« Continuons à être des bâtisseurs de paix infatigables dans notre engagement pour la réconciliation de la fratenité »

La 38ème « Rencontre internationale pour la paix », organisée annuellement par la communauté de Sant’Egidio, a fait étape pour la première fois à Paris, du 22 au 24 septembre avec pour thème : « Imaginer la paix » et « Pour faire la paix, il faut parler avec ceux qui font la guerre ». Alors qu’il n’y a jamais eu autant de guerres depuis 1945, l’enjeu, pour Valérie Régnier, responsable de la communauté Sant’Egidio en France, était de « préparer la paix, la rêver et l’imaginer » pour construire un monde plus pacifique et juste.

L’événement a réuni de nombreux responsables religieux et politiques et de femmes et hommes de différentes religions et cultures, autour d’un grand nombre de tables rondes, consacrées à des thèmes allant de la réflexion spirituelle aux questions d’actualité ainsi que des témoignages et des interventions.

Ainsi, Gilberte Fournier, née en 1931, a raconté son expérience de la Seconde Guerre mondiale à Paris, évoquant les moments les plus dramatiques de son enfance et l’importance de ne pas oublier les horreurs du passé : « La guerre détruit tout. La guerre détruit des vies, comme celle de mes petits amis qui ont été obligés de porter l’étoile jaune et que je n’ai jamais revus ». Elle a ensuite lancé un vibrant appel à la jeune génération pour qu’elle conserve précieusement la mémoire de ses aînés et s’engage à préserver la paix. « Ne vous laissez pas convaincre que la guerre est inévitable, mais chérissez et cultivez la paix que ma génération a envisagée après la guerre ».

Emmanuel Macron a, quant à lui, formulé le souhait qu’il y ait « une place, une terre, un État, une coexistence, la reconnaissance du droit à vivre en paix de chacun ». Le président français a aussi plaidé pour « un nouvel ordre international ». S’il a relativement peu fait référence aux religions, il a néanmoins loué leur « rôle fondamental » et très concret pour « réhumaniser » la société, et rappelé combien « la France s’honore de les y aider, en particulier au Proche-Orient ». Au pays de la laïcité, la seule participation du président de la République à un sommet interreligieux parle déjà d’elle-même.

Paris, symbole de paix

Plusieurs intervenants ont souligné la portée symbolique de Paris comme ville hôte, particulièrement cette année. « Si nous sommes capables de réunir toutes les nations autour de l’idéal de l’olympisme, de reconstruire des cathédrales, imaginer la paix doit être à notre portée ; s’il est un ouvrage à remettre cent fois sur le métier, c’est bien celui de la cohésion, qu’on appelle socialement la solidarité. Nous, chrétiens, y voyons l’expression de Dieu qui est charité. La République française, quant à elle, entend la promouvoir à travers la fraternité, le troisième terme de sa devise. Tout peuple est à la recherche de l’amitié sociale, sans laquelle aucune nation ne saurait vraiment exister », a ainsi noté Mgr Ulrich.

Dans son message, lu lors de la cérémonie de clôture de l’événement sur le parvis de la cathédrale Notre-Dame, le 24 septembre, le pape François a lancé un appel fort à la persévérance et à l’engagement pour la paix sur un chemin « qui demande du courage, de la foi et du dialogue » ; il a rappelé les nombreux événements qui ont marqué l’histoire du monde depuis la première rencontre pour la paix il y a trente-huit ans : « l’effondrement du mur de Berlin, le début du troisième millénaire, la montée des fondamentalismes et les nombreux conflits qui ont affecté la planète, ainsi que les incroyables défis du changement climatique, l’avènement des technologies, émergentes et convergentes, et les pandémies qui ont affecté l’humanité. Nous sommes au cœur d’un « changement d’époque » dont nous ne connaissons pas encore les répercussions ».

L’Appel à la Paix, signé par les leaders religieux, a souligné « la résignation généralisée face aux conflits ouverts, qui risquent de dégénérer en une guerre plus grande et dévastatrice ».

L’événement s’est conclu par un discours de Marco Impagliazzo, président de la Communauté de Sant’Egidio, qui a remercié les nombreux intervenants et participants d’avoir pris part aux forums et aux réflexions partagées pendant les trois jours de l’événement. Parmi les personnalités ayant participé à la rencontre on peut citer : Emmanuel Macron, la maire de Paris, Anne Hidalgo, le recteur de la Grande Mosquée de Paris, Chems-Eddine Hafiz, le grand rabbin de France, Haïm Korsia, l’archevêque de Paris, S.E. Mgr Laurent Ulrich, le fondateur de la Communauté de Sant’Egidio, Andrea Riccardi, le secrétaire de l’Académie française, Amin Maalouf, et l’ambassadrice de France près le Saint-Siège, S.E. Mme Florence Mangin.

Pour Marco Impagliazzo, un grand cri de protestation s’élève aujourd’hui : « Un cri de résistance face à la guerre et à tant de violence. Il s’agit de protester devant le monde entier pour dénoncer tous les morts, dont la plupart sont des victimes innocentes. Nous protestons contre toute cette violence, contre toute cette haine, étrangère à notre volonté de vivre en paix, à celle de tant d’hommes et de femmes. La jeune génération doit pouvoir recevoir le don de la paix. Les nombreux jeunes présents sur la place ont témoigné qu’il est possible de transmettre le rêve de la paix d’une génération à l’autre. » Il a conclu son message par cette invitation, accueillie par des applaudissements enthousiastes et convaincus : « L’année prochaine, rendez-vous à Rome ! »

Le chemin de la paix continue !

Eric Le Scanff

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