La danse dans la Bible
Louons Son nom dans la danse, chantons-lui des louanges. » (Psaume 149,1:3).
La danse, phénomène très ancien et universel est associée à divers récits bibliques. Les épisodes suivants illustrent quelques situations, à interpréter dans la culture de ces temps anciens, où la danse a favorisé ou contrecarré la relation avec Yahvé.
La danse pour célébrer le hauts faits de Yahvé
Les Hébreux de la Bible sont des tribus et clans nomades de pasteurs venus du Levant (Syrie, Palestine actuels) en Egypte lors de périodes de sécheresse. Associés à d’autres clans nomades ils prirent le pouvoir pendant un peu plus de cent ans au XVIè s. avant J.C. (rois Hyksôs ou rois pasteurs). Ils perdirent ensuite cette position dominante et furent expulsés ou asservis. L’Exode d’Egypte, de la Bible, se situe dans ce contexte historique. Tous nos lecteurs connaissent le passage miraculeux de la Mer Rouge sur la route des migrants vers les montagnes du Sinaï. Pour remercier Yahvé de cette protection, Miryam, prophétesse, sœur de Moïse et d’Aaron, saisit un tambourin. Toutes le femmes la suivirent avec des tambourins, formant des chœurs de danse. Et Miryam leur fit reprendre en chœur : « Célébrez Yahvé, il s’est couvert de gloire : il a jeté à la mer cheval et cavalier » (Exode 15, 20)
La danse du peuple autour d’une image interdite de Dieu
Un peu plus tard dans le récit biblique de l’Exode d’Egypte, se situe l’épisode du veau d’or. Le peintre Nicolas Poussin l’a représenté dans un célèbre tableau (voir ci-contre). Les Hébreux, privés de Moïse, parti dans la montagne pour une rencontre avec le Tout-Puissant, perdent confiance dans leur chef spirituel absent et demandent à Aaron de leur faire une image concrète de l’Eternel, à l’instar des dieux égyptiens, sous forme de veau d’or. Ils font la fête et se mettent à danser autour de cette effigie. La Bible nous dit qu’à son retour, » quand Moïse fut près du camp, qu’il aperçut le veau et vit les chœurs de danses, il entra dans une grande colère : il lança les tablettes qu’il tenait en mains et les mit en pièces au pied de la montagne. » Dieu ne saurait être limité dans une forme sortie de la main de l’homme.
Le vœu de Jephté : la malédiction d’une danse
Jephté, un des Juges (chef) ayant succédé à Moïse décide d’entrer en guerre avec les Ammonites. Il fait ce vœu à Yahvé : « Si tu livres entre mes mains les Ammonites, celui qui sortira le premier des portes de ma maison pour venir à ma rencontre quand je reviendrai vainqueur, … je te l’offrirai en holocauste. » (Juges 11, 30sq) Jephté défit complètement les Ammonites, mais lorsqu’il revint dans son campement, « sa fille sortit à sa rencontre en dansant au son des tambourins. C’était son unique enfant. » Jephté fut désespéré, partagé entre l’amour pour sa fille unique et le vœu irrévocable à Yahvé. Mais en ces temps marqués par la pensée magique, on ne pouvait revenir sur une promesse faite à Dieu, fût-elle insensée (on pense à Abraham prêt à sacrifier son fils unique). Et Jephté immola sa fille, ce qui ne l’empêcha pas de continuer à diriger Israël pendant six ans.
Le roi David danse devant l’arche, non sans quelques inconvénients
De nombreux siècles plus tard, David, devenu roi, essaie de fédérer les tribus installées en Canaan (Palestine actuelle). Il conquiert Jérusalem, une cité jébuséenne, pour en faire sa capitale et fait venir l’Arche d’Alliance qui assure la présence de Yahvé au milieu du peuple. David, pour cette cérémonie, ceint le simple pagne de lin blanc du prêtre. « Lui et toute la maison d’Israël dansent devant Yahvé de toutes leurs forces, en chantant au son des cithares, des harpes, des tambourins, des sistres et des cymbales (2Samuel 6, 5).Or, comme l’arche de Yahvé entrait dans la cité de David, la fille de Saül (son prédécesseur sur le trône), Mikal, regardait par la fenêtre et elle vit le roi David qui sautait et tournoyait devant Yahvé, et dans son cœur, elle le méprisa » (2Samuel 6, 16). Plus tard, dans ce récit, Mikal traite David d’homme de rien, pour avoir dansé dans une tenue vestimentaire qui n’était pas celle d’un roi. Et David lui répond : « C’est devant Yahvé que je danse ! Par la vie de Yahvé qui m’a préféré à ton père et à toute sa maison, pour m’instituer chef d’Israël, le peuple de Yahvé, je danserai devant Yahvé et je m’abaisserai encore davantage. »