La lecture, chemin de passion
Il y eut un avant, il y eut un après. Avant c’était quand je ne savais pas lire ; je dépendais alors du bon vouloir, fort aléatoire des autres. Certes je regardais les images, mais elles n’abondaient pas dans les livres de ma jeunesse et puis, sorties du contexte les illustrations n’étaient que des tableaux et les bandes dessinées n’avaient pas la cote à la maison car on les voyait comme des obstacles à la « vraie littérature » ! Seuls rescapés de ce préjugé « le Sapeur Camembert » et « la Famille Fenouillard » qui nous faisaient bien rire. Heureusement ma mère s’est très vite préoccupée de me faire entrer dans le monde merveilleux de la lecture que depuis je n’ai pas quitté. De l’apprentissage, selon une méthode syllabique, je garde un super souvenir, surtout celui du jour où j’ai pu lire cette phrase « René a ri » ; je me croyais déjà capable de déchiffrer tous les livres !
Il ne manquait pas de littérature enfantine dans ma famille surtout la bibliothèque rose, dont je conserve, datant pour certains de la génération de mes parents, des livres habillés de rouge et d’or où la Comtesse de Ségur tient une place de choix. Mes frères préféraient les récits d’aventure ou scientifiques qui ne m’ont retenue qu’épisodiquement : Jules Verne avec le Tour du monde et Michel Strogoff. Très vite je pris goût aux histoires qui se suivent où on retrouve les mêmes personnages dans une ambiance proche de celle que je connaissais : comme la série des Brigitte de B. Bernage, trente volumes que je possède encore ! Et puis j’ai eu ma période fleur bleue avec les romans genre Delly où l’amour triomphe toujours transformant le plus méchant homme en prince charmant. Puis ce furent les romans de cape et d’épée, le plus souvent situés dans un cadre historique : les Trois mousquetaires (A. Dumas), le Capitaine Fracasse (T. Gautier).
Avec mes études d’histoire de l’art, s’ouvraient d’autres horizons, la lecture devenant avant tout moyen de recherches orientées vers l’archéologie et toutes les disciplines artistiques. Les romans n’avaient leur place qu’au creux de l’oreiller ; la lecture est toujours le dernier compagnon de ma journée, quelle que soit l’heure où je me couche. Si j’apprécie les bons romans, souvent conseillés par la famille ou les amis, et surtout pas trop noirs, ma prédilection va vers l’histoire, les biographies, le terroir…
Les évènements de ma vie ont aussi influencé mes lectures, m’incitant à me plonger dans tel ou tel livre (ou document) susceptible d’éclairer mes centres d’intérêt, aujourd’hui surtout, le patrimoine local, architectural ou humain. Par contre, ayant vécu la dernière guerre et l’après, il m’a fallu près de cinquante ans pour l’affronter à nouveau dans la littérature et les films, sauf ce qui touche à la Libération, souvenir de bonheur indescriptible.
Merci à la lecture qui m’a ouverte aussi à une autre passion : l’écriture !