Francoise ROUSSEL, présidente de l’association « Des mots et des notes… »
Vous connaissez peut-être cette toute jeune association, une des dernières nées dans notre secteur dans le domaine de la culture, mais vous vous demandez peut-être quelles sont ses activités ; nous avons rencontré pour vous sa présidente, Françoise Roussel ; avec elle, découvrons tout ce qu’elle fait pour la promotion de la musique et des lettres…
Bonjour Madame Roussel, merci de recevoir notre journal. Pouvez-vous expliquer à nos lecteurs quelles sont les missions de votre association ?
Notre objectif est assez simple, avant toutes choses nous souhaitons faciliter la transmission de la musique, surtout celle que l’on qualifie souvent de « classique », dans la population de notre secteur et particulièrement chez les jeunes, nous œuvrons dans ce sens.
Comment « Des mots et des notes » est-elle née ?
Avec quelques-uns et en particulier une talentueuse chanteuse professionnelle soprano, Anne Constantin (elle est d’ailleurs maintenant notre directrice artistique), rencontrée au hasard d’un concert organisé au bénéfice de l’association « La clef pour l’autisme », nous avons décidé de proposer des récitals dans notre région. Cette artiste avait à peu près la même idée que moi en ce qui concerne la transmission et avait en tête une envie de promotion des jeunes musiciens, nombreux dans les conservatoires, mais qui avaient beaucoup de difficulté à se produire. A force de ténacité et de pugnacité, nous avons proposé en 2008 un premier festival de musique et de langue françaises dans notre secteur de Meulan – Les Mureaux – Verneuil (maintenant remplacé par Triel-sur-Seine) et, en octobre 2009, nous avons porté notre toute jeune association sur les fonts baptismaux ; l’aventure commençait !
Vous semblez avoir une grande sensibilité pour la musique, avez-vous reçu une formation musicale ?
Non, malheureusement, et croyez bien que je le regrette. Mais j’ai toujours eu un grand penchant pour la musique classique ; le premier disque que j’ai acheté, lorsque j’étais adolescente, je me souviens encore, était un enregistrement d’une œuvre de Beethoven. J’ai bien sûr, comme tous les enfants, étudié un peu la musique à l’école, primaire et collège, mais il m’a fallu attendre très longtemps pour faire l’acquisition d’un piano. Je suis depuis des cours et peux maintenant pianoter pour mon plaisir. C’est sans doute cette sorte de frustration, une grande passion pour la musique et un manque criant de connaissance et de pratique qui ont provoqué chez moi cette volonté de transmettre, de faire connaître ; c’est aussi ce qui est à l’origine de notre association.
Une après-midi à l’Opéra comique avec des élèves de Meulan et Verneuil.
Dans la pratique justement, comment assurez-vous cette transmission ?
Comme je vous l’ai déjà dit, avant même la création de notre association, dès 2008, nous avons mis en place un concours de chant pour les jeunes chanteurs en fin de cursus. Leur formation est assez longue et lorsqu’ils l’ont terminée, vers 21 ans pour les filles et un peu plus tard chez les garçons, ils ont, comme les musiciens, beaucoup de difficulté à se produire. Parallèlement aux concerts, nous avons donc organisé ce concours qui permet aux jeunes artistes de rencontrer des personnalités du monde de la musique. Ils peuvent ainsi se faire mieux connaître et élargissent leurs connaissances, un élément essentiel dans ce milieu. Ces rencontres et ce concours facilitent aussi leur progression artistique et enrichissent leur répertoire. Mais comme nous pensons que « la note » ne suffit pas, qu’il faut aussi « le verbe, le mot », nous avons eu l’idée de proposer, en complément de ce festival, des expositions. Elles sont composées de dessins que les enfants ont réalisés sur le thème retenu par les organisateurs pour le festival et qui est commun pour les enfants et les artistes. Ces croquis concrétisent la perception que ces enfants ont de la musique et de la littérature ; ils font l’objet d’un concours et il y a bien sûr des récompenses pour les meilleurs. La remise des prix a lieu après chaque festival dans la belle salle du tribunal de la mairie de Meulan ; le 1er décembre dernier, en plus des cent vingt-cinq ouvrages remis à chacun, deux classes, un CM2 de Meulan et un CP/CE1 de Verneuil-sur-Seine, ont été invitées à se rendre le 25 février à l’Opéra comique. Confortablement installés sous les ors de la très belle salle Favart, ils ont assisté à un concert commenté « C’est quoi l’opérette ? ».
Votre association semble très orientée vers les enfants et leur rapport à la musique, y-a-t-il une raison ?
C’est vrai, c’est notre volonté et c’est vraiment là le cœur de notre action. Nous pensons que les médias dans leur ensemble ne proposent pas suffisamment de variété et de richesse dans leur programmation et qu’il y a une sorte de démission de la part des éducateurs et parents ; il en résulte une culture qu’on pourrait qualifier d’« insipide ». Depuis quelque temps déjà nous proposons des ateliers en classe de maternelle. Ils montrent l’intérêt des enfants, même très jeunes, pour la musique ; ils sont très réceptifs et, contrairement aux idées reçues, sont capables de rester attentionnés un assez long moment. Nous avons donc eu l’idée de proposer à l’intention de ces enfants, dès la maternelle et en primaire, des concerts pédagogiques. Ils sont organisés en partenariat avec la communauté de communes Vexin Seine (CCVS) dans quelques lieux remarquables qui font partie du patrimoine de notre secteur (les jardins de la Maison Berson à Meulan, le manoir de Tessancourt, le château de Jambville…) permettant un lien très fort entre l’architecture et la musique. C’est le quatuor « Equinoxe », composé de jeunes musiciens bourrés de talent, qui en assure la partie musicale ; ils sont très disponibles et répondent volontiers aux nombreuses questions posées par les élèves. De son côté, l’enseignant peut préparer ces concerts avec sa classe en axant son travail sur la musique, le musicien, les instruments, voire l’histoire, en fonction du lieu où l’on joue ; enfin, après l’audition et la rencontre avec les musiciens, les enfants font un travail de restitution. Plusieurs classes de Meulan, Mézy, Tessancourt, Jambville, Juziers, Vaux-sur-Seine et Oinville-sur-Montcient ont participé à ces concerts et le retour et leur appréciation sont pour nous très encourageants. Ces opérations étaient largement subventionnées par la CCVS, j’espère que la nouvelle communauté d’agglomération continuera…
Un rêve… : un orchestre à l’école
Organisez-vous d’autres manifestations ?
Bien sûr, même si notre action est majoritairement tournée vers les enfants, nous pensons aussi aux adultes. Nous proposons tous les deux ans, en général en novembre, un festival sur un thème donné, celui de 2010 célébrait l’Espagne et en 2012, nous avions choisi les animaux et les hommes. Nous proposons aussi des concerts de printemps. A ce sujet, nous pouvons déjà annoncer le prochain qui aura lieu le 7 avril dans l’église Saint Nicolas de Meulan. Il sera consacré à la musique russe et à Richard Wagner dont nous célébrons cette année le 200ème anniversaire (voir article page 7). Les musiciens seront ceux de l’école de musique de Verneuil-sur-Seine, cela promet de beaux moments. L’an dernier, avec la collaboration du CLC de Meulan, nous avons aussi organisé un premier marathon de lecture qui a connu un bon succès. Le concept en est très simple : les lectures sont faites à voix haute et sont entrecoupées d’intermèdes musicaux interprétés par des musiciens amateurs, l’essentiel est de durer. Comme vous le voyez, notre envie de faire partager les mots est aussi forte que celle que nous avons pour les notes…
Mais vous devez être nombreux dans l’association pour conduire autant de projets ?
Nous sommes une vingtaine de bénévoles, ce qui n’est malheureusement pas suffisant pour rayonner comme nous le désirerions, à ce propos je lance une invitation à tous les amoureux des lettres et de la musique, s’ils veulent nous rejoindre… il y aura une place pour eux. Nous aurions particulièrement besoin de bénévoles ayant des compétences en graphisme, en communication, en photographie et aussi de techniciens spécialistes en son et lumière. Et comme beaucoup d’associations nous sommes toujours à la recherche de généreux mécènes…
Avant de nous quitter, existe-t-il un message qui vous tienne particulièrement à cœur et que vous voulez faire passer à nos lecteurs ?
Oh oui, mais c’est un rêve un peu fou, j’aimerais tellement mettre sur pied un « orchestre à l’école » qui serait composé d’élèves des écoles primaires ou des collèges de notre région. Comme vous le voyez c’est vraiment un rêve, mais qui sait, les utopies qui semblent les plus irréalisables deviennent parfois réalité, alors…
Merci beaucoup Madame Roussel pour ce petit voyage à travers la musique, nos lecteurs ont pu apprécier la passion qui vous anime, nous espérons leur avoir donné envie de vous suivre dans cette belle aventure.
(Propos recueillis par Jannick Denouël)