Editorial d’avril 2013 : une nouvelle page d’histoire
HABEMUS PAPAM : C’est le cardinal Argentin, Jorge Mario Bergoglio, qui, a la surprise générale a été choisi et qui pour la première fois pour un Pape, prend le Saint nom de François. C’est un message à lui tout seul. On le dit déjà être le Pape de la pauvreté.
Rédigeant cet édito le jour de sa nomination, j’évoquerai cet événement que sur deux aspects : l’humilité et la modernité. L’humilité de Benoit XVI, de renoncer à sa charge de Pape après une longue période de réflexion et de prières. Très peu de papes ont pris une telle décision : Benoît IX (1012-1055) ou Grégoire VI ( ? -1046) l’ont fait successivement au XIe siècle pour des raisons politiques. On connaît aussi le cas de Célestin V qui démissionne en 1294 de son propre chef, après cinq mois de pontificat.
Le dernier pape à avoir démissionné était Grégoire XII (1325 – 1417). En 1415, celui qui devait réunir la papauté de Rome et la papauté d’Avignon dut quitter ses fonctions sous la pression des cardinaux, en plein milieu d’une crise d’autorité entre les Eglises d’orient, d’occident et le Saint-Empire Romain germanique. Cela faisait donc près de six cents ans qu’un pape n’avait quitté ses fonctions de son vivant. Mais plusieurs l’avaient évoqué. Ce fut le cas de Paul VI, qui avait réfléchi à démissionner pour ses 80 ans, ou de Jean Paul II qui, accablé par la maladie, évoqua à plusieurs reprises la possibilité de quitter ses fonctions. Le cardinal Ratzinger, futur Benoît XVI, déclarait au « Münchner Kirchenzeitung », l’hebdomadaire du diocèse de Munich et Freising, cette phrase prémonitoire : « Si le pape constatait qu’il n’arrivait absolument plus à remplir ses fonctions, alors il démissionnerait certainement. »
Nous mesurerons davantage au fil du temps, le rôle prépondérant de Benoit XVI, en particulier pour l’unité dans l’Eglise et le dialogue interreligieux.
Pour ce qui est de la modernité, si je souhaite l’évoquer, c’est qu’immanquablement, les commentaires sont allés bon train et vont se poursuivre pour dresser le portrait idéal d’un Pape, qui s’attacherait à moderniser l’Eglise. Nous risquons d’être déçus si nous limitons la modernité au mariage des prêtres et à l’ordination des femmes. En effet, la modernité dans une période où les jeunes se cherchent, où les couples se font et se défont, ne serait-ce pas de retrouver ses valeurs et ses racines ? Ne serait-ce pas de construire son engagement au service de l’autre, de sa conjointe ou de son conjoint ou de sa vocation religieuse, sur des fondations solides que sont l’oubli et le don de soi, l’amour et l’ouverture d’esprit indispensables à la communication et au partage ? Pour ce qui concerne l’Eglise, à la lumière des vies de Mère Térésa et de Sœur Emmanuelle, ne confondons pas modernisme dans la mise en œuvre et le partage du message du Christ avec modernisme dans la recherche de notre confort dans notre rôle de témoins et de serviteurs de Dieu.
Yves Maretheu Rédacteur en chef