Editorial de mars 2016 : la miséricorde comme chemin vers Pâques
Pour mieux comprendre l’essence même de notre foi chrétienne, il est important de nous approprier l’évènement central qui est la passion – la mort – la résurrection du Christ. Pour entrer donc dans ce temps qui définit ce mystère, les chrétiens s’exercent chaque année pendant quarante jours par des activités de jeûne, de partage et de prière. Ceci constitue une belle épreuve de conversion. C’est dans ce sens que le pape François nous interpelle et nous oriente cette année : « J’ai un grand désir que le peuple chrétien réfléchisse durant le jubilé sur les œuvres de miséricorde corporelles et spirituelles. Ce sera une façon de réveiller notre conscience souvent endormie face au drame de la pauvreté et de pénétrer toujours davantage le cœur de l’Evangile, où les pauvres sont les destinataires privilégiés de la miséricorde divine » (pape François MV §15).
C’est dans cet esprit que nous voyons Jésus, le Messie, que tout le monde attend, entrer dans la Ville Sainte Jérusalem pour accomplir sa Pâque. Pour rendre son témoignage suprême de la vérité, en cohérence avec toute sa vie qui n’a été qu’attention aux plus démunis, miséricorde envers les pécheurs, solidarité avec les plus pauvres et les exclus, il nous laisse pour mémorial de célébrer l’eucharistie, action de grâce.
Or, comment pourrions-nous manger et boire la coupe du salut, sans faire transparaître son amour à travers les actes et les paroles qui sauvent nos frères ? Ceci se traduit par un Dieu à genoux qui lave les pieds de ses apôtres en leur demandant de poursuivre ce service jusqu’à la fin des temps.
Dans cette vie reçue et tissée de multiples choses, joyeuses ou tristes, Dieu nous a parlé ; il s’est fait proche, il s’est glissé dans nos existences. Peut-être avons-nous pu goûter quelque chose de sa présence ; peut-être avons-nous pu, dans un rythme différent, contempler son action en nous et dans notre environnement vital. En empruntant à Ignace de Loyola une terminologie, je dirai que nous sommes invités à être des « contemplatifs dans l’action ».
Actifs, nous devons l’être en retrouvant les chantiers en cours où l’homme, par ses nombreuses sollicitations doit être secouru ! Mais aussi contemplatifs, devant cette présence divine qui se révèle et se laisse découvrir dans toutes nos activités, les anime, les oriente et leur donne leur véritable sens. En somme, c’est toute notre existence qui est appelée à être vécue, animée, unifiée par l’Esprit de Jésus, l’Esprit de Dieu. Pour qu’enfin au cœur même de notre vie, jour après jour, auprès de Lui nous puissions recevoir ainsi, respiration et dynamisme qui conviennent.
Père André