EUGENE BOUDIN, le roi des ciels
Le musée Jacquemart André nous propose un merveilleux avant goût de vacances au bord de la mer avec son exposition consacrée au peintre pré-impressionniste Eugène Boudin. Né à Honfleur en 1824, il est le fils de Léopold Sébastien Boudin, marin puis commis d’imprimerie et de Marie Félicie Buffet, femme de chambre sur des bateaux. Eugène n’a que onze ans lorsque sa famille se fixe au Havre. Durant dix ans, il sera mousse sur le vapeur qui fait la liaison « Le Havre-Honfleur ». A l’age de vingt ans, il fonde une boutique de papiers et d’encadrements, c’est l’occasion pour lui de rencontrer des peintres de « l’Ecole de Barbizon » comme Benjamin Constant, Constant Troyon ou Eugène Isabey et il se met à dessiner. Grâce à une bourse d’étude il passera trois ans à Paris, tout en gardant ses liens avec sa chère Normandie ; il travaille alors au Louvre et dans l’atelier d’Isabey.
Pour enrichir sa palette, il aime voyager ; ainsi, il va en Bretagne peindre les bateaux des Terre-neuvas. Il parcourt l’Europe toujours en quête d’eau et de lumière : Venise, Anvers, Dunkerque, Berck, Bordeaux et chaque fois, il rend l’atmosphère plus que la pure réalité des lieux ; ce ne sont pas des vues statiques, tout semble en mouvement. Il est l’un des premiers à poser son chevalet en plein air achevant sur place son œuvre alors que les peintres de l’Ecole de Barbizon terminaient en atelier ce qu’ils avaient esquissé dehors ; peu à peu sa palette s’éclaircit. Boudin, qui a grandi à l’estuaire de la Seine, peint inlassablement les bords de mer et les ciels nuageux. Et lorsque naissent les bains de mer, en 1862, que Deauville devient à la mode, il rendra l’atmosphère de ces stations balnéaires dans ses fameuses scènes de plage pleines de vie qui pourtant n’eurent guère de succès car on taxa l’artiste de voyeuriste !
Eugène Boudin n’est pas un solitaire ; des amitiés solides le lient à Baudelaire qui lui rendra un vibrant hommage, aux peintres Courbet, Jongkind et surtout Monet qu’il a engagé à prendre le pinceau et qui le reconnaîtra comme son maître, le surnommant « le roi des ciels ».
1874 marque un tournant dans sa carrière car il expose avec les Impressionnistes dans les studios du photographe Nadar ; il y acquiert une bonne réputation et des moyens de voyager. Puis ce sera en 1881, sous l’impulsion du marchand de tableaux Durand-Ruel, une grande exposition à New-York. Du reste, comme pour les Impressionnistes, ce sont surtout les collectionneurs américains qui ont apprécié son œuvre.
En 1892 il est malade et s’installe à Villefranche-sur-Mer (Côte d’Azur), loin des brouillards de la Seine, mais lorsqu’il sent sa fin proche, il revient en Normandie. Il s’éteint à Deauville, en 1898, face à la mer, comme il l’avait souhaité.
Le musée Jacquemart-André présente jusqu’au 22 juillet soixante toiles, aquarelles et pastels de ce peintre qui n’est certes pas un petit maître mais bien le précurseur de l’Impressionnisme, resté dans l’ombre de Monet qu’il avait incité à peindre et de Renoir. La plupart des tableaux présentés le sont pour la première fois en France depuis sa mort. Boudin a surtout retenu l’attention des collectionneurs et les musées possèdent bien peu de ses œuvres en dehors des quatre vingt-douze de celui d’Honfleur qu’il a fondé avec Alexandre Dubourg et qui porte son nom.
Musée Jaquemart-André 158 bd Haussmann PARIS 8ème– tel. 01 45 62 11 59 -Renseignements : musée-jacquemart-andré