Eglise et écologie (2ème partie)
Quelques propos du pape François
Un péché contre l’environnement
Pour le pape François, le péché contre l’environnement devrait davantage être pris en compte par les catholiques. « Quand j’administre le sacrement de réconciliation (la confession), c’est rare que quelqu’un s’accuse d’avoir fait violence à la nature, à la Terre, à la Création », déclarait-il le 9 février 2019 en recevant des experts en théologie morale.
« Nous n’avons pas encore conscience de ce type de péché », a regretté le pontife argentin, en évoquant « le cri de la terre, violée et blessée de mille manières par une exploitation égoïste. La dimension écologique est une composante imprescriptible de la responsabilité de chaque personne et de chaque nation ».
Un appel aux industriels
En juin 2018, le pontife du Vatican avait également appelé les industriels du secteur pétrolier et gazier à respecter l’accord de Paris sur le climat, notamment pour protéger les populations pauvres contre le réchauffement climatique. Il juge que le monde a besoin d’une énergie qui ne détruit pas la civilisation. La lutte contre le réchauffement climatique est « l’un des principaux défis auxquels l’humanité est confrontée actuellement ».
Un appel repris, des conséquences concrètes
Son appel a été repris par les dirigeants de l’Église catholique. À la veille de la COP24, qui s’est tenue début décembre 2018 en Pologne et après le nouveau rapport alarmant du GIEC, les six présidents des conférences épiscopales continentales catholiques ont à leur tour appelé les gouvernements à prendre des mesures concrètes et immédiates sur l’agroécologie, le respect de la connaissance des peuples autochtones, la justice climatique, la mise en œuvre d’un changement de paradigme financier ou encore la fin des combustibles fossiles.
« Nous devons être prêts à procéder à des changements rapides et radicaux et à résister à la tentation de rechercher à court terme des solutions purement technologiques à notre situation actuelle, sans traiter les causes profondes et les conséquences à long terme », écrivaient-ils. Les institutions catholiques sont par ailleurs engagées dans un mouvement de désinvestissement des énergies fossiles. Au total, près de trois cents organisations religieuses (toutes religions confondues) à travers le monde ont ainsi décidé d’arrêter de financer les énergies les plus polluantes.
Parmi beaucoup d’autres, voici des initiatives concrètes :
- Un autre volet de la mission d’Elena Lasida (cf. notre numéro d’avril) concerne les diocèses, invités à nommer des référents ou des équipes délégués à l’écologie intégrale. Sur les quatre-vingt treize diocèses de France, une soixantaine a franchi le pas. Les délégués sont des militants de la première heure de l’écologie chrétienne, ou des jeunes porteurs d’une culture nouvelle. À Orléans, Yves Froissard, 70 ans, ingénieur agronome, anime depuis plusieurs décennies un groupe « Chrétiens et écologie » très actif sur le terrain : « nous avons organisé une douzaine de « Fêtes de la création » dans le diocèse, toujours en lien avec une paroisse, parfois avec des protestants baptistes, des orthodoxes. Elles proposent des échanges très riches avec des agriculteurs, des élus, des acteurs associatifs, chrétiens ou non.
- Emmanuelle et Alain Dieudonné ont rompu il y a quatorze ans avec le monde de l’entreprise et la loi du profit ; à la ferme des châtaigniers située en Indre et Loire (voir le site Internet : http://panier-bio-buxeuil.over-blog.fr/), ils organisent des stages pour tous ceux qui souhaitent écrire une autre page de leur vie. Cultivateurs en micro-ferme et formateurs en permaculture, ils accueillent des jeunes venus y accomplir leur service civil.
- Le CCFD a proposé des livrets spirituels pour aider à cheminer pendant le temps du Carême 2021 : « Semaine après semaine, nous vous proposons un parcours d’engagement pour habiter la même maison et construire une terre solidaire. »
- La paroisse de Limay éditait des feuillets pour le temps de l’Avent 2020 contenant passage de l’encyclique du pape François ou de l’évangile et quelques interrogations pouvant aboutir à un changement de comportement. Par exemple :
Le pape nous dit : « Il faut considérer la pollution produite par les déchets…La terre, notre Maison commune semble se transformer en un immense dépotoir… »
Savez-vous que …
- si tout le monde vivait comme les Français, il faudrait trois planètes ?
- que l’ensemble des emballages plastiques ne sont recyclés qu’à 29 %, les sacs, les films, les barquettes et les pots à 5 % ?
Attention : recyclage ne veut pas dire recyclé ! Le recyclage est partiel et coûteux pour l’environnement.
Se poser la question : que deviennent les déchets de ma poubelle ?
Que puis-je faire à mon niveau ? Quelques exemples :
- pour éviter le suremballage : choisir le vrac alimentaire ou à la coupe, faire des produits soi-même (alimentaires, entretien, cosmétiques…),
- préférer le durable au jetable (éviter les sacs plastiques, les barquettes jetables, les lingettes) ; utiliser des chiffons lavables,
- opter pour la recharge dans le contenant d’origine (liquide vaisselle, lessive, nettoyant multi-usage…),
- et pourquoi pas : s’entraîner peu à peu pour parvenir au zéro déchet !
Nous vous invitons à suivre :
- le blog du père Dominique Lang, journaliste au Pèlerin : Églises & Écologies, qui relate bien d’autres initiatives concrètes ;
- le hors-série du Pèlerin « Sobriété, écologie, partage, des lieux pour changer de vie » de janvier 2021, qui présente une cinquantaine de lieux chrétiens prenant en compte désormais la dynamique Laudato si’. Certains sont même présentés dans une nouvelle série de Podcast à découvrir sur https://www.lepelerin.com, ;
- le webzine « Tout est lié », consacré à l’écologie intégrale qui a été lancé par la Conférence des évêques de France. Le magazine s’enrichit en permanence de ce qui se vit partout dans l’Église et dans la société. Il mentionne questionnements, débats, initiatives, actions engagées durablement, expérimentations ;
- le site du collectif « Le jour d’après » régulièrement enrichi par de nombreuses et passionnantes contributions ;
- la revue « Limite » créée en 2015, qui dit que « promouvoir une écologie intégrale, c’est donc se soucier aussi bien des plus fragiles et des opprimés que s’opposer à tout ce que nos modes de vie peuvent avoir de dégradant et d’aliénant. » Refusant la toute-puissance de la technique et de l’argent, Limite souhaite œuvrer à la prise de conscience écologique en promouvant la sobriété, la relocalisation de nos existences, la convivialité et la fraternité.
Sur KTO, j’ai vu deux émissions passionnantes sur le sujet (vous pourrez remarquer que je m’en suis largement inspiré…) : « Les chrétiens face à l’urgence écologique », du 22 février 2021 et « Associons-nous au CCFD Terre solidaire » du 19 février 2021.
Ces deux émissions sont sur Youtube.