Gilles Pineau, président de l’Harmonie de Juziers
Bonjour Gilles ! Quelle bonne idée de me recevoir dans la salle des répétitions de l’harmonie de Juziers, au milieu des partitions et des pupitres ! Vous en êtes le président, quel a été votre parcours au sein de cette association ?
J’étais très jeune quand je suis entré à l’harmonie et ne connaissais rien à la musique et au solfège. J’ai fait la découverte du saxo avec mon ami et regretté Thierry Decressac qui a tenu avec Michel Ozanne une petite école de musique pour débutants. Après quelques mois, j’ai appris les bases du solfège et l’utilisation de mon instrument en suivant des cours au conservatoire de Mantes-la-Jolie.
Lorsque j’ai atteint suffisamment de maturité musicale et la connaissance de mon instrument, j’ai intégré l’harmonie de Juziers et participé aussitôt à mon premier concert à la fête foraine communale. C’était très impressionnant, du haut de mes 8 ans, d’intégrer les répétitions et les concerts. Puis j’ai fait mes études à Paris et je n’aurais manqué les répétitions pour rien au monde. Pour moi faire partie de l’harmonie, c’est être musicien bien sûr mais c’est aussi par nostalgie du village et l’esprit d’équipe.
Absent pendant une vingtaine d’années pour causes familiales et professionnelles, c’est après avoir assisté à un concert public de l’harmonie que j’ai réintégré l’équipe. J’ai repris la présidence il y a quelques années après Jean Yves Rebours qui est à l’origine de plusieurs initiatives qui ont permis à notre orchestre de vivre de belles années.
A vos débuts, quel était le rythme des répétitions ?
Lorsque j’ai commencé, Michel Ozanne, maire de la ville, était notre chef : l’harmonie lui doit beaucoup. Il a dirigé l’orchestre pendant une quarantaine d’années à partir de 1956. Les répétitions se faisaient chaque vendredi soir avec l’ensemble des musiciens. Cette coutume a toujours lieu dans cette même salle qui porte son nom.
Quand l’harmonie a-t-elle été créée ?
Tout d’abord, il est important de souligner que cette grande et belle histoire est indissociable de la vie de notre commune. L’harmonie a été créée par Monsieur Delatour en 1860, instituteur du village. A l’époque, on parlait de fanfare et tous les évènement et fêtes communales étaient animés sous forme de défilés ou de petits concerts. Elle siégeait dans une ancienne école située rue de la Poste maintenant rue Janine Vins. Son but était de développer le goût de la musique aux Juziérois. En 1935, la fanfare prend le nom d’harmonie. Des musiciens vont même enseigner le chant aux écoliers.
Depuis, les chefs et les présidents se sont succédé avec leur personnalité et leur histoire. Cet état d’esprit ou engagement moral vis-à-vis de la commune n’a pas changé. La forme et les représentations ont évolué avec le temps et jamais l’harmonie de Juziers n’a fait défaut aux sollicitations de la ville, soit pour les cérémonies officielles type commémoration du 11 novembre, soit pour tout autre style comme les fêtes communales
En regardant autour de moi, je constate les traces du passé sur les murs.
Effectivement : photos de concerts, instruments de musique et aussi une grosse caisse d’époque décorent la salle. Mais notre fierté est cette bannière de 1869, don de Napoléon III à l’harmonie. Il faut préciser que l’empereur venait quelquefois au « château de la Sergenterie » où demeurait Jules Baroche, son ministre de l’Intérieur. Présentée dans une vitrine, inutile de préciser que cette bannière est à prendre avec infiniment de précautions malgré sa restauration à l’occasion de son centenaire en 1969.
Aujourd’hui, que peut-on dire sur l’harmonie de Juziers ?
Elle n’est pas seulement un ensemble musical faisant partie du tissu social et associatif de la commune. Elle est aussi un lieu de partage, d’amitié, d’échanges : Denise, notre doyenne retraitée de la musique, a plus de 90 ans. Beaucoup d’histoires se sont écrites au sein de cette association : souvenirs, rencontres, amitiés et même mariages.
Dans les années 1970, au vu de la personnalité que représentait Michel Ozanne, il était rare que la jeunesse de Juziers ne passe pas par l’harmonie et je suis à peu près certain que d’anciens élèves, lorsqu’ils retrouvent chez eux la boite poussiéreuse de leur instrument de musique fermée depuis trop longtemps, doivent se remémorer cette période avec nostalgie et émotion.
Aujourd’hui, l’orchestre est sous la baguette de notre excellent chef Christophe Prince, successeur de Monsieur Lefèvre, clarinettiste professionnel. Petite information : dans les années 2010, sur sollicitation des « Blérots de R.A.V.E.L »(1) – groupe français de chansons fondé en 1996 à Maule – l’harmonie a joué avec ce groupe dans la grande salle parisienne de « l’Alhambra ».
Une vingtaine de musiciennes et musiciens composent l’orchestre. Grâce à nos impressionnantes archives de partitions, nous pouvons jouer tout type de musique : classique, jazz rock et même chansons d’aujourd’hui. Nous sommes toujours présents aux cérémonies officielles et organisons deux concerts par an : le premier au début du printemps et le second à la sainte Cécile, patronne des musiciens, programmé cette année le 5 décembre dans l’église Saint-Michel de Juziers. Quand cela est possible, nous participons à la fête des voisins en donnant des aubades dans les rues. Il nous arrive aussi de jouer en extérieur sur la sollicitation de connaissances : église de Freneuse, Cahaigne (Eure)… Occasionnellement, nous collaborons avec quelques musiciens de la « Banda » et de l’harmonie de Nézel ainsi qu’avec l’harmonie de Bouaffle.
Quels sont vos projets ?
Aujourd’hui, avec notre chef Christophe et les amis composant le bureau, notre projet est de combattre l’absence et le non renouvellement des musiciens. J’insiste particulièrement sur ce dernier point et je profite de cette interview pour lancer un appel à vos lecteurs. Où que vous habitiez, quels que soient votre niveau et votre âge, la porte de l’harmonie est ouverte à tous. Je rencontre souvent de nombreuses personnes qui me disent avoir appris en leur temps la clarinette, la trompette, le saxo, la flute, les percussions, … et qui laissent dormir cet acquis. C’est peut-être une façon de repasser par sa jeunesse et je pense que derrière tout instrument, le musicien n’a pas d’âge.
Alors venez, venez ! Rejoignez-nous chaque vendredi dans notre salle de répétition derrière l’école de la Sergenterie, à côté de la chapelle Sainte-Rita. L’amitié, la convivialité, l’amour du partage de la musique feront le reste !
Avant de terminer cet échange, je souhaite remercier vivement la municipalité de Juziers qui, malgré les difficultés récentes ou passées, a toujours été présente.
Au nom des Echos de Meulan, merci Gilles pour votre accueil et je souhaite de tout cœur que votre appel soit entendu. Longue vie à l’harmonie de Juziers !
Merci aux Echos de Meulan pour cette interview et je terminerai par une citation de Nietzsche
« Sans musique, la vie serait une erreur ». Musicalement vôtre…
Propos recueillis par Geneviève Forget.
Contact : Orchestre harmonie de Juziers – Hôtel de ville – 78820 Juziers – gipineau@gmail.com
(1) Blérots de R.A.V.E.L : Renouveau Artistique Volontairement Elaboré par des Losers