Élodie Bergeron, présidente de la Fédération des Sociétés Historiques et Archéologiques des Yvelines
Bonjour Élodie. C’est un vrai plaisir de vous rencontrer pour évoquer la « Fédération d’Histoire des Yvelines » et nous vous remercions d’avoir accepté notre invitation. Mais avant toute chose, qui êtes-vous Élodie ?
J’ai grandi à Rouen et suis arrivée dans les Yvelines au moment de la naissance de ma fille aînée. Enfant, j’ai toujours été intéressée par l’histoire et j’ai eu la chance de grandir au sein d’une famille où les archives familiales étaient riches. C’est tout naturellement que j’ai intégré la faculté d’Histoire de Rouen pendant trois années, puis poursuivi mes études à la Sorbonne. Ayant débuté ma carrière professionnelle à la mairie de Triel en tant qu’agent de valorisation du patrimoine, j’ai eu l’opportunité de côtoyer sœur Marie-Claire Tihon aux archives de l’école « Notre-Dame des Oiseaux » qui m’a orientée pour commencer à classer les archives de la ville.
J’ai choisi par la suite de continuer à me former au métier d’archiviste en suivant la formation INTD/CNAM. Après cinq années passées à Triel, je suis devenue pendant six ans archiviste itinérante au Centre Interdépartemental de la Grande Couronne de Versailles (CIG) pour les collectivités territoriales des Yvelines et du Val d’Oise avant d’exercer à la mairie de Limay où je suis restée pendant douze ans. J’occupe actuellement le poste de directrice des Archives et du Patrimoine de la Ville d’Evreux et de son agglomération. Remarquée après des projets au niveau national, j’ai reçu la décoration de « l’Etoile civique », une institution très intéressée par mes actions, puis j’ai accepté de rentrer au conseil d’administration en tant que secrétaire générale.
Qu’est-ce-que « l’Etoile civique » ?
Fondée en 1930, « l’Etoile civique » est une institution couronnée par l’Académie Française, qui honore le courage et le dévouement aux autres en rendant hommage aux actes et aux comportements qui en témoignent. Tout en distinguant du plus humble au plus grand ceux qui contribuent à l’enrichissement du patrimoine collectif, à l’amélioration de la vie sociale et au progrès de l’humanité, elle s’intéresse notamment à ceux dont la vie est toute de labeur, d’abnégation, de sacrifice et qui resteraient confinés dans l’anonymat sans sa recherche vigilante.
Votre passion vous a-t-elle permis d’adhérer à différentes associations et fédérations d’histoire ?
Oui naturellement. Tout d’abord, étant Juziéroise depuis 2015, je n’ai pas hésité à me rapprocher quelque temps de l’association « Juziers Dans l’Histoire » puis j’ai rejoint l’équipe des « Amis du Mantois », anciennement G.R.E.M, Groupe de Recherches et d’Editions Mantaises. Pour entrer au conseil d’administration de la « Fédération d’Histoire des Yvelines », il faut faire partie d’une association membre. Michel Sevin, ancien maire de Mantes-la-Jolie et président des « Amis du Mantois » m’a cooptée pour entrer au conseil d’administration de la fédération et dès mon arrivée en 2016, je me suis occupée du concours du jeune historien.
Parlons maintenant de la Fédération des Sociétés Historiques et Archéologiques des Yvelines.
Basée aux archives départementales de Montigny-le-Bretonneux, la Fédération a pour objet le développement de la recherche historique locale et la transmission de la connaissance de l’histoire et du patrimoine des Yvelines. La fédération organise des colloques, conférences, manifestations, formations, concours avec remise de prix. On lui doit tout un travail sur le « Général de Gaulle et les Yvelines », l’économie, les transports, la religion, les fêtes dans le département. Elle réunit trente-deux associations d’histoire locale réparties sur tout le territoire de Mantes-la-Jolie à Rambouillet, en passant par Maisons-Laffitte ou encore Poissy et compte plus de deux mille membres dont la mission est de raconter l’histoire de leur ville à coups de parutions et d’expositions. A l’image du monde associatif, ces passionnés sont aussi bien des maires honoraires, des érudits locaux, des amateurs de cartes postales ou des férus d’archéologie.
Quelle est la composition du conseil d’administration de la Fédération ?
Comme toutes les associations, « Histoire des Yvelines » est administrée par un conseil d’administration composé d’une quinzaine de personnes choisie parmi les représentants d’associations adhérentes. Le bureau comprend un président, un vice-président, un secrétaire et un adjoint ainsi qu’un trésorier et son adjoint. L’assemblée générale a lieu en début d’année et, pour gérer les projets en cours et à venir, nous nous réunissons trois ou quatre fois par an et nous contactons par mails et appels téléphoniques entre chaque réunion.
Quelle a été votre motivation pour accepter la présidence de la Fédération !
Bien qu’ayant toujours été pour la démocratisation de la culture, j’ai longuement réfléchi avant d’accepter de prendre le relais après François Boulet, président créateur de la fédération depuis 2006. Cet éminent professeur d’histoire du lycée international de Saint-Germain-en-Laye est celui que l’on peut raisonnablement considérer comme la mémoire vivante du département : il est mon mentor et mon âme sœur sur le plan intellectuel.
Et si nous parlions du concours organisé pour les jeunes historiens yvelinois ?
Voilà seize ans que ce concours est organisé chaque année à l’initiative de la Fédération en partenariat avec la Direction des services départementaux de l’Education nationale et du Conseil départemental. Il est ouvert aux élèves du public et du privé des écoles élémentaires, collèges et lycées des Yvelines. Les candidats sont invités à produire un mémoire d’histoire locale sur le sujet de leur choix. Dès réception des inscriptions par les enseignants, je me déplace dans les établissements pour présenter plus précisément le concours.
Les travaux des élèves peuvent être remis sous la forme qu’ils souhaitent : dessin, exposé, journal numérique, reportage vidéo, site Internet dédié, … Le sujet peut concerner une personnalité, un monument, une commune ou un évènement historique local. Les élèves des collèges ou lycées peuvent présenter un travail individuel ou par groupe de cinq au maximum et ceux des écoles élémentaires peuvent travailler en collectif.
J’ai été touchée par la grande créativité de la jeunesse ! Certains élèves juziérois ont réalisé des mises en scène filmées pour raconter la vie de la résistante locale Simone Sinclair (1896-1975).
Le but est de faire découvrir toute la richesse de notre patrimoine historique local. Plus qu’un projet pédagogique, ce concours permet également aux enfants de vivre une aventure humaine et créative : travailler ensemble, trouver puis confronter ses sources, rencontrer des témoins, créer le support de restitution, utiliser les savoirs numériques, … Les lauréats sont ensuite invités à recevoir leur récompense dans le splendide « salon des aigles » de la Maison départementale de Versailles.
Quels sont les prochains évènements de la Fédération.
Tous les deux ans, nous organisons un colloque sur un thème différent du précédent auquel sont invités les membres des associations adhérentes de la Fédération. Le prochain aura lieu le 8 octobre à Bonnières. A l’occasion du 100ème anniversaire du décès du couple illustre Georgette Agutte et Marcel Sembat, le colloque aura pour thème : « Couples en Yvelines ». Préparé par le biais d’études approfondies d’archives, d’ouvrages ou d’articles historiques, il aura pour objectif de présenter des couples célèbres du monde politique, littéraire, artistique, … des plus originaux aux plus humbles, ayant vécu ou séjourné dans notre département.
Un autre grand projet est à l’étude pour 2024. Nous comptons travailler autour du grand évènement planétaire que sont les Jeux olympiques, estimant qu’il s’agit d’une occasion exceptionnelle de parler de l’Histoire de notre département, de celle des sites où se dérouleront les compétitions et des sportifs des Yvelines qui ont pu marquer l’histoire des Jeux.
Le temps passe très vite à vous écouter ! Quel message souhaitez-vous transmettre à nos lecteurs et surtout aux associations d’histoire.
Ma motivation première est de donner le goût de l’histoire aux plus jeunes au nom de l’ouverture d’esprit. Lorsque j’étais à la mairie de Limay, j’ai emmené les enfants partout et fait des tonnes d’expositions. J’ai également travaillé sur l’enfance d’Henri Dauman, devenu depuis un célèbre photographe américain, lorsqu’enfant juif, il fut recueilli et caché chez une famille de Limay pendant la seconde guerre mondiale.
Je terminerai en demandant aux associations d’histoire d’avoir un lien avec les écoles pour transmettre le passé car c’est très important de transmettre notre patrimoine aux futures générations ; cette transmission qui fait partie de l’éducation peut aider à comprendre -et à conjurer- ce qui hélas ! a parfois conduit à la haine de l’autre.
Merci Élodie de nous avoir reçus. Félicitations pour votre dynamisme ! Tous nos souhaits vous accompagnent pour la réalisation de vos projets.
Propos recueillis par Geneviève Forget et Eric Le Scanff