Dieu n’est pas mort
De temps en temps, cela fait du bien d’avoir l’impression de n’être qu’une goutte d’eau dans un océan. En l’occurrence, c’est vraiment le sentiment qui nous a saisis lors de tous ces bains de foule qui nous ont réunis autour du pape lors de la dernière semaine des JMJ à Lisbonne.
Et paradoxalement, cela nous a fait du bien. Sentir que nous faisions partie de cette foule immense, que nul ne pouvait dénombrer, était une expérience qu’aucun d’entre nous ne pouvait avoir faite avant celle-ci, pas même à la sortie d’un stade après une victoire. Et pour le coup, l’ambiance était autrement différente ! Bien sûr, parfois cela y ressemblait beaucoup, mais au-delà du nombre ce qui frappait, c’était la joie qui régnait autour de nous dans toutes les langues. Partout on pouvait entendre des jeunes chanter Dieu, chacun selon sa culture et avec ses instruments.
Quelle joie de voir des jeunes de toutes nations prier ensemble, se rencontrer, échanger quelques mots, sans même se connaître et en étant à peu près sûrs de ne jamais se revoir, mais unis par la même Foi ! Quelle joie de voir cette véritable fourmilière qu’est vite devenu le Parc du Pardon au centre de Lisbonne où se tenaient presque en permanence cent cinquante prêtres prêts à confesser chacun dans sa langue ! Et toutes ces églises dans lesquelles les jeunes se pressaient pour écouter un témoignage ou une conférence, prendre un temps de prière personnel ou d’adoration, rencontrer un prêtre, déposer une intention de prière, participer à un temps de louange…
Joie de sentir aussi l’émotion et la fierté des Portugais de voir cette foule immense envahir leurs rues et leurs maisons. Pour eux aussi, et en particulier pour leur jeunesse, quel souffle ! Pendant ces deux semaines, nous avons aussi pu toucher du doigt combien l’Eglise formait un peuple hétéroclite. Nous avons parfois été surpris ; nous avons vu beaucoup de belles choses, d’autres qui nous ont interrogés, obligés à revoir nos manières de penser ou nos manières de faire. Nous avons aussi pu toucher du doigt que s’il est difficile de nier que les chiffres ne parlent pas de croissance dans l’Eglise en France – et en Europe de manière générale – il était en revanche prématuré de la déclarer morte ou sans avenir sous nos latitudes, au regard de cette jeunesse à la fois bien de son temps et profondément enracinée dans sa foi en Jésus-Christ.
Et quant au reste du monde, quelle claque ! Nous commençons déjà à le sentir dans nos communautés et il nous faut l’accueillir avec joie, dans l’émerveillement et dans l’action de grâce : partout ailleurs la Foi en Jésus-Christ est allumée par l’Esprit-Saint dans toujours plus de nouveaux cœurs. Ce sont tous ces catéchumènes, ces nouveaux baptisés, ces recommençants, ces autres cultures qui nous bousculent, nous interrogent, nous enrichissent, nous recentrent sur l’essentiel et nous invitent à prendre conscience de ce trésor qu’est la Foi. Voilà tout ce que nous avons pu découvrir pendant ces quinze jours qui nous ont relancés dans le désir de toujours mieux enraciner notre Foi en profondeur pour mieux en vivre et mieux la partager, pour mieux porter au monde la joie de l’Evangile et l’Espérance qui nous habite.
Père Eric Duverdier