14,27)
Ces mots, adressés par Jésus il y a plus de deux mille ans à ses apôtres affolés par la tempête qui s’abattait sur eux et qui semblait vouloir les engloutir, Jésus nous les adresse à nouveau aujourd’hui, comme il les a adressés à chaque génération : n’ayez pas peur ! Ne vous laissez pas gagner par la peur : elle conduit au désespoir et à la résignation, au repli sur soi et au mépris de l’autre, à l’injustice et en fin de compte à la mort. Non, n’ayez pas peur. Faites-moi confiance. Laissez-moi monter dans la barque de votre vie pour que je puisse, simplement par ma présence, vous apporter la paix et le réconfort que votre cœur désire tant et qu’il recherche comme son bien le plus précieux. Retrouvez un peu de profondeur, relevez la tête, regardez à nouveau au loin, laissez moi un peu de place, par la prière, le partage, le pardon, réconfortez-vous les uns les autres, ne laissez pas l’esprit du monde vous envahir et boucher votre horizon.
L’expérience que nous venons de vivre et ses conséquences sans doute durables doivent résonner en nous comme une invitation à nous recentrer sur le véritable essentiel, à ne plus chercher notre sécurité dans l’illusion de confort que proposent notre société de consommation et son cortège de comportements individualistes et égoïstes. N’ayons pas peur de faire remonter Dieu dans la barque de nos sociétés humaines. A force de l’en exclure sous prétexte de laïcité, on en aurait presque fini par oublier qu’il est en réalité rigoureusement impossible de construire la moindre forme de fraternité en excluant la notion de Père et la commune paternité qu’il exerce sur tous les frères.
Bien sûr que le fait de remettre Dieu au cœur de nos vies personnelles et sociétales n’apportera pas une solution à tous nos problèmes comme par magie, mais peut-être que cela pourrait au moins nous rendre plus humbles, plus doux, plus miséricordieux les uns avec les autres et nous garder ensemble à notre place dans un monde qui nous dépasse et dont nous devons apprendre à respecter les règles sans jouer aux apprentis sorciers, sans nous prendre pour des dieux. La vie humaine est belle, digne, pleine de défis à relever tous ensemble ; elle mérite d’être défendue, surtout lorsqu’elle est faible et fragile. Elle mérite d’être au cœur de toutes nos préoccupations et de prendre le pas sur toutes les autres. Elle le mérite tellement que Dieu lui-même a voulu devenir un homme et vivre tout de notre vie, partager nos joies et nos peines et même l’expérience de la mort, pour nous montrer à quel point la vie de chaque homme est infiniment précieuse à ses yeux. Alors oui, face aux grands défis de notre vie, laissons Dieu monter à bord et laissons-le redire aux oreilles de notre cœur : confiance, c’est moi, n’aie pas peur !
Père Eric Duverdier