Frédéric Pinlet, président fondateur de l’association « Dragon Bleu » à Triel
Bonjour Frédéric Pinlet, merci de vous rendre disponible pour parler de votre activité. Tout d’abord, pouvez-vous vous présenter ?
Je peux dire que j’ai un parcours atypique. Jeune, je passe le plus clair de ma scolarité à créer, dessiner, imaginer un monde sans limite. Mes premières passions pour l’astronomie et l’aéronautique prennent naissance à cette époque ; elles ne me quitteront plus. J’ai créé en 2009 une association consacrée au Concorde pour la protection du patrimoine moral. Ainsi, nous avons organisé à Verneuil-sur-Seine, une exposition sur cet avion avec la présentation d’un moteur Concorde Olympus 593 offert à l’association. Jusqu’à la dernière édition, j’ai participé à l’organisation du grand meeting aérien des Mureaux « La Fête de l’Air ».
Sur le plan professionnel, diplômé en 1980 de l’Ecole de Direction d’Entreprises de Paris (EDEP), je crée TERA CONSEIL (Conseil en Marketing) et le Groupe JAWX (création de jeux multimédia). J’assure la direction artistique de ces deux entités pendant une vingtaine d’années.
Vous êtes modeste car renseignements pris, j’ai découvert que JAWX devint alors la première structure française en création de jeux destinés à la presse, la télévision, la radio et au grand public avec les jeux de plateau. Vous nous racontez même que Brian May, guitariste de Queen, utilise l’un de vos logiciels pour créer de nouvelles sonorités (1).
Merci de l’évoquer mais à partir de 1984, je découvre le kung fu ! A la recherche d’un sport de combat, je visite une école de cette discipline dans le XIXème arrondissement de Paris. Cet art martial, fort peu connu à cette époque, connaît en Occident ses premiers frémissements sous l’impulsion de l’un des grands pionniers des arts martiaux chinois en France, Maître Dan Schwarz. Je découvre année après année que le kung fu est un art et même un art de vivre. La philosophie véhiculée dans l’imaginaire devient une réalité avec tout un cortège de petits bonheurs comme celui d’enseigner et donc de transmettre à son tour.
Quand créez-vous le Dragon Bleu ?
A l’issue de l’obtention de mon diplôme fédéral de kung fu et taijiquan en 1997, me sentant de plus en plus étranger au monde des affaires, je décide de modifier radicalement mon parcours en créant une association de développement des arts martiaux chinois en France : le Dragon Bleu. Après plusieurs séjours en Chine, je perfectionne mon instruction martiale au contact des moines de Shaolin avec lesquels j’entretiens désormais une relation privilégiée. En 1998, je reçois le diplôme de l’Ecole du Temple de Shaolin. En 2000, je me consacre entièrement à l’école sans négliger ma passion pour la photo, la vidéo et le graphisme ; je réalise alors des reportages et des documentaires, dont un en Chine, en 2004, pour « Envoyé spécial ».
Vous arrêtez toutes autres activités professionnelles ?
Oui, je quitte sans regret le monde de l’entreprise pour me jeter dans l’aventure du précaire et de l’incertitude. Toutefois, comme je l’ai évoqué, je ne lâche pas ma passion pour l’aéronautique et le Concorde en particulier.
Pouvez-vous, désormais, nous parler de cette école d’arts martiaux, de sa naissance à aujourd’hui ?
En 1997, j’organise en mars une réunion d’information à Verneuil-sur-Seine, sur les arts martiaux chinois et huit élèves s’inscrivent. Il y en aura quarante-huit à la rentrée de septembre de la même année. Le nombre de participants atteint aujourd’hui cent cinquante, réparti sur trois sites, deux à Triel et un à Epone (2). L’école enseigne le kung fu de 5 à 60 ans et depuis 2005, nous nous sommes ouverts sur les Arts « internes » (pratique lente) du taichi et du qigong.
Pouvez-vous nous expliquer les différentes disciplines ?
Le kung fu est l’art martial chinois, constituant à la fois une forme ancestrale de culture physique et de combat à mains nues à coups portés, dont s’inspireront beaucoup plus tard tous les autres arts martiaux, fidèles en cela au dicton : « Tous les arts martiaux sous le ciel sont nés à Shaolin ».
Le taichi est une gymnastique chinoise consistant en un enchaînement lent de mouvements, c’est la bio-mécanique de notre corps.
Le qigong est un travail sur le souffle, fondé sur la libération de l’énergie vitale, associant des postures plutôt que des enchaînements ; si le taichi développe le véhicule qu’est notre corps, le qigong en est le carburant.
Pour pratiquer ces disciplines faut-il un équipement ?
Oui, nous proposons la tenue de l’école et des protections pour les combattants de kung fu.
Qui dit école dit formation, mais faites-vous aussi participer vos élèves à des compétitions ?
L’école a permis à plusieurs centaines d’élèves de découvrir les arts corporels chinois. Pour certains d’entre eux, ils ont pu participer à des compétitions et nous pouvons être fiers des résultats de ces vingt-sept ans passés : quatre-vingt-dix médailles d’or obtenues toutes catégories techniques et combats, plusieurs fois vainqueurs du Trophée du Dragon, trois médailles d’or et une d’argent à l’International Championship de Las Vegas (ICMAC) en 2015, sur quatre prestations.
On peut dire que vous avez atteint le graal avec ces résultats au plus haut niveau. Au-delà, il semble que le développement personnel soit important, d’ailleurs sur votre site vous parlez de philosophie, pouvez-vous nous en parler ?
Oui, le kung fu est d’abord une philosophie de la vie basée sur l’accomplissement de l’être à tous les niveaux : le travail, la condition physique, la sociabilité et l’amélioration de l’être dans tous les domaines de la vie. C’est également un outil pour forger son corps, apprendre à l’utiliser pour sa défense et même sa subsistance, développer cela de manière durable pas tant pour allonger sa vie que pour finir ses jours en pleine forme. Pour prolonger cette philosophie, en 2011 j’ai écrit un ouvrage intitulé : « Je suis donc je pense ».
Dans ce livre, j’évoque l’occidental qui passe « le plus clair de son temps » à analyser, à essayer de comprendre ce qui ne nécessite pas toujours d’être compris, de modéliser, de montrer à toute occasion qu’il est tout sauf appartenant au règne animal. Pour cette simple raison, il va se placer dans une ornière de laquelle il passera « le plus clair de son temps » à tenter de s’extraire.
Avez-vous d’autres activités ?
Une des particularités de notre école c’est d’avoir initié le Nouvel An Chinois dans les Yvelines. Nous avons organisé sept éditions de cette fête à Verneuil-sur-Seine et depuis deux ans, à Triel. Nous préparons la 8ème édition qui aura lieu le samedi 1er février (voir l’article sur le Nouvel An Chinois en page 2). Cette fête mobilise tous nos membres et la ville avec la participation de plus de quatre mille personnes.
Le Nouvel An Chinois 2025, placé sous le signe du Serpent de Bois, devrait être grandiose avec un dragon géant d’une hauteur de cinq mètres et le plus long serpent du monde créé par les écoles. L’animation de rue débutera à 17 h aux Châtelaines et se poursuivra, place Philippe Prévost, avec la danse des dragons et du lion, la chorale des écoles, un spectacle époustouflant mêlant danse et kung fu et un feu d’artifice. Une soirée danse avec Show Time clôturera la fête.
Nous vous souhaitons un grand succès pour cette fête exceptionnelle. Préparez-vous d’autres événements ?
Oui, à chaque printemps depuis l’année 2000, un moine de Shaolin vient dans les Yvelines à notre invitation permettant à plus d’une centaine de Français et même d’Européens de s’initier au kung fu et au taichi. Tout au long de l’année, nous proposons des initiations le week-end, il suffit de flasher le QRcode ci-contre pour connaître le planning et s’inscrire. Chaque été également nous animons les quartiers d’été de Triel avec des ateliers de découverte en plein air. Une belle occasion de penser à son développement durable… personnel.
Avant de conclure pouvez nous indiquer comment vous joindre ?
Pour nous joindre plusieurs possibilités :
- par téléphone au 01 78 80 56 66,
- sur notre site https ://www.kungfudragonbleu.com,
- par mail : info@kunfudragonbleu.com,
Merci pour votre disponibilité, ravi d’avoir pu présenter à nos lecteurs la plus prestigieuse école d’Arts martiaux de France.
Propos recueillis par Yves Maretheu
(1) En 1983, la vague de la micro-informatique nai (1°ssante, le groupe JAWX devient international avec l’implantation de filiales aux USA et au Japon : création du jeu « Le Magistral » avec Pierre Bellemare sur Europe1, participe activement à la création du premier concept de jeu interactif pour « Les Délires d’Hugo » sur France 3, du jeu TV en prime-time « Grain de Folie » sur la 5, du jeu de hasard Pagu, bestseller au Japon devenu Tough Luck, grand jeu-télévisé en Angleterre. Cette année-là, le Groupe devient le leader français en matière de création de logiciels familiaux. Il entre aussi dans Le livre Mondial des Inventions avec le jeu informatique ChickenChase. Viendra ensuite la création des logiciels Katuvu, Sérénade, La Palette Magique, Stradgraf, Olé JAWX obtiendra quatre TILT D’OR sur six nominations, la consécration des récompenses en matière de jeux-vidéo dans les années 80.
(2) Sites et horaires de l’école :
- Espace Remi Barrat, 45 rue du Dr Sobaux à Triel :
- mardi, 17 h 45 : kung fu enfants – 19 h 30 : kung fu adultes et ados,
- jeudi, 17 h 15 et 18 h 15 :taichi/qigong – 19 h 30, kung fu adultes et ados.
- Salle du Village (église) rue de la Brèche à Epône : lundi, 18 h et 19 h.
- Ateliers compétition & Spectacle au Complexe sportif Maurice Solleret (COSEC) à Triel : samedi, 13 h.