Yves Maretheu, rédacteur en chef, Jannick Denouël, directeur de la publication, Françoise Petit, secrétaire et rédactrice en chef adjointe
Bonjour Yves, quand as-tu intégré l’équipe des Echos ?
Je suis entré aux Echos de Meulan en septembre 2007, même si j’ai fait partie de l’équipe du journal plusieurs années auparavant. Cela va faire bientôt quinze ans et j’ai l’impression que c’était hier. On dit souvent en plaisantant entre nous que les Echos font vieillir plus vite. En effet, on est toujours en train de préparer le numéro suivant.
A quelle occasion as-tu rejoint le comité de rédaction ?
Après vingt années consacrées à la gestion de l’Etablissement d’enseignement catholique Mercier Saint-Paul, peu après la nomination du père Patrick Bonafé, curé du groupement paroissial, j’ai évoqué avec lui mon goût pour l’écriture, ayant à ce moment-là, l’intention d’écrire un livre. Quelque temps après, il m’a proposé de prendre le poste de rédacteur en chef du journal et après avoir échangé et été accueilli par Jannick Denouël, président de l’association et directeur de publication, j’ai accepté. Je ne le regrette pas mais bien que j’écrive beaucoup, je n’ai jamais pu écrire mon livre.
Tu es rédacteur en chef ; en quoi consiste ce poste, écris-tu aussi des articles ?
En plus de coordonner la réalisation du journal, avec l’aide de Françoise Petit et la participation de toute l’équipe, j’écris des éditos, des « En parlant avec … », des articles sur des thèmes très variés et des reportages sur des événements locaux, associatifs, culturels et religieux.
Et comment juges-tu qu’un article est considéré comme « bon » ?
Pour moi la règle d’or, c’est qu’un article intéresse le plus grand nombre de lecteurs. Je ne peux pas dire si l’un est meilleur que l’autre car les sujets sont tellement variés et les styles différents. Entre un édito, une interview, un reportage et un article sur un sujet de fond, l’approche est très différente. Par contre, je peux vous dire l’article qui m’a procuré la plus forte émotion. J’avais écrit un édito où j’avais réagi à des attaques virulentes d’un philosophe sur les chrétiens, sur certains papes et sur la religion chrétienne en général, le tout sur une chaîne grand public à une heure de grande écoute. Je demandais un minimum de respect. Quelques jours après la parution, j’ai reçu un appel téléphonique d’une dame qui m’a félicité parce qu’elle trouvait que dans l’ensemble peu de personnes réagissaient à toutes ces attaques. J’ai été bouleversé quand elle m’a dit que, souffrante, elle était clouée depuis longtemps au fond de son lit et que mon édito lui avait donné du baume au cœur. Elle nous encourageait à poursuivre notre mission journalistique.
Parmi tous ceux que tu as écrits, y-a-t-il un article que tu préfères ?
Une interview de Jacques Flamand (Echos de novembre 2009) que j’ai rencontré en tant que metteur en scène au Théâtre Octave Mirbeau à Triel et par qui j’ai découvert qu’il avait été un décorateur célèbre de grands réalisateurs du cinéma et de Maritie et Gilbert Carpentier, célèbre émission en direct du samedi soir dans les années soixante (« La grande farandole », « Sacha Show ») et en 1972 « les Top à … » avec un nouvel invité chaque semaine. Les décors étaient montés en quatre jours. Sa modestie, son charisme m’ont touché. Comme on dit parfois, j’ai rencontré une belle personne. Il est décédé depuis quelques années ; Michèle et moi sommes ravis d’entretenir des relations amicales avec son épouse Sylvette.
Et celui qui t’a demandé le plus de travail ?
Un article sur GPS&O, Grand Paris, Seine et Oise créé le 1er janvier 2016. J’ai eu beaucoup de mal pour retrouver l’origine et les étapes de décisions pour la mise en place de cette communauté de communes.
Par ailleurs je voulais une présentation factuelle sans connotation politique.
Existe-t-il un sujet sur lequel tu aimerais sensibiliser nos lecteurs en particulier ?
Tous les sujets de bioéthique font l’objet de toute mon attention ; nous en avons abordé quelques-uns dans nos pages, mais je pense que notre société ne mesure pas suffisamment l’impact de l’évolution législative dans ce domaine. La prise en compte de l’éthique recule par rapport au rouleau compresseur qui écrase la liberté individuelle, la tolérance, le relativisme. C’est pourquoi je pense qu’il faut donner toute sa place à la conscience individuelle : comment ma conscience dicte-t-elle mes choix et ma conduite ?
Tu as maintenant près de quinze ans de vie dans l’équipe, quel évènement t’a particulièrement marqué ?
Parmi les nombreux événements vécus au journal, j’aurais envie d’en citer plusieurs qui ont été particulièrement marquants. Bien sûr en premier, ce sont les cinquante ans du journal avec la remise surprise de la médaille de l’Assemblée nationale par Arnaud Richard, alors député de notre circonscription. Par ailleurs, je ne peux pas ne pas citer des étapes tristes que nous vivons chaque fois que l’un des membres de l’équipe décède. Nous prenons conscience que nous appartenons à l’histoire du journal et que nous ne sommes que de passage.
Et que t’apporte ce grand investissement personnel ?
Une grande richesse de rencontre et une vie d’équipe enrichissante. Recevoir un bon accueil des municipalités, des associations, des annonceurs et la fidélité des distributeurs, c’est très encourageant.
Tu animes l’équipe de rédaction, qu’apprécies-tu particulièrement dans ce rôle ?
Tout d’abord, c’est le soutien des uns envers les autres, en particulier avec Jannick et Françoise pour l’animation du journal, Patrick pour la finance et la distribution et tous les membres du comité. Un des aspects qui fait l’unanimité des membres de l’équipe, c’est le plaisir de travailler ensemble et la complémentarité des personnalités et des compétences qui la compose. C’est important dans le cadre d’une activité bénévole ; nous avons des sensibilités différentes et même si nous avons de temps en temps des désaccords, notre charte éditoriale nous interdisant tout sujet polémique et toute prise de position politique, nous trouvons notre équilibre qui, je crois, fait le succès de notre mensuel. Par ailleurs, nous apportons notre regard de chrétien dans un grand respect de tous nos lecteurs.
Que représente pour toi cet anniversaire ?
C’est incroyable et unique, qu’une telle organisation reposant sur le bénévolat dure dans le temps. La réalisation du journal, c’est une chose mais la logistique associée c’est unique.
Plus de cent cinquante bénévoles pour distribuer tous les mois le journal ! Pas une seule interruption, même durant la Covid, juste quatre éditions numériques à la place du papier (avril, mai, juin et décembre 2020) pour ne pas faire prendre de risque à nos distributeurs.
Et comment envisages-tu le futur pour les Echos ?
Comme beaucoup d’associations actuellement, la préoccupation de la relève est importante. Nous sommes toujours à la recherche de nouveaux membres et les fonctions sont diverses et nombreuses : l’écriture, la distribution, le démarchage publicitaire, les finances, etc..
Mais restons confiants car cela fait soixante ans que cela dure !
Bonjour Jannick, depuis combien de temps fais-tu partie du comité de rédaction des Echos ?
Je me suis joint à l’équipe du journal en 1999. Avant cette date avec plusieurs amis, nous nous occupions de Meulan-Loisirs (ex Paradis-Loisirs), une association dont les plus anciens se souviennent sans doute et qui avait pour but l’animation de la ville. Elle a cessé son activité à ce moment-là et Guy François, que je rencontrais souvent à la paroisse, m’a proposé de rejoindre le comité de rédaction. L’intégration s’est faite en douceur, d’abord en tant qu’observateur puis, assez rapidement comme rédacteur occasionnel et surtout, depuis que je suis retraité, un peu plus habituel.
Tiens-tu un rôle particulier au journal ?
Oui, je suis maintenant directeur de publication (c’est un titre un peu ronflant) et président de l’association « Les Echos de Meulan-Hardricourt ». En fait, c’est surtout le rédacteur en chef qui « imprime » le style et la composition du journal ; j’interviens principalement en tant que rédacteur. Comme j’aime bien le contact avec les autres, je m’occupe aussi de la communication et de l’organisation des manifestations, repas, forums, stand sur le Festival des fromages, etc.
As-tu un sujet de prédilection pour vos articles dans le journal ?
J’ai une formation scientifique ; je prends donc particulièrement plaisir à écrire sur ce thème, dans lequel je me sens plus à mon aise, mais j’aime aussi la musique, les arts, les sujets d’actualité, je suis assez éclectique.
Y-a-t-il un sujet pour lequel tu as pris particulièrement du plaisir ?
Le dernier article que j’ai proposé au journal (vous le trouverez dans ce numéro) et c’est aussi celui qui m’a demandé le plus de recherches : l retrace toute l’histoire des Echos depuis sa création en 1962. Vous ne pouvez pas imaginer quel plaisir j’ai eu à fouiller dans les archives pour y retrouver toutes les étapes du passé ; j’y ai découvert tout ce qui a fait notre histoire, des tas de souvenirs remontent, c’est vraiment exaltant. Par contre, c’est vrai que ça prend beaucoup de temps… Enfin, comme beaucoup d’entre nous au comité de rédaction, j’essaie de sensibiliser nos lecteurs aux problèmes liés à l’environnement ; ce n’est pas facile d’être modéré à ce niveau mais une prise de conscience me semble indispensable, si nous pouvons faire quelque chose pour porter le message.
Avec le journal tes journées sont bien occupées, tu as sans doute des compensations ?
Oh que oui et elles sont nombreuses ! D’abord le contact avec toutes les personnes rencontrées, au cours des interviews bien sûr, mais aussi des manifestations et animations auxquelles nous assistons. Tous ces contacts sont enrichissants et m’apportent beaucoup ; je crois aussi que notre présence en tant que chrétien au milieu des hommes et de toutes leurs activités est essentielle ; à ce titre, notre journal est une exception. Il y a aussi le plaisir d’écrire ; quand j’étais petit, je me rêvais journaliste, genre Tintin, si vous voyez, eh bien maintenant, retraité, j’essaie de l’être… Et puis enfin il y a ce travail en équipe, c’est quelque chose de réaliser ce journal « ensemble » ; c’est ce que j’avais déjà compris lorsque j’étais scout, il y a longtemps… Nous essayons de « travailler » dans la bonne humeur avec une grande tolérance et un grand respect pour les autres. Notre équipe est composée de personnes d’origine et d’opinion variées, c’est sans doute ce qui en fait sa richesse.
Comment envisages-tu l’avenir du journal ?
A court terme, l’avenir est plutôt serein, l’équipe est soudée, les compétences et les intérêts sont variés, les personnes qui tiennent les postes-clefs sont performants et responsables, chacun joue son rôle à fond et les finances, même si le nombre de soutiens et d’annonceurs peut inquiéter, sont saines, alors on peut dire « tout va bien » ! Mais l’avenir plus lointain est un peu plus inquiétant ; nous avons du mal à intégrer de nouveaux membres dans le comité de rédaction, surtout des plus jeunes, c’est dommage, s’ils savaient combien on s’amuse !
Bonjour Françoise, tu tiens un rôle important dans la parution des Echos, comment as-tu intégré cette équipe ?
Juzièroise depuis pratiquement toujours, je suis « entrée » aux Echos de Meulan en 2003. Un jour, notre regrettée Ghislaine m’a demandé si je serais intéressée de faire partie de l’équipe des Echos de Meulan. Je pensais qu’il s’agissait d’être distributrice, mais non c’était en tant que participante au comité de rédaction. J’ai donc assisté à une première réunion et … je suis restée. Après le départ d’Alice Montel, il m’a été proposé de reprendre le poste qu’elle occupait : assistante du rédacteur en chef.
C’est effectivement un rôle important, mais en quoi consiste-t-il ?
Je reçois tous les articles que je lis, corrigeant les fautes de frappe, d’orthographe et la ponctuation afin de les préparer pour les membres du comité en vue de la réunion de lecture mensuelle ; j’assure également la liaison avec la graphiste ainsi que la rentrée des textes d’articles sur le site. Il m’est arrivé d’en écrire, mais je ne le fais plus, mes collègues s’en chargeant beaucoup mieux que moi.
Tu es dans cette équipe depuis près de vingt ans, tu dois y trouver du plaisir ?
Oui, bien sûr et je voudrais dire combien je me sens bien au sein de cette équipe où règne une ambiance cordiale, chaleureuse, où chacun est accepté tel qu’il est sans aucun préjugé. Bien sûr, nous avons lors de nos réunions des points de vue différents, de longues discussions sur certaines questions (1), mais tout cela se déroule dans un climat de franche camaraderie et nous trouvons toujours une solution qui satisfait chacun. Pour ma part, je n’aurais jamais pu envisager une retraite aussi enrichissante que celle que j’ai grâce aux Echos et j’espère que cela va durer encore quelques années.
Nous fêtons les soixante ans du journal, que lui souhaites-tu pour cet anniversaire ?
Le vœu que je formule est que pour l’anniversaire des 70 ans, il y ait toujours une équipe aussi formidable au comité de rédaction.
(1) Un exemple : mes camarades se moquent de mon obsession du point virgule. Je constate et m’en désole qu’il a pratiquement, pour ne pas dire totalement, disparu de tous les textes quels qu’ils soient. Dans les articles de journaux ou les livres, il n’apparaît plus ; à croire qu’il n’a jamais existé. Pourtant, je le considère comme indispensable lorsque deux phrases rédigées dans le même esprit, se suivent ; le point virgule est, à mes yeux, dans ce cas indispensable, comme me l’ont enseigné mes institutrices (pas encore professeures des écoles). Pour moi, la ponctuation, c’est comme la musique avec ses pauses et ses soupirs.