Editorial d’avril 2016 : Assistance technologique et conscience
A l’époque du développement des systèmes d’assistance en tout genre, il est intéressant de voir comment évolue notre comportement. Prenons quelques exemples. L’assistance à la conduite automobile, en particulier pour le freinage d’urgence qui se déclenche face à un obstacle, va-t-il nous rendre moins attentifs aux dangers ? En ce qui concerne l’orthographe qui est le thème de ce mois-ci, les correcteurs automatiques améliorent-ils la qualité de notre écriture et nous rendent-ils moins attentifs à notre orthographe ? Nous ne réagissons pas tous de la même manière face à ces évolutions technologiques mais une chose est certaine l’assistance permanente peut faire peur. Imaginez un monde où nous serions assistés dans tous les domaines, pas un moment, pas une activité sans assistance, c’est le programme qui gère, qui pense pour moi que ce soit dans la vie domestique, professionnelle ou dans les moments de loisirs. La définition du techniquement correct et pourquoi pas du bien et du mal serait préprogrammée à l’avance.
Cela m’amène à vous parler de ma rencontre avec un jeune philosophe, François-Xavier Bellamy (voir l’article conférence à Triel, sur les droits de la conscience, page 7), qui aborde un sujet capital de société : l’importance de la transmission de la culture dans le développement de la conscience (capacité à distinguer le bien du mal) (1). Son éclairage est remarquable car il nous alerte sur les dangers du « relativisme contemporain » basé sur le postulat « toute idée, toute opinion, est respectable » ce qui a pour effet « d’endormir » les consciences : « Pour servir le bien des hommes, notre Conscience ne doit pas être réduite au silence » nous dit-il, et d’ajouter : « La société contemporaine est terrifiée par l’existence de la Vérité… Dans le relativisme contemporain, croire en une Vérité universelle, menace la Tolérance que nous devons avoir pour les autres. Si je dis qu’il y a des choses universellement bonnes pour les hommes ou universellement mauvaises, alors je suis immédiatement suspecté de vouloir imposer ma vérité à la totalité de la société. ».
Pour conclure cet édito, je livre à votre réflexion ces deux autres phrases : « Pour faire un acte immoral, on arrête sa conscience. Pour faire le mal, il faut arrêter de penser ! ». Espérons donc que les développements technologiques et l’évolution du monde ne nous empêcheront pas de penser. Pour cela cultivons-nous, gardons notre conscience en éveil et ne laissons pas les autres penser à notre place.
Yves Maretheu rédacteur en chef
(1)Sujet traité dans son: Les déshérités, ou l’urgence de transmettre (6 € aux éditions j’ai Lu)