Il y a huit cents ans Bouvines, un tournant dans l’Histoire de France

Le 27 juillet 1214, s’est déroulée, dans les Flandres, non loin de Tournai, la fameuse bataille de Bouvines qui opposa le roi de France, Philippe Auguste à une coalition composée principalement de Jean sans terre, roi d’Angleterre et duc de Normandie, d’Otton IV de Brunswick, empereur du Saint Empire romain germanique et de Ferrand, comte de Flandre.

Donnons la parole au roi de France pour évoquer cette bataille qui eut un grand retentissement et forgea, dit-on, le sentiment national.

« Avant de vous parler de cette fameuse bataille, permettez-moi de me présenter : si vous me connaissez sous le nom de Philippe II Auguste, sans doute parce que né en août, mon vrai nom est Philippe-Dieudonné car ma naissance comblait une longue attente d’un héritier pour le trône de France. Fils de Louis VII qui a tant prié pour ma venue et d’Adèle de Champagne, sa troisième épouse, je suis né à Gonesse le 21 août 1165 ; l’annonce de ma naissance provoqua une explosion de joie dans tout le royaume et Paris s’illumina de torches et de cierges ! Mais parlons-en de ce royaume de France dont je vais hériter, celui des Capétiens.

A ma naissance c’est un tout petit domaine s’étirant de Senlis à Orléans, entouré de grands fiefs qui ont nom : Flandre, Champagne, Bourgogne, Toulousain, tous mouvants de la couronne de France, mais aussi ceux qui relèvent du roi d’Angleterre : Normandie, Aquitaine, Anjou, Poitou et la Bretagne. Chaque seigneur est mon vassal mais se prend souvent pour un roi ! Rassurez-vous, je vais y mettre bon ordre et à ma mort, au château de Mantes, le 14 juillet 1223, mon royaume aura quadruplé avec le Maine, la Touraine, la Normandie grâce à la prise de Château-Gaillard, une partie du Poitou et pour la première fois la Bretagne. J’ai combattu par tous les moyens la puissance des Plantagenet, m’opposant à Richard Cœur de Lion puis à son frère Jean sans Terre, rois d’Angleterre, mes vassaux pour la Normandie. J’ai connu des revers mais 1214 marquera mon triomphe grâce à la victoire de Bouvines dont le souvenir demeure dans la mémoire collective des Français au point qu’on a dit « la bataille de la Marne (1914),  c’est Bouvines renouvelé à sept cents ans de distance » !

 BOUVINES

Pour tenter de reprendre ses anciens domaines, Jean sans Terre fomente contre moi une coalition avec l’empereur d’Allemagne, le comte de Flandre et d’autres puissants seigneurs, je suis attaqué par le nord et le sud-ouest. Face à la puissance de mes ennemis, je vais déployer intelligence et courage, soutenu par mes vassaux fidèles mais aussi par les milices des communes affranchies de la tutelle seigneuriale. Tandis que je concentre mes troupes au nord, je charge mon fils, futur Louis VIII, de stopper sur la Loire celles conduites par Jean sans Terre qui a débarqué à La Rochelle. Il s’en acquitte magnifiquement le 2 juillet 1214, remportant la bataille de La- Roche-aux-Moines, près d’Angers et Jean retourne à toute allure en Angleterre.

Je donne maintenant au chroniqueur Le Breton le soin de vous conter la bataille de Bouvines car il y a assisté. « Ayant appris la défaite du roi d’Angleterre, Philippe Auguste se porte au-devant des coalisés mais en les contournant par le nord. Le 26, il franchit le pont de la Marcq et s’installe à Tournai, mais son plan est déjoué par l’empereur ; c’est alors qu’il retraverse la rivière à Bouvines. Otton, persuadé que le roi de France est en pleine déroute, cherche l’affrontement. Les troupes sont disposées sur deux lignes : à l’avant l’infanterie, derrière la cavalerie. Au centre de leurs armées, se tiennent le roi et l’empereur ayant à leurs ailes leurs alliés respectifs. Le premier engagement a lieu entre Ferdinand de Portugal, comte de Flandre, dit Ferrand et l’aile droite du roi. Le combat fait rage, le comte de Flandre désarçonné, blessé, est emmené prisonnier au Louvre (il y restera quinze ans) ainsi que nombre de ses chevaliers. Malgré l’ardeur des milices communales portant fièrement l’étendard de saint Denis, la situation des Français est dramatique ; le roi est jeté à bas de son cheval mais la cavalerie française vient à bout de celle d’Otton qui s’enfuit abandonnant l’aigle et le char qu’il montait. »

C’est la victoire, à Paris ce fut du délire !  Bouvines a non seulement sauvé mon royaume mais lui a donné une place primordiale en Europe et de cela je puis m’enorgueillir comme d’avoir donné son essor à ma capitale, faisant paver les rues, construire des remparts à la ville dont le château du Louvre est la défense avancée … 

Il y a pourtant des ombres à ma réputation dont la plus noire est mon attitude envers ma seconde épouse, Ingeburge de Danemark, que non seulement j’ai répudiée mais aussi incarcérée durant vingt ans avant de la reprendre…mais pas dans mon lit ! L’autre ombre de mon règne et pas des moindres, est la croisade contre les Albigeois ou Cathares, surtout ses excès, mais elle a été lancée par le pape Innocent III après des tentatives d’apaisements, je ne pouvais m’y soustraire. La postérité me jugera n’oubliant pas que cette même année 1214 naissait à Poissy, mon petit-fils Louis IX, saint Louis dont vous fêtez le huitième centenaire de la naissance, par de nombreux rassemblements et célébrations».

De Bouvines on a surtout retenu la date et le jeu de mots sur le comte de Flandre transféré à la prison du Louvre :   » Quatre ferrants (chevaux gris) bien ferrés traînent Ferrand bien enferré ». (voir image en tête d’article

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *