NELLY OLIN, Présidente de l’unité locale de la Croix Rouge Française

Comme vous le savez sans doute, depuis maintenant une année, l’unité locale de la Croix-Rouge Française est animée par Nelly Olin ; nous vous proposons aujourd’hui de faire mieux connaissance avec cette nouvelle présidente et de découvrir les nombreuses actions menées par la Croix Rouge.

 Bonjour madame Olin, merci de recevoir « Les Echos ». Bien qu’ils vous rencontrent souvent dans les rues de Meulan, nos lecteurs ne vous connaissent pas encore très bien, pouvez-vous, s’il vous plaît, leur expliquer comment vous êtes arrivée à la tête de l’unité locale de la Croix-Rouge ?

Avant tout, il faut préciser que je suis issue d’une famille d’origine maltaise, dans laquelle la solidarité n’était pas un vain mot ; de plus, nous avons toujours eu un lien très fort entre parents, frères et sœurs, ce qui explique ma venue dans la région parisienne, à Garges-lès-Gonesse précisément, afin de me rapprocher de tous les miens. A cette époque, je travaillais en tant qu’assistante de direction dans une entreprise qui fabriquait des machines-outils ; la ville était en pleine mutation et j’ai ressenti le besoin de m’impliquer pour tenter de contrer les projets de construction dense et anarchique. D’abord conseillère municipale, j’ai ensuite été élue maire de cette ville, dans laquelle j’ai effectué un mandat de 1995 à 2004. Parallèlement, j’ai également été conseillère générale du Val d’Oise puis sénatrice. Dans chacun de ces postes, j’ai eu des responsabilités au sein de la commission des affaires sociales ; j’ai toujours eu envie de venir en aide aux autres, sans doute le résultat de mon éducation.

Je crois que vous avez également été ministre ?

Effectivement, j’ai d’abord été, en 2004 dans le gouvernement de Jean-Pierre Raffarin, ministre déléguée à la Lutte contre la précarité et l’exclusion, puis ministre déléguée à l’Intégration, à l’égalité des chances et à la lutte contre l’exclusion, une mission qui me convenait parfaitement et dans laquelle je me suis épanouie ; il y avait tant de choses à faire. Ce poste m’a aussi permis de rencontrer de grands personnages, Xavier Emmanuelli, le fondateur du SAMU social à Paris, par exemple ; j’y ai aussi vécu mes premières expériences de la maraude, des moments difficiles et douloureux devant de tels dénuements. Par la suite en 2005 et dans le gouvernement de M. de Villepin, j’ai été nommée ministre de l’Ecologie et du Développement durable, un autre combat pour préserver l’avenir de la planète et de ses populations.

Et de ce poste de ministre, comment êtes-vous arrivée à celui de responsable de la Croix-Rouge à Meulan ?

Lorsque je suis arrivée à Meulan en 2007, là encore dans le but d’être plus proche de ma famille, je me suis d’abord impliquée dans la fondation Veolia pour l’environnement. Cet organisme a pour mission de soutenir des actions qui luttent contre l’exclusion et qui concourent à la protection de l’environnement. J’ai participé à cette action pendant deux ans, puis, le docteur Couffin, président à cette époque de la Croix-Rouge locale arrêtant compte-tenu des statuts, j’ai été contactée pour prendre la responsabilité de cette unité. Ce poste était en parfaite adéquation avec ce que j’avais toujours aimé faire, je n’ai donc pas hésité. Après quelques mois de travail en compagnie de Jean-Pierre Couffin, qui d’ailleurs est toujours vice président, me voilà maintenant en charge de cette unité. Ce poste de présidence a aussi coïncidé avec le déménagement de notre ancien local de l’avenue des Aulnes vers celui situé rue Gambetta, il y avait là un challenge supplémentaire.

Effectivement, ces nouveaux locaux semblent très agréables.

Oui, non seulement nous avons plus d’espace mais c’est surtout plus fonctionnel. Nous disposons de petites pièces dans lesquelles nous pouvons recevoir les gens dignement et discrètement. Je reste très attachée au contact direct avec ceux qui viennent nous voir et me rends disponible pour les accueillir afin qu’ils se sentent pris en considération.

Avant de faire l’inventaire de vos actions, pouvez-vous nous présenter votre équipe ?

Elle est actuellement constituée d’une quinzaine de bénévoles. Il y a bien sûr un trésorier et son adjoint, comme dans toutes les associations une bonne gestion des finances est essentielle. Puis une collaboratrice qui gère les courriers, la partie administrative, les relations avec les élus et avec la presse, la coordination des manifestations, la réalisation des plaquettes, des affiches et des journaux et supervise les maraudes tout en y participant. Elle est assistée dans ce domaine par d’autres membres de l’équipe, car la tâche est lourde.

Nous avons aussi un pôle « aide alimentaire », il est composé de quatre personnes, deux et demies pour la distribution et une et demie pour la gestion informatique du stock et l’enregistrement des familles et des denrées qui nous sont données. A ces personnes s’ajoutent le responsable des urgences sociales et de l’informatique, un bénévole « prêt à tout faire pour aider » et un autre pour les maraudes, ces deux dernières personnes sont de nouvelles recrues. Enfin nous avons la « vestiboutique », très importante, qui mobilise une personne à plein temps et deux à temps partiel, c’est un énorme travail.

Vous parliez de votre secteur d’action, de combien de communes est-il composé ?

Il comprend quinze communes, de Triel-sur-Seine à Juziers, en passant par Montalet et Jambville, ce secteur est très large. Surtout que, comme je vous l’ai dit, nous considérons comme très important de maintenir un vrai contact avec tous les maires de ces communes. A ce propos, nous avons décidé d’éditer un journal trimestriel à leur intention, il leur permet d’être informés de nos actions.

Contrat avec la BAPIF depuis juin dernier…

Pouvez-vous nous parler un peu de vos activités ?

Il y a tout d’abord l’aide alimentaire, c’est sans doute celle qui mobilise le plus nos équipes. Nous recevons les personnes qui ont besoin de cette aide, trois jours par semaine. Elles sont dirigées vers notre unité locale par le centre communal d’action sociale (CCAS) de chaque municipalité de notre secteur ou par l’assistante sociale du conseil général. Ces familles reçoivent toutes les trois semaines un colis contenant des produits alimentaires non périssables et des produits spécifiques aux bébés. Dans la mesure du possible, nous essayons de respecter un certain équilibre alimentaire dans ces colis, mais ce n’est pas toujours facile. Depuis peu, nous pouvons nous ravitailler à la Banque Alimentaire de Paris Ile-de-France (BAPIF) qui nous vend ces produits, comme le sucre ou les pâtes, à un prix imbattable. Le contrat a été signé juste avant les dernières vacances d’été et nous avons reçu notre première commande, une tonne de produits divers… qui a très vite été distribuée au moment de la rentrée scolaire. Tout notre stock est géré à l’aide d’un logiciel qui nous permet de prévoir les besoins et d’éviter les « trous ».

L’autre grosse activité de notre équipe est la « vestiboutique » ; c’est un travail dans l’ombre mais qui occupe plusieurs personnes toute la semaine ; il faut recevoir les vêtements donnés, vérifier leur état, puis les trier par taille, par saison… : c’est très lourd. Une fois toutes ces étapes passées, ces vêtements sont soit donnés aux personnes nécessiteuses, soit vendus. Nous organisons ces ventes une fois par mois dans nos locaux (NDLR : vous pouvez trouver les dates dans « les échos », rubrique dates à retenir (ndlr)). C’est une gestion assez complexe mais qui nous permet de récolter de 300 à 400 € par mois, ce n’est pas négligeable pour nos ressources !

Nous proposons aussi aux personnes en difficulté des microcrédits. Notre unité locale réalise une étude de faisabilité sur le montage d’un dossier de financement au bénéfice de personnes dont la situation ne permet pas de bénéficier d’un crédit bancaire classique.

D’un montant de 300 à 3 000 €, avec un faible taux de gestion, il pourra servir au bénéficiaire pour réaliser un projet d’achat (véhicule d’occasion, appareils ménagers, soins dentaires ou d’optique…). Le dossier est soumis au Crédit Municipal de Paris qui doit donner son accord. Il y a aussi le service de maraude ; il est mis en place chaque année du 1er novembre au 31 mars. L’équipe de bénévoles de notre unité est présente sur le terrain trois fois par mois, de 20 h à 24 h pour apporter de l’aide alimentaire, des couvertures et un logement d’urgence, dans la mesure des disponibilités, aux sans logis du département. Il est important aussi pour ces bénévoles de prendre du temps pour l’écoute et apporter du réconfort à ces personnes en grande précarité.

Tous les dons vont directement à l’unité locale !

Quelles sont vos ressources pour faire face à toutes ces actions ?

Vous avez mis le doigt sur un point essentiel, les finances. La plus grande partie de notre financement provient de dons, d’adhésions, de collectes sur la voie publique, de quelques subventions communales, hélas trop peu nombreuses, et de l’aide financière de la délégation départementale de la Croix-Rouge. Le Conseil Général met gracieusement les locaux de la rue Gambetta à notre disposition, nous apprécions cette aide conséquente !

Nous organisons aussi chaque année un gala et sa tombola ainsi qu’un concert animé par l’orchestre de la Meulanaise, ces activités nous permettent de recueillir des fonds supplémentaires bienvenus. Pour l’année prochaine, nous envisageons de mettre en place un thé dansant, cela devrait attirer plus de monde.

Je vois que vous ne manquez pas de projets ; pour conclure cet entretien, qu’auriez-vous à dire à nos lecteurs ?

Je voudrais encore dire ma fierté de travailler au sein de cette équipe, dynamique et compétente, dans laquelle je me sens bien et très utile au service de tous. J’aimerais aussi souligner le travail qui est fait dans notre secteur par toutes les associations humanitaires, en y associant le Lions Club et le Rotary, elles œuvrent vraiment la main dans la main ce qui les rend encore plus performantes et devrait permettre de faire face aux nombreuses difficultés auxquelles nous risquons d’être confrontés à court terme.

Un grand merci, madame Olin, pour toutes ces explications qui vont permettre à nos lecteurs de vous connaître un peu mieux et, surtout, à travers vous, de mieux comprendre les actions de la Croix-Rouge dans notre secteur.

(Propos recueillis par Jannick Denouël)

 

 

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