En mémoire du Docteur Demoinet
HOMMAGE AU DOCTEUR OLIVIER DEMOINET 1953-2021
Le docteur Olivier Demoinet est né le 28 mars 1953, à Chantilly et est décédé le 10 octobre 2021 ; il fut enterré dans l’Oise et son épouse a proposé que soit organisée à Juziers une célébration à sa mémoire pour tous ceux qui n’avaient pu participer aux funérailles.
Devenu médecin généraliste Olivier Demoinet a bâti pendant 35 ans une relation de proximité avec ses patients, et particulièrement avec ceux en situation de grande souffrance morale et ou physique, jusqu’à l’accompagnement de fin de vie.
Il était très investi dans son travail, et très engagé dans tout ce qu’il entreprenait (médecine, sport : tennis, tir à l’arc, bateau, parapente).
L’humanitaire lui a permis de trouver en partie réponse à ses questionnements : il s’est ainsi engagé avec plusieurs associations : MDM, MSF, AGIR abcd (1) ; après le génocide du Rwanda, il y est parti en 1994, puis au Congo en 1995, au Kosovo en 1998, à Haïti en 2016, en Libye en 2017, puis en République Démocratique du Congo en 2018, sur l’un des des sites d’Ebola.
Au retour de missions, il a poursuivi cet engagement par la création d’une association (Association Non Complice), par des maraudes auprès des Sans domicile fixe (SDF) avec MDM, par la prise en charge d’enfants pour les sauver, alors qu’ils étaient condamnés faute de soins possibles dans leur pays :
– Ainsi Valbona, 17 ans, atteinte de leucémie, fut ramenée du KOSOVO, transférée à Paris pour subir une greffe de moelle osseuse, don de son frère, unique donneur compatible et recherché comme terroriste par les Serbes…
– Ainsi Moïse, enfant de 7 ans d’un village de RDC, pesant 10 kg (le poids d’un enfant de 1 an), atteint d’un rétrécissement de l’œsophage qui a pu être opéré en Côte d’Ivoire et sauvé.
-Et combien d’interventions dans des médias pour dénoncer les injustices ; génocides au Rwanda, tortures en Libye…
L’association paroissiale de Juziers a ainsi collaboré à des entreprises du docteur Demoinet en organisant à plusieurs reprises le repas de solidarité annuel. Il était également intervenu à la paroisse de Meulan-Triel et les paroissiens avaient contribué à ses actions lors de la campagne de Carême 2019
Nous avons encore en mémoire le récit du cas de Junior en 2019 :
Junior, ce petit garçon congolais de 7 ans a eu le visage complètement brûlé par un liquide chaud. Il a été soigné par les sœurs de Caritas qui lui ont fait des pansements tous les jours. Il n’avait plus de visage, plus de nez, plus de bouche et plus d’oreilles. Il n’avait qu’un seul œil et plus de peau sur le visage. Malgré la première réaction de recul, le docteur Demoinet fut vite conquis par ses côtés attendrissants et charmeurs. Docteur Demoinet a contacté les plus grands spécialistes pour la reconstruction du visage. La recherche de moyens financiers et médicaux a été acharnée.
Junior n’aurait jamais dû survivre à ses blessures ; son cas est probablement une première mondiale. Il a fallu plusieurs opérations, mais elles furent couronnées de succès. Malheureusement, Junior est décédé il y a quelques mois.
Olivier Demoinet s’est beaucoup questionné sur sa relation à Dieu (alternant entre une foi inébranlable et des doutes très profonds), il était très fier d’accompagner ses petits enfants dans la découverte de Dieu dont il disait que « sans son aide, cette lourde tâche serait impossible ».
Il disait aussi l’importance de se mobiliser pour que ce merveilleux concept des droits de l’homme sur le papier soit aussi une réalité. « Pour que le respect de la vie, du droit à la vie soit plus réel, plus humain et plus quotidien. Que l’irrationnel économique du coût financier de sa guérison s’efface devant la logique du respect de la vie, des droits de l’homme ».
Il disait aussi : « Nous savons tous que nous ne pouvons pas sauver tout le monde. Mais nous savons également, qu’avec notre mobilisation, nous pouvons faire des miracles, ne pas nous résigner à accepter un coté rationnel des choses, et privilégier le respect de la vie et de la dignité humaines. »
Le père Alain Eschermann, curé de Juziers, a conclu la célébration en disant : « L’espoir n’est jamais raisonnable, l’espoir attend et prépare un avenir meilleur contre tous les sceptiques, contre tous ceux qui se résignent à l’injustice sous prétexte qu’il en aurait toujours été ainsi. Croyons, au contraire, à la suite d’Olivier, qu’il peut toujours y avoir du nouveau et que la Croix n’a pas été la dernière étape dans la vie du Christ ! »
Ce 29 novembre 2021, nombreux étaient ceux qui, en l’église de Juziers, ont rendu hommage à cet homme de cœur et d’engagement.
Merci, Docteur Demoinet !
(1) MDM : Médecins du Monde ; MSF : Médecins sans Frontières ; AGIR abcd : Association Générale d’Intervenants Retraités Actions de Bénévoles pour la Coopération et le Développement.
Le docteur Demoinet a écrit plusieurs ouvrages dont : « Des gros frères à la libellule » il s’agit des mémoires de guerre de son grand-père, Pierre Hadengue, pionnier de l’aviation d’observation pendant la première guerre mondiale. En possession d’archives recueillies et conservées par son grand-père, il a décidé de partager ce trésor en publiant ce manuscrit. Une explication : Les gros frères, c’est le nom que se donnaient entre eux les cuirassiers et la libellule, c’est le nom de l’escadrille formée par Pierre Hadengue. On peut s’en procurer un exemplaire en envoyant un chèque de 25€ à « La Chaîne de l’Espoir » avec des coordonnées complètes à Caroline LAMY, 41 rue des Narcisses, 78410 FLINS sur SEINE
Et : « Du Kosovo à Paris… Le prix d’une vie : Valbona Xhylani », paru aux éditions L’Harmattan, 320 pages.