Marc Flichy, trésorier de l’association gaillonnaise Raffut
Raffut, quel drôle de nom ! Mais qu’est-ce qui peut bien se cacher derrière cet acronyme si bizarre ? Nous vous invitons aujourd’hui à le découvrir ; pour cela, écoutons le trésorier et co-créateur de cette association qui ne fait pas que du bruit…
Bonjour Marc, merci de recevoir Les Echos. Vous le savez sans doute, le nom de votre association interpelle, comment l’avez-vous choisi ?
Nous avons pris ce nom, un acronyme signifiant Réseau Artistique Festif et Féministe d’Utopie de Terrain, un peu par provocation et beaucoup par conviction. Je tiens tout de suite à rassurer vos lecteurs. Nous n’avons pas pour seul objectif de faire du bruit ; nous voulons surtout organiser et promouvoir des évènements culturels dans notre secteur, celui de Gaillon-sur-Montcient.
Comment est née Raffut, racontez-nous ?
Ma compagne, Adèle Michel et moi, sommes depuis plusieurs années dans le milieu du spectacle vivant. Elle a une formation de comédienne et a suivi des cours au théâtre-école Le Samovar pour devenir clown. Elle a d’ailleurs créé une compagnie qui s’appelle « Quand les moules auront des dents » et fait aussi partie de ces clowns qui apportent un peu de sourire aux enfants hospitalisés « Le rire médecin ». Pour ma part, je suis régisseur général de spectacles vivants depuis plus de quinze ans. Depuis longtemps, nous avions l’envie d’organiser un festival ; aussi, lorsque nous sommes arrivés à Gaillon en 2021, juste avant d’acheter la maison dans laquelle nous habitons, en garant notre voiture sur la place de l’église et en voyant la belle place qui se trouve devant la mairie, nous avons tout de suite eu un déclic : c’était le lieu idéal pour installer un chapiteau ! A partir de ce moment est née l’idée de créer une association dont le premier objectif serait d’organiser un festival et c’est surtout dans ce but qu’est née Raffut en novembre 2023 ; Adèle en est la présidente et moi le trésorier.
Donc la vocation de Raffut est avant tout l’organisation d’un festival ?
Oui c’est vraiment son objectif principal, mais ce n’est pas non plus le seul. Nous avions envie de proposer un évènement à notre image qui corresponde le mieux possible à nos convictions : organiser et promouvoir des événements artistiques en créant des liens entre les habitants ; c’est d’ailleurs pour cette raison que nous désirions intégrer les Gaillonnais à ce projet. Bien sûr, nous n’avons pas pu réaliser ce rêve tout de suite ; nous avions un peu de travail pour rendre notre maison habitable, mais par la suite, rapidement nous avons pris contact avec la municipalité qui semblait d’accord pour une telle organisation. Ce n’est qu’à partir de ce moment-là que nous avons commencé à préparer un festival sur une journée, « Joyeux Raffut » prenait forme ; une date avait même été avancée : septembre 2024 !
Vous nous parlez d’associer les villageois à l’organisation de ce festival, comment avez-vous pratiqué ?
Nous avons proposé une réunion préparatoire publique à laquelle a assisté une vingtaine de personnes. Le projet était lancé ; plusieurs d’entre elles se sont portées volontaires pour nous aider… bénévolement. En effet pour cette première édition, nous voulions organiser cet évènement sur nos fonds propres, sans demander d’aide à la commune, le pari était risqué.
Vous aviez déjà une idée du contenu de ce festival ?
Oui plus ou moins, nous avions en tête un « mix » de musique de théâtre et de rue, avec bien sûr des clowns. Si l’on en croit les spectateurs de cette première édition, c’est un mélange qui a plutôt bien marché. Nous avons donc composé un programme avec un concert le soir, une soirée animée par un DJ et cinq spectacles, pour tout public, dans la journée.
Vous nous avez parlé de fonds propres, comment avez-vous réussi à équilibrer votre budget ?
Tout d‘abord la mairie du village nous a prêté gratuitement la salle, c’est déjà un point important et le Parc Naturel Régional du Vexin nous a accordé une subvention. Ensuite, nous avons activé au maximum tous nos contacts et avons pu ainsi obtenir la plupart du matériel sous forme de prêt (merci aux mairies de Gaillon et de Meulan, au festival « Content pour rien » à Mantes, aux associations la Ruche et Art Osons à Cergy et à l’Emmaus de Follainville).
D’un autre côté, de nombreuses sociétés nous ont apporté leur aide : les fermes du Haubert et de la Haye, le CIC, la MAIF, le magasin Auchan de Tessancourt, la Biocoop d’Epône, le Fournil de la Moncient, Proxima, Regietek et Tonton Patch. Grâce à ces dons et à toutes ces aides, nous avons pu mettre sur pied le festival en payant les artistes, une chose à laquelle nous tenions beaucoup. Son succès vient peut-être aussi du fait que nous avons proposé l’entrée du festival à prix libre, chacun donnant suivant ses possibilités ; nous avons pris un risque mais nous avons surtout permis à un plus grand nombre de participer et finalement, nous avons eu la bonne surprise d’enregistrer cinq cent cinquante visiteurs, ce qui est formidable pour une première édition ; de cette façon, nous avons pu rentrer dans nos frais sans engager nos fonds personnels.
En ce qui concerne la participation d’un public local, avez-vous atteint votre objectif ?
Nous avons constaté que la moitié des spectateurs venait du village ou des communes voisines, ce qui est tout fait satisfaisant. Nous avons surtout pu compter sur une quarantaine de bénévoles, un beau mélange de personnalités qui a participé à la réussite de cet événement ; c’était vraiment une belle aventure humaine et cela fait aussi partie de notre succès.
Voilà ce premier festival réussi, et maintenant ?
Dans un premier temps afin de maintenir voire de renforcer les contacts établis pendant le festival, nous avons dans l’idée de proposer deux ou trois spectacles (concerts, cinémas, etc.) au cours de l’année ; nous sommes en phase de réflexion à ce sujet.
Mais notre principal objectif reste avant tout l’organisation d’un deuxième festival ; nous y travaillons et une date est déjà retenue ; toutefois, nous envisageons la prochaine édition un peu différente. Il nous semble difficile de prendre à nouveau le risque financier ; c’est pourquoi nous avons contacté la communauté urbaine GPS&O et d’autres subventionneurs potentiels qui pourraient nous apporter leurs soutiens.
Cette année, le temps fort devrait encore se dérouler à Gaillon mais sur deux jours consécutifs, vendredi soir et samedi toute la journée et nous souhaiterions proposer deux événements sur un après-midi dans des villages voisins. Nous avons donc envoyé des courriels à plusieurs municipalités pour savoir si elles étaient intéressées, Raffut a prouvé ce qu’elle était capable de faire et a aussi montré que ce format, qui ne coûte pas très cher, peut fonctionner en satisfaisant un large public.
Je profite aussi de cette rencontre pour rappeler que notre association peut organiser et proposer des spectacles tout au long de l’année.
Avant de nous quitter, avez-vous un message particulier à adresser à nous lecteurs ?
Oui, j’aimerais souligner que notre association est toujours à la recherche de partenaires financiers qui pourraient nous aider d’une façon ou d’une autre à la réalisation de notre festival et que si des bénévoles veulent nous rejoindre pour participer à cette belle aventure, ils seront les bienvenus.
Merci beaucoup Marc pour toutes ces informations. Le journal vous souhaite bon courage pour l’organisation de ce nouveau festival ; peut-être qu’en lisant cet article certains seront intéressés à rejoindre votre équipe ou à vous donner un coup de pouce financier ? En tous les cas bravo pour tout ce que vous réalisez pour distraire tout en créant du lien et surtout pour le plaisir que vous apportez à tous vos spectateurs
Propos recueillis par Jannick Denouël