Il y a six ans, le père Hamel …
Il y a six ans, le père Hamel était assassiné après avoir dit la messe du matin dans l’église
Au procès de l’attentat de Saint-Etienne-du-Rouvray, deux accusés, Jean-Philippe Steven Jeanlouis, 25 ans, et Farid Khelil, 36 ans, ont été respectivement condamnés à treize et dix ans de détention avec deux-tiers de sûreté ; le troisième Yassine Sebeihia, 27 ans, à huit ans de prison. Quant à Rachid Kassim, instigateur de l’attentat et présumé mort, il a été condamné par défaut à la peine requise, la réclusion criminelle à perpétuité avec vingt-deux ans de sûreté.
« Avez-vous quelque chose à ajouter pour votre défense » ? Question rituelle entendue dans la cour d’assises spéciale de Paris à l’adresse des trois accusés. Farid Khelil et Jean-Philippe Steven Jeanlouis ont demandé pardon mais surtout, de manière plus étonnante, ils ont dit merci.
Dix-sept jours de procès qui vont être marqués par des moments inouïs. Ainsi, le témoignage de Guy Coponet, ce très vieil homme, miraculeusement survivant de l’attentat, qui a dit un « Je vous salue Marie » devant la cour. Aussi, la force des mots de Roseline Hamel, sœur du prêtre assassiné, se tournant vers le box pour dire aux accusés : « Vous n’aurez pas ma haine. ». Ou encore, les prières pour ces trois jeunes hommes, exprimées par Mgr Dominique Lebrun, archevêque de Rouen, et par sœur Danièle, l’une des religieuses présentes lors de l’attentat mais absente au procès.
Il y aura aussi la douleur déchirante de Linda Petitjean, sœur de l’un des assassins, Abdel Malik. Elle a raconté comment le jour de l’attentat elle avait allumé son ordinateur et découvert les échanges terrifiants que son frère y avait laissés. Elle a appelé la police mais il était trop tard. «parole que le fils de Guy Coponet a accueillie, en la serrant dans ses bras à la sortie de l’audience.
Jean-Philippe Steven Jeanlouis a, lui de son côté, tenu à remercier les avocates générales et aussi les avocats des parties civiles qui l’avaient bousculé avec des questions sur sa conception de la charia. « C’étaient des paroles d’éducation, parfois un peu véhémentes, mais pas un rejet ». Le jeune homme d’origine haïtienne a adressé à tous ces mots : « Les jours passés avec vous m’ont marqué, j’ai appris ». Touché d’apprendre par Me Catherine Fabre, avocate du diocèse, que sœur Danièle prie pour les accusés, il ajoute : « Je compte prier pour elle. Chaque jour que je vais encore passer en prison, je penserai à vous tous ». C’est lui qui dira encore : « Je suis né prématuré, à cinq mois de grossesse… Toute mon enfance, j’ai dû me battre pour vivre, ce n’est pas maintenant que je vais m’arrêter…Je dois avancer, mon avocat a dit hier que je ne suis pas quelqu’un de fini. Je dois encore avancer, j’ai des choses à rattraper. Aujourd’hui, je suis conscient de ce que je dois faire ».
Farid Khelil a dit merci à Anne Coponet, fille de Guy grièvement blessé lors de l’attentat: « Après mes huit heures d’interrogatoire jeudi dernier, j’étais lessivé, meurtri. Je pleurais. Vous êtes venue vers moi et vous m’avez apporté un mouchoir. Vous m’avez regardé avec compassion. Vous m’avez donné de l’espoir ». Puis se tournant vers Roseline Hamel, soeur du prêtre assassiné : « Je retiens de votre témoignage que vous avez de l’espoir. Je garde cet espoir en moi d’être un homme meilleur. Gardez espoir en moi… un homme peut changer, vous y croyez ? … J’ai changé, j’ai pris conscience de beaucoup de choses, du poids des mots. Après six ans de détention, je ne suis plus le même homme. Je marche vers la rédemption, il me reste beaucoup de chemin ».
Père Hamel, un prêtre ordinaire.
Ces quelques florilèges, comme des sortes de miracles, nous permettent d’avancer que la vie du Père Hamel a porté et porte du fruit après sa mort. Les miracles au sens strict sont toujours des miracles du cœur, de conversion des cœurs. La vie du Père Hamel n’a rien d’extraordinaire. C’était un prêtre qui a vécu une vie ordinaire, dans une paroisse ordinaire, en ne cherchant jamais à faire parler de lui ou se faire valoir pour obtenir une promotion.
Une vie simple de prêtre dans des petites paroisses successives, avec un apprentissage de la fidélité et de la patience auprès des personnes vers qui il a été envoyé par son évêque tout au long de son ministère de prêtre. Ainsi en va-t-il de la sainteté pour chacun de nous : c’est dans l’ordinaire de nos vies quotidiennes, vies de famille et de travail que nous sommes appelés à grandir dans l’esprit des béatitudes : humilité, douceur, miséricorde… C’est le travail de la grâce de Dieu pendant toute une vie, jusqu’à la dernière seconde. La sainteté du père Hamel ne vient pas du fait qu’il ait été sauvagement assassiné au cours de la messe dans sa petite église, mais qu’il ait humblement cherché à écouter et mettre en pratique l’Évangile de Jésus.
Nous proposons à tous une journée pèlerinage à Saint-Etienne-du-Rouvray pour méditer à partir de cette figure, notre propre chemin de sainteté. Ce sera le samedi 13 mai. Voici quelques indications :
- départ de Meulan-/Triel vers 10 h, covoiturage à organiser,
- arrivée à l’église de Saint-Etienne-du-Rouvray vers 11 h – écoute de la parole de Dieu, chant et présentation rapide du père Hamel et du pèlerinage,
- marche méditative (environ 9 km) dans le bois proche de l’église, pique-nique et retour vers 15 h aux salles paroissiales,
- projection du film : père Jacques Hamel un saint prêtre ou témoignage d’une personne qui l’a connu,
- messe célébrée à 16 h par nos prêtres, le père Eric Duverdier, curé et le père Baudoin,
- départ vers 17 h pour un retour à Meulan/Triel vers 18 h.
Frère Baudoin, prêtre.