Claude Mauguy, responsable des Restos du Cœur à Vaux
Vous connaissez tous cette association créée en 1985 par Coluche et que l’on appelle le plus souvent « Les Restos » ; en France, elle regroupe des dizaines de milliers de bénévoles qui combattent chaque année la pauvreté et l’exclusion. Nous vous invitons aujourd’hui à rencontrer Claude Mauguy, au centre de la photo, responsable d’un des vingt-six centres du département des Yvelines, celui de Vaux.
Bonjour Madame Mauguy, merci de nous recevoir. Avant de présenter l’association, parlons un peu de vous, comment avez-vous rejoint « Les Restos » ?
J’y suis arrivée depuis peu de temps en 2021. En fait, j’ai attendu d’être en retraite pour me lancer dans l’action associative caritative ; lorsque j’exerçais une activité professionnelle, comme beaucoup, je n’avais que peu de temps et je courais ; d’ailleurs, beaucoup des bénévoles des Restos sont retraités.
Justement, à propos des bénévoles, combien êtes-vous pour « faire tourner » les Restos du Cœur à Vaux ?
Nous sommes une vingtaine et ce n’est pas trop car entre les commandes, l’accueil des bénéficiaires, le suivi et la gestion des denrées, leur distribution, on peut dire qu’il y a de quoi faire !
Nous savons que l’association a été créée dans les années 80 au niveau national, mais depuis combien de temps une antenne a-t-elle été implantée à Vaux ?
Notre centre a ouvert ses portes en 1996. Les Restos étaient à cette époque installés au COSEC et nous accueillions uniquement des personnes de notre commune car il y avait une antenne à Meulan. Depuis 2017, nous nous trouvons dans ces locaux, mis gracieusement à notre disposition par la municipalité (nous en profitons pour la remercier), au sein de la Martinière. Comme vous pouvez le constater, nous disposons de peu de place mais suffisamment pour stocker les produits à distribuer et accueillir les personnes qui vont bénéficier des repas. En plus, ce local a un côté pratique, le camion peut se garer juste devant notre porte, ce qui facilite le déchargement.
Quelles denrées offrez-vous ? Comment vous organisez-vous pour la distribution ?
On y trouve des conserves de toutes sortes, des produits laitiers, mais aussi des légumes (pommes de terre, carottes, etc.), bref tout ce qui constitue un repas ; tous ces produits sont choisis par les familles accueillies, parmi ceux dont nous disposons. Nous donnons également des produits d’hygiène comme des brosses à dents, du dentifrice, du shampoing, de la lessive, des couches pour bébé, c’est très varié. Ces repas sont distribués chaque semaine le jeudi après-midi de 16 h à 19 h et le vendredi matin de 9 h 30 à 12 h.
Comment les familles qui vont bénéficier de cette aide ont-elles été choisies ?
Tout commence par l’accueil des bénéficiaires ; nous avons avec eux un entretien au cours duquel nous évaluons leur reste à vivre et leurs besoins, ceci en fonction de leurs ressources et de la composition de la famille. Nous pouvons ainsi adapter le mieux possible l’aide que nous pouvons leur apporter.
A la suite de cette rencontre, un certain nombre de points leur est attribué ; c’est lui qui va définir à combien de repas ils auront droit chaque semaine. Chacun d’entre eux est équilibré, il comprend des conserves, des produits frais et laitiers, des desserts, etc. Cette année, nous avons mis en place une dotation spécifique pour les enfants de moins de trois ans. Pour cette classe d’âge nous essayons de limiter le volume de produits sucrés ; nous donnons par exemple des yaourts nature plutôt qu’aux fruits, ce sont de petites choses qui vont avoir de l’importance…
D’où proviennent les produits que vous distribuez ? Dans quelles conditions les recevez-vous ?
Tout ce que nous donnons nous est fourni par le dépôt départemental des Restos du Cœur des Clayes-sous-Bois ; c’est ce centre qui nous livre chaque semaine, le jeudi matin, ce que nous avons commandé, ceci en fonction des personnes inscrites. Après cette livraison, nous devons classer et trier les produits reçus afin de préparer les repas pour l’après-midi et le vendredi. Nous avons aussi la chance de pouvoir offrir du pain. Nous allons le chercher le vendredi à la boulangerie Hamon de Vaux et chaque jeudi et vendredi à celle de Meulan, « Les délices du Paradis » ; M. Perain, son propriétaire, nous donne à chaque fois dix-sept baguettes de pain frais ; inutile de préciser qu’elles sont très appréciées.
Depuis quelque temps, nous pouvons aussi offrir des jouets neufs aux enfants au moment de Noël. Un couple de Vauxois, désirant rester anonyme, nous demande chaque année, un peu avant les fêtes, le nombre d’enfants inscrits, leur genre et leur âge et en fonction de ces critères nous apporte des jouets adaptés à chacun ; ils leur sont ensuite donnés en mains propres, par le Père Noël en personne, c’est un moment de rêve pour tous ces petits !
Effectivement, c’est un vrai conte de fées ! Avez-vous d’autres activités ?
Oui, nous disposons aussi d’un modeste vestiaire. Les vêtements que nous proposons nous ont été donnés par des membres de l’association ou par des Vauxois ; nous exigeons qu’ils soient en parfait état et de saison car nous n’avons que peu de place pour les stocker. Toutefois, nous constatons que ces habits dépannent et sont toujours très appréciés ; nous en donnons quatre par couple et quatre par enfant. Nous jouons aussi un rôle en matière d’aide à la personne en assistant ceux qui en ont besoin à rédiger un CV par exemple ou en les orientant vers les services ou institutions pouvant les aider. Nous aimerions aussi mettre en place des ateliers de français ; malheureusement pour l’instant cela reste sous forme de souhait car cela prend du temps, demande une formation spécifique et surtout nécessite beaucoup de place, espérons…
Au fait, je ne vous ai pas demandé, combien recevez-vous de bénéficiaires ?
Chaque semaine, nous avons environ, car c’est fluctuant, une cinquantaine de familles aidées. Nous sommes le plus petit centre des Yvelines ; cette petite taille n’est pas un handicap car elle nous permet de bien connaître les personnes bénéficiaires ; c’est un avantage car du coup nous avons une relation un peu plus personnalisée avec chacune d’entre elles. La plupart sont vauxoises, mais nous accueillons aussi des familles meulanaises et juziéroises, du fait que ces communes ne disposent pas de centre des Restos.
Parlons un peu de l’avenir, comment l’envisagez-vous ?
Comme beaucoup d’associations, nous sommes toujours à la recherche de nouveaux bénévoles. Contrairement aux campagnes précédentes qui avaient lieu uniquement pendant l’hiver, nous sommes maintenant ouverts de septembre à fin juin, l’année est longue et demande un réel engagement. De plus, nous devons faire un gros travail en termes de traçabilité des produits donnés, nous ne pouvons pas nous permettre de donner des denrées périmées. Nous devons régulièrement vérifier la température des réfrigérateurs ou des congélateurs par exemple, toutes ces tâches demandent du temps ; donc si certains lecteurs veulent nous aider dans ces domaines, ils seront les bienvenus. Ils trouveront une équipe sympathique qui œuvre dans la bonne humeur ; en tant qu’animatrice de ce groupe, j’attache une grande importance à cette bonne ambiance : elle est indispensable.
Pour donner une idée aux personnes qui désireraient nous rejoindre, les restos demandent un investissement d’environ trois heures par semaine. Je profite aussi de cet entretien pour remercier tous les donateurs et les bénévoles qui donnent de leur temps ; sans eux notre action n’aurait pas le même rayonnement.
Avant de vous quitter, j’aimerais que vous nous présentiez l’association « La chaînette solidaire » que vous avez créée il y a peu de temps je crois, c’est elle qui m’a permis de vous rencontrer.
Oh, c’est une toute petite association, encore toute jeune, je l’ai démarrée en 2021. Je confectionne des objets à partir de loisirs créatifs et je les vends au cours des marchés de Noël de la région. Avec l’argent ainsi récolté, j’achète des produits divers que j’offre à des associations humanitaires ; en 2022, j’ai pu acheter des chaussettes que j’ai données à la Croix Rouge et qui ont été distribuées au cours des maraudes et en 2023, j’ai fait l’acquisition de couches pour bébé qui ont été offertes au Secours Catholique.
Merci beaucoup Madame Mauguy pour toutes ces précisions, elles vont permettre à nos lecteurs de mieux comprendre le fonctionnement d’une grosse association comme « Les Restos du Cœur », un grand bravo à vous et à toute votre équipe pour votre engagement auprès des personnes nécessiteuses.
(Propos recueillis par Jannick Denouël)