Dialogue avec Eric Bourguignon, artiste peintre et professeur de peinture à Juziers
Bonjour Eric Bourguignon. Merci d’avoir accepté mon invitation à venir parler de la peinture, votre passion et votre métier. Comment êtes-vous devenu peintre ?
Ce qui m’a fait devenir peintre ? Oh, c’est quelque chose qui remonte au plus loin, j’ai toujours aimé le dessin, la peinture. C’est presque vital. J’ai prolongé le temps de l’enfance, celui où les enfants dessinent ; moi je continue toujours à dessiner. J’ai commencé à faire de la peinture vers 12 – 13 ans et j’ai poursuivi. Mon père a aussi contribué à me donner ce goût. Et assez tôt, j’ai pu découvrir des artistes à travers des expositions.
La peinture, c’est une respiration. Il faut que je peigne régulièrement. Peindre m’est indispensable, mais pas seulement : j’ai besoin de voir, d’aller dans les galeries, de rester curieux pour ne pas me scléroser.
Quels sont vos goûts en matière de peinture ?
C’est difficile car très éclectique, je suis attiré autant par certains artistes contemporains que par les anciens, aussi bien par Caravage, Monet, Piet Mondrian, peintre néerlandais et un des pionniers de l’abstraction, que par Bill Viola, vidéaste américain qui s’est notamment illustré par la création d’installations vidéo monumentales comme celle au Grand Palais de Paris en 2014 ! Je crois qu’il faut s’intéresser à tous les genres.
J’apprécie également l’art brut comme certaines œuvres du peintre et sculpteur Jean Dubuffet, mais aussi les arts primitifs et particulièrement l’art préhistorique. C’est un domaine qui m’a toujours intéressé. Il y a une vingtaine d’années, j’ai eu la grande chance de visiter Lascaux originale, désormais inaccessible. Nous n’étions que cinq. Et là, quand on arrive dans la rotonde, que l’on voit ces peintures, ces œuvres qui ont traversé plusieurs milliers d’années, on a presque l’impression que l’artiste va nous poser la main sur l’épaule ; il y a une présence si forte, quasi magique. Là, le temps était aboli. Ils ont tout créé, ce sont eux qui sont à l’origine de tout, « au commencement, était leur peinture ». Là, on est à la source ; dans ces œuvres, beaucoup de choses sont déjà dites !
J’aime voir la matière brute originelle qui va devenir autre chose.
Vous êtes un contemplatif…
Oui, j’adore marcher, contempler la nature, les grands espaces mais également être à hauteur de fourmi. Il y a là des univers fantastiques ! Au ras du sol, tu ne sais plus trop où tu es, tu as perdu cette notion d’échelle. Ainsi par exemple quand tu regardes les droséras, ces plantes carnivores tellement extraordinaires (je travaille actuellement quelques toiles sur ce thème), tu ne sais plus si tu es sur terre ou dans l’espace. L’extraordinaire n’est pas seulement dans le très lointain, mais dans le tout proche… La nature est géniale, elle est protéiforme. C’est pour moi une grande source d’inspiration.
Artiste peintre, vous êtes aussi professeur de peinture à Juziers ; comment l’êtes-vous devenu ?
Oui, je donne des cours de peinture et de modèle vivant au sein de l’association Synapse, MPT de Juziers. Ça s’est fait comme ça, le précédent professeur avait décidé d’arrêter et on m’a sollicité ; je n’avais jamais fait ça. Je me suis dit : « j’essaie, je vais voir si j’y arrive, au niveau de la pédagogie, de la patience ; et puis je vais observer comment réagissent les uns et les autres ». Petit à petit je me suis amélioré, j’ai affiné mon travail. Et les élèves aussi ont pris de l’assurance, chacun à son rythme et dans la bonne humeur. Le but, c’est qu’ils prennent du plaisir à transposer ce qu’ils voient, à tenir un crayon, un pinceau, à s’évader dans la toile : s’offrir une parenthèse de couleurs, de voyage. La peinture, comme l’art en général, c’est une fenêtre ouverte, on découvre un autre monde, on n’est plus dans le moment présent…
Merci Eric Bourguignon : vous entendre fut pour moi comme une invitation au voyage. Merci beaucoup !
Je vous remercie également pour votre accueil !