Editorial de décembre 2015 : l’étoile
Les mystères de l’univers visible, œuvre admirable de celui dont la science est parfaite (Deut 32, 4), étaient pour les premiers habitants de la terre, Adam et Eve, une source inépuisable d’inspiration, d’instruction et de délices. Depuis six mille ans, les lois et les opérations de la nature sont pour l’homme un objet d’observation ; mieux encore, elles sont dévoilées par le grand Créateur de toutes choses. Les gloires au firmament, les mondes innombrables et leurs révolutions, les mystères de la lumière et du son, du jour et de la nuit… Telles étaient les études de ces premiers occupants de la terre. L’ordre et l’harmonie de la création leur révélaient une puissance et une sagesse infinie ; à chaque pas, ils découvraient quelque merveille qui leur inspirait un amour plus profond et leur arrachait de nouvelles actions de grâce vis-à-vis de Dieu.
C’est dans ce contexte que s’inscrit la perception de l’étoile, comme étant une valeur, astre qui brille d’une lumière propre dont le mouvement apparent est imperceptible. Aborder l’environnement stellaire, scruter l’étincellement d’une situation, d’un personnage, d’une localité, bref d’une problématique suppose une prise en compte d’une démarche d’où l’expression « croire en son étoile » et « réaliser son étoile ».
Bientôt lors des fêtes de Noël et de Nouvel An, plus précisément lors de la fête de l’Epiphanie, nous lisons : « Nous avons vu se lever une étoile ». A travers ce thème de l’étoile, toute une signification nous interpelle : en acceptant de suivre cette étoile pour aller à la rencontre de l’Enfant-Jésus, la grâce de Dieu, son action et sa parole marquent à jamais son sceau dans le cœur et l’esprit de celui ou celle qui l’accueille. En route pour la rencontre ! La rencontre avec qui ? Cette étoile, qui est lumière passant allègrement les illusoires barrières de la race, de la religion, de l’âge, des opinions politiques, refuse toute discrimination et amène à fraterniser avec toutes les créatures de ce monde. Elle conduit alors à la découverte de l’amour ; certes par le chemin difficile qui consiste à accepter l’autre, à l’aimer sans toutefois vouloir à tout prix le changer.
Or, la plupart des gens croient que pour être amis, il faut partager les mêmes idées, avoir les mêmes goûts, les mêmes cheminements spirituels. Ils ont peur de la différence. Aussi, beaucoup de nos compatriotes ont perdu leurs racines terrestres et célestes, surtout depuis, la civilisation individuelle qui réclame temps, argent, efficacité, etc. Coupés d’eux-mêmes, ils s’agitent car ils ont perdu la boussole de leur vie consciemment ou inconsciemment ; dès lors ils se cuirassent pour se donner une solidité. Ils sont dans leur bulle et multiplient des actions insoupçonnables et inadmissibles. Comme ils ont peur de perdre la face, n’ayant point trouvé leur centre, leur être profond et spirituel, ils se trouvent incapables de créer de vrais biens. Ils deviennent donc aliénés et étrangers à eux-mêmes. Ils ne sont plus reconnaissables ; les appartenances vitales où ils ont été (famille, profession et autre) sont devenues quasi impuissantes pour remplacer l’expérience d’avoir été enfant de la terre et futur habitant de l’éternité autrement dit « du Ciel Etoile ».
C’est dans ce partage de l’essentiel, dans le dialogue de cœur à cœur, que nous développons ces liens forts d’humanité. C’est donc par cette approche que le vrai sens de la vie nous est appréhendé tel conduit par l’Etoile bienfaisante.
Père André