La légende templière (suite)
Que peut nous enseigner la légende templière pour le monde actuel ?
Question délicate car il existe de par le monde de très nombreuses associations ou rassemblements qui se réclament des templiers et dont certaines ont pris le nom de Templiers Modernes. Ils prétendent aider, par leurs actions, au rappel des valeurs fondamentales de l’humanité. Ils soutiennent toutes les organisations, associations, fondations, qui ont la même vocation ou qui participent au maintien du lien social, au soulagement de la misère, à la compréhension entre les peuples, au développement économique et social, au rappel des horreurs du passé et à la prévention de leur récidive dans le futur. Cela pourrait sembler séduisant et il est possible et même probable que certaines de ces associations soient sincères, mais il faut garder une certaine méfiance et nous ne pouvons pas oublier les horreurs commises par l’Ordre du Temple solaire en France, en Suisse, au Canada, qui fit au moins 53 morts anesthésiés, puis exécutés ou empoisonnés, dont 10 enfants ! Ce n’est pas si vieux et l’ordre ne fut démantelé qu’en 1994 ! Un des buts avancés était : reconnaitre et rassembler une Elite Spirituelle afin de la préparer, par l’étude des Hautes Sciences, à participer à des travaux, en vue de perpétuer la conscience et la vie dans le temps et l’espace. Cela doit nous inciter à rester vigilants et prudents dans ce que nous pouvons faire ou dire. La chevalerie est avant tout religieuse, en ce qu’elle défend les relations entre tous les humains et entre les humains et Dieu. La chevalerie répond à un besoin intemporel de toute civilisation à se doter de protecteurs, que ce soit sur un plan terrestre ou un plan spirituel, elle a pour devoir la perfectibilité par l’amour et la quête permanente de la perfection.
La chevalerie templière devint plus profondément chrétienne aux croisades, avec pour mission de défendre la chrétienté, protéger l’Eglise, combattre les infidèles. Le pape demanda au peuple chrétien d’Occident de prendre les armes pour venir en aide aux chrétiens d’Orient. Cette croisade eut alors comme cri de ralliement « Dieu le veut ! » ce qui de fait permettait tout, le meilleur et le pire ! Mais les croisés et la chevalerie furent finalement battus à St-Jean d’Acre en 1291, terminant ainsi la présence croisée en terre sainte. La chevalerie et notamment les templiers ne furent pas toujours exemplaires et le sac des villes et toutes les atrocités même faites dans le but de christianiser la terre sainte ne sont pas à la gloire d’un ordre chevaleresque et religieux.
Mais revenons à nos templiers. En moins de deux siècles, ils ont accumulé richesses et propriétés et ont amassé un trésor devenu légendaire. L’ordre possédait des propriétés ou commanderies dans tout l’Occident, dont la Tour du Temple à Paris où aurait été caché le fabuleux trésor des templiers jamais retrouvé, légende qui perdure avec celle du Graal qui aurait été trouvé par les Templiers à Jérusalem, à l’emplacement du temple de Salomon. Que sont devenus les Templiers ? Il est évident qu’ils ne pouvaient pas ouvertement continuer à exister et à agir sous l’étendard de l’Ordre du Temple. Pour un certain nombre d’entre eux, qui échappèrent à l’arrestation et au bûcher, ils furent assimilés à la population locale, notamment en Ecosse. La plupart reçurent des terres et devinrent des notables écossais. Beaucoup tentèrent néanmoins de perpétuer les principes et le modèle templier par le biais d’organisations néo-templières, qui pullulèrent à cette époque de manière clandestine ou non. Parmi elles, on peut relever le célèbre ordre de la Jarretière, fondée en 1348 par Edward III d’Angleterre et qui prévaut encore de nos jours. Ou encore l’ordre de la Toison d’Or et l’ordre de St-Michel, en France, dont furent membres certains des plus éminents sujets de l’époque, tel Charles de Bourbon. Tous ces ordres n’avaient bien évidemment ni la taille, ni l’aura du Temple. Ce n’était pas non plus des ordres militaires, mais plutôt des organisations à forte connotation symbolique, regroupant une certaine élite. Néanmoins, un seul ordre à fonction militaire de cette époque peut apparaître comme le descendant direct du Temple sur bon nombre de points : il s’agit de la Garde Ecossaise. Les templiers n’ont probablement pas voulu seulement venger la mort de Jacques de Molay mais alerter l’opinion publique sur les pratiques iniques qui ont détruit l’ordre, qu’elles soient politiques ou religieuses. La lutte des Templiers contre toutes les formes de fanatisme, de despotisme, d’intolérance, ne doit pas cesser tant que seront menacées les libertés fondamentales des êtres humains. On pourrait deviser à l’infini sur l’histoire des templiers et les légendes qui ont suivi, mais personnellement, je reste tout de même troublé par les innombrables victimes de ces moines soldats qui ont été certes des combattants exceptionnels mais qui ont tout de même trop souvent oublié le sixième commandement de Dieu transmis à Moïse : « tu ne tueras point ». Quelques mots de plus pour évoquer ce qui est certainement une vraie légende. Décimés par Philippe le Bel après la mort de Jacques de Molay, des templiers rescapés avait trouvé refuge au Portugal et Christophe Colomb avait pu convaincre les templiers du Portugal de l’aider peut-être financièrement, mais surtout en lui procurant des cartes marines, car les templiers avaient navigué sur toutes les mers. Il aurait été sans cela bien difficile d’armer trois caravelles et convaincre les monarques portugais pour apporter leur aide à cette expédition au long cours. La croix templière orna donc les voiles des trois caravelles parties traverser l’océan Atlantique : la Pinta, la Ninia et la Santa Maria, peut être une façon de remercier les rois Portugais ?