Guy FRANCOIS
Il était tout naturel, pour aborder les cinquante ans des Echos de Meulan, de rencontrer Guy François, qui a rejoint le comité de rédaction dès la première année de création du mensuel, en 1962.
Bonjour Guy, merci de nous accorder un peu de temps pour évoquer la vie du journal de 1962 à 2004, date à laquelle vous avez transmis le flambeau à Véronique Flipo, dont l’interview suivra la vôtre. Pouvez-vous nous rappeler comment les « Echos de Meulan Hardricourt » sont nés ?
C’est un grand plaisir pour moi d’évoquer l’histoire du journal. Peu de temps après son arrivée à Meulan, en septembre 1961, le père André Mansuy, qui avait l’expérience d’un journal dans son ancienne paroisse, propose de remplacer la feuille d’informations paroissiales, ronéotypée à quelques 350 exemplaires, par un journal destiné à l’ensemble des habitants des deux communes dont il a la charge : Meulan et Hardricourt. Il s’entoure de quelques personnes dont mes beaux-parents, Suzanne et Roger Pignault, ce dernier étant alors en charge du comité de presse de la paroisse. Dès le mois d’avril 1962 paraît le n° 1 des « Echos de Meulan Hardricourt » qui comporte quatre pages et est tiré à 1500 exemplaires.
L’équipe de départ est-elle importante et comment êtes vous entré au journal ?
Le comité de rédaction est initialement constitué de cinq personnes, à savoir : le père Mansuy, Jean Guerner d’Hardricourt, journaliste de formation, René Génin, en charge de la comptabilité et de la publicité, et de mes beaux-parents. En ce qui me concerne, le père Mansuy et mon beau-père me proposent dès 1962, d’être le sixième à entrer au comité de rédaction pour y représenter les jeunes. Ayant toujours été attiré par la communication, j’ai accepté… Je trouve que c’est un moyen formidable pour apprendre à se connaître les uns les autres. Au Collège, je participais déjà à l’élaboration du journal de l’établissement. Dans les « Echos », mon premier article est publié dans le n°7 en décembre 1962. Je ne savais pas alors que j’y ferai carrière en consacrant au journal plus de quarante-deux années et en y assurant même la responsabilité durant quatorze ans.
Quel était à ce moment là l’objectif du journal ?
Dès le n°1, le rôle du mensuel a été défini clairement dans l’édito du père Mansuy intitulé « Du nouveau à Meulan Hardricourt ». Le texte indiquait entre autres : « Nous voudrions que les Echos soient ceux de toute la vie locale. Aussi bien nos colonnes sont ouvertes aux municipalités et aux diverses associations locales qui voudraient nous confier leurs communiqués…, notre but est d’informer et d’unir et non d’opposer et de polémiquer ». Au travers de cette ambitieuse mission, le père Mansuy souhaitait également montrer une communauté paroissiale vivante, intégrée et impliquée dans la vie locale. J’y adhérais totalement.
On peut dire que les « Echos de Meulan » sont bien nés car après cinquante ans, ce journal tiré maintenant à 11 000 exemplaires fonctionne encore sur les mêmes bases :
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une charte éditoriale qui exclut tout sujet politique ou polémique, une ouverture aux municipalités, aux associations et à toutes informations artistiques, culturelles…
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un financement assuré par la publicité et les abonnements.
Pouvez-vous nous parler de l’évolution du journal au fil des années ?
Tout d’abord il faut souligner que le tirage du journal a suivi l’élargissement du groupement paroissial. Cela a été particulièrement significatif entre 1992 et 2002 pour arriver à couvrir huit communes. En voici les principales étapes :
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avril 1962 : Meulan et Hardricourt (1 500 exemplaires),
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janvier 1966 : Evecquemont (2 000 exemplaires),
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septembre 1976 : Tessancourt (2 650 exemplaires),
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avril 1982 : 30 ans (4 700 exemplaires),
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septembre 1992 : Vaux-sur-Seine (6 400 exemplaires),
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janvier 1993 : Mézy-sur-Seine (6 900 exemplaires),
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septembre 1996 : Juziers (8 900 exemplaires),
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septembre 2002 : Gaillon (9 800 exemplaires).
De son côté, la pagination évolue fortement :
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avril 1962 : 4 pages,
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avril 1972 : 6 pages,
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septembre 1992 : 8 pages,
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septembre 1996 et après : 8 ou 10 pages, parfois 12, suivant les numéros.
Et en ce qui concerne l’évolution de l’équipe ?
Durant toutes ces années, le nombre de bénévoles va fluctuer. J’en profite pour souligner que sans le soutien de nos différents curés nommés successivement en charge du groupement paroissial, les « Echos de Meulan » n’auraient pu survivre. (voir article p 8). Je pense en particulier à la période de 1971 à 1977 avec le Père Specq. Ainsi, de 1973 à 1975, nous ne serons que trois bénévoles à épauler le Père qui portera alors « à bout de bras » le journal : Marielle Marcel, Florent Gasser qui sera remplacé par Alice Montel en décembre 1974 et moi. Alice me dira plus tard « avoir été piégée » le jour où elle a accepté d’écrire à ma place le compte rendu d’une réunion de l’association des résidents de Meulan Paradis ; mais, cela a été le début d’une collaboration de près de trente ans particulièrement efficace, Alice devenant l’un des piliers du journal jusqu’en 2004.
En 1977, le Père Specq est remplacé par le Père Ernest Blet. Dès son arrivée, grâce à son charisme, il réussira à renforcer le comité qui se maintiendra alors autour de douze membres. Soulignons, entre autres, les entrées de Suzanne Esnault, de Georges Rabaroux et du docteur Gibon.
C’est en 1984 que le Père Blet sollicitera Gisèle et Maurice Dutertre pour nous rejoindre qui, eux aussi, deviendront des piliers du journal. Maurice, ancien receveur à La Poste, deviendra trésorier. Avec Gisèle, ils prendront en charge la logistique que nécessitaient alors le pliage, la mise sous bande et le dépôt à la poste des journaux expédiés. A notre grande tristesse, Maurice est décédé le 15 octobre 2009 mais Gisèle participe encore, tous les mois, aux opérations de répartition, de pliage et de mise sous enveloppes des journaux expédiés. Le secret de la réussite du journal n’est-il pas là, avec la fidélité des bénévoles, à leur engagement ? Nous ne remercierons jamais assez tous ceux qui se sont impliqués à un moment ou un autre aux « Echos ».
Comment avez-vous ensuite été amené à prendre la responsabilité du journal ?
C’est au départ du père Blet, en 1990, suite à un engagement moral à son égard, que j’accepte de prendre la responsabilité du journal étant assuré que l’équipe en place poursuivra sa collaboration.
Je profite de cette interview pour remercier sincèrement Alice, Gisèle, Maurice et toute l’équipe sans qui je n’aurais pu assurer cette charge confiée de 1990 à 2004.
Etant imprégné de l’idéal du père Mansuy, une de mes priorités a donc été de rester dans la ligne éditoriale : être tourné vers les autres et par conséquent ouvrir encore plus nos colonnes à la vie locale. Dans ce but, nous travaillons à obtenir une plus grande reconnaissance du journal en élargissant l’équipe avec des personnes des communes concernées et en nous tournant vers les municipalités et les associations pour obtenir toujours plus d’informations.
Le résultat a-t-il été à la hauteur de vos espérances ?
Oui, tout à fait. Je pense que toute l’équipe peut être fière au vu du chemin parcouru, les « Echos » étant maintenant bien implantés localement et reconnus par tous. J’en veux pour preuve :
– la majorité des nouveaux commerçants, artisans… désirant faire de la publicité se tournent vers les « Echos »,
– le journal est devenu un partenaire à part entière du « Festival des fromages » de Meulan et autres manifestations et tient un stand au forum des associations de Meulan ; c’est également le cas depuis deux ans à celui de Juziers (ndlr),
– il reçoit des communiqués de presse et des demandes de parution diverses…
Avez-vous d’autres faits marquants à mentionner ?
Oui, je peux citer le courrier reçu des abonnés et des lecteurs, généralement positif, parfois critique… mais cela permet de s’interroger et de s’améliorer.
Nous avons été aussi plusieurs fois invités sur les ondes de RVVS.
Enfin, je n’oublierai pas notre rencontre avec notre Evêque Mgr Aumonier qui, au cours de sa visite pastorale à Meulan fin 2003, passera un long moment avec le comité de rédaction. Il souhaitait comprendre comment nous avions pu assurer la reconnaissance du journal et la pérennité d’une telle entreprise nécessitant autant de bénévoles.
Justement, l’un des secrets de la pérennité du journal, ne serait-ce pas la distribution gratuite dans toutes les boîtes aux lettres du groupement paroissial ?
Oui, bien sûr, car sans les distributeurs bénévoles(1), il serait impossible d’atteindre les lecteurs. Alors, à quoi servirait le journal ? Nous pouvons les remercier ici pour leur fidélité et leur dévouement.
Il y a aussi la qualité et les personnalités bien différentes des rédacteurs qui font la richesse de l’équipe… sans oublier l’ambiance très amicale qui règne au sein celle-ci.
Autre aspect de cette pérennité : l’implication des différents curés qui se sont succédé sur notre secteur. Enfin, il ne faut pas oublier que sans l’apport financier des annonceurs et des abonnés, la pérennité du journal ne serait pas assurée.
Que pouvez-vous dire en terminant ?
Cela a été un grand soulagement pour moi de pouvoir, avec Alice et toute l’équipe durant les mois précédant notre départ et même au-delà, structurer par fonctions le travail de chacun en établissant un organigramme adapté à la situation. Cela a permis que les charges soient mieux réparties, partagées et n’incombent pas toutes à Véronique Flipo qui devenait rédactrice en chef épaulée par Françoise Petit comme rédactrice en chef adjointe. Ensuite, avec le père Patrick Bonafé et elles deux, nous avons finalisé les statuts de l’association du journal et la charte éditoriale.
Cet engagement bénévole a donc été pour moi, certes très prenant (également pour mon épouse Monique à qui je rends hommage pour son aide et sa compréhension), mais combien enrichissant.
Et, comme je l’ai écrit dans mon dernier édito en juin 2004, j’ai vécu durant ces années une «… passionnante aventure journalistique qu’a été et que reste encore celle des Echos ».
Je souhaite qu’il en soit de même pour vous… et vos successeurs !
Merci Guy pour cette évocation des quarante-deux premières années du journal. Tant pis pour votre modestie mais les Echos de Meulan vous doivent également beaucoup. Pour la survie du journal il fallait être polyvalent et disponible. Au nom du comité de rédaction, que vous avez de nouveau rejoint pour la rédaction ponctuelle d’articles, nous vous en remercions.
(Propos recueillis par Yves Maretheu)
(1) actuellement au nombre de 150.