La peinture, une affaire de famille chez les Brueghel !
C’est une histoire assez exceptionnelle que celle de cette famille Brueghel (1) dans laquelle trois générations de peintres, tous représentant d’une façon presque photographique les modes de vie et les coutumes de toute une région du nord de l’Europe, les Flandres, vont se succéder.
Tout a commencé par Pieter Brueghel, connu sous le nom de Pieter Brueghel l’Ancien, qui est en quelque sorte le fondateur de cette dynastie. C’est un personnage un peu mystérieux ; sa date de naissance, que les spécialistes estiment entre 1525 et 1530, reste assez floue ; quant à la ville qu’il l’a vu naître, il s’agirait sans doute (peut-être ?) de Breugel, non loin de Breda, actuellement au Pays-Bas, peu éloignée de la frontière belge. Ce qui est certain c’est qu’à partir de 1551, on trouve son nom dans la Guilde de Saint Luc d’Anvers.
Très influencé par Jérôme Bosch
Dès le début son œuvre, peuplée de monstres et de créatures diaboliques, est très influencée par Jérôme Bosch. C’est à la suite d’un voyage en Italie, comme l’effectuaient à cette époque la plupart des peintres flamands, qu’il commence à dessiner des paysages grandioses. En 1563, il épouse la fille du « peintre ordinaire de l’empereur Charles Quint », Pieter Coecke et s’installe à Bruxelles ; c’est sans doute un des évènements les plus marquants de sa vie, car cette installation sera un vrai tournant dans ses toiles ; il acquiert alors une vraie maturité artistique. C’est d’ailleurs de cette époque que datent ses tableaux les plus connus, « les chasseurs dans la neige, la construction de la tour de Babel, le repas de noce ou encore les mendiants». Vous pouvez admirer cette dernière toile au musée du Louvre à Paris. Du mariage avec Mayken Coeke vont naître, d’abord en 1564, Pieter Brueghel le Jeune, puis en 1568, Jan Brueghel l’Ancien, encore surnommé Brueghel de Velours. Pieter Brueghel l’Ancien meurt à Bruxelles en 1569 ; comme sa naissance, cette mort reste assez mystérieuse…
Le premier de ses fils, Pieter, surnommé « le Jeune » mais aussi Brueghel d’Enfer, peut-être à cause d’un de ses thèmes favoris, les incendies, n’a pas fait preuve de grande originalité. La plupart de ses toiles sont très inspirées de l’œuvre paternelle ; on suppose que c’est sa grand-mère, veuve de Pieter Coecke, qui se chargea de sa formation. Toujours est-il qu’en 1588, on le trouve inscrit sur le même registre que son père, la guilde Saint Luc d’Anvers ; il dirige alors un atelier dans lequel travaillent neuf apprentis. En copiant la plupart des œuvres de Pieter l’Ancien, il a participé à consolider sa notoriété. Ces copies ont même permis de connaître certaines œuvres perdues. Bien qu’ayant à son actif des tableaux connus comme « la Danse de mariage ou le piège à oiseaux », Pieter Brueghel le Jeune ne fit jamais fortune.
On suppose que le troisième enfant (le couple a eu une fille, Maria, dont on ne sait pas grand-chose…) de Pieter l’Ancien, Jan, appelé lui aussi l’Ancien mais plus souvent Brueghel de Velours, surnom hérité de ses délicates compositions, reçut lui aussi les rudiments du métier de sa grand-mère.
Jan Breughel l’Ancien collabore avec Rubens.
C’est en Italie, entre 1589 et 1595 qu’il fait les rencontres qui vont se montrer décisives pour sa carrière ; il acquiert alors une quasi perfection dans la reproduction des paysages. Après plusieurs autres voyages, eux aussi sources d’inspiration, il est nommé peintre de la cour des archiducs Albert et Isabelle, gouverneurs des Pays-Bas. Son style est très différent de celui de son père, il collabore avec Rubens et adore peindre des bouquets, ce qui lui vaut aussi le surnom de « Brueghel des Fleurs ou Brueghel du Paradis ». Celui qui fut sans conteste le plus doué des descendants de Pieter l’Ancien, mourut en 1625, comme trois de ses enfants, du choléra.
Au cours d’un premier mariage, Jan Brueghel l’Ancien avait eu, en 1601 un fils, lui aussi prénommé Jan et que l’on surnomma bien sûr Jan le Jeune. Il entra dans l’atelier de son père, très jeune, à l’âge de dix ans, et prit rapidement part à la production ; à partir de 1618, des spécialistes ont pu identifier sa « main » dans certains tableaux de son père représentant des fleurs. Il fit lui aussi, de 1622 à 1625, le voyage en Italie initiatique. C’est la mort de son père qui le ramènera vers Anvers, et à partir de cette date il prit la tête de l’atelier paternel. Il se transforma alors en véritable homme d’affaire, négociant les œuvres de son géniteur encore disponibles et aussi celles qu’il avait terminées. Il eut onze enfants, dont sept fils. Cinq d’entre eux devinrent peintres, de quoi assurer la pérennité de la famille en la matière.
L’histoire de la dynastie Brueghel ne s’arrête donc pas à Jan le Jeune, outre ses fils, un demi-frère, Ambrosius, le fils de sa sœur Paschasia, Jan van Kessel, et celui de sa demi-sœur Anna, David Teniers III, s’illustrèrent dans cet art. Tous ont participé à la notoriété de la famille Brueghel jusqu’à la fin du 17ème siècle.
Vous avez jusqu’au 16 mars 2014, pour admirer les toiles les plus représentatives de tous ces grands artistes qui ont fait briller les couleurs pendant près de deux siècles à l’exposition « La dynastie Brueghel » présentée depuis le 11 octobre à la Pinacothèque de Paris. A travers le talent de ces maitres, vous pourrez aussi mesurer les évolutions de la peinture tout au long de cette période.
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Généalogie de la famille Brueghel
Jan l’ancien dit
La dynastie Brueghel, Pinacothèque de Paris 2, 8 rue Vignon, Paris, 9ème.
Ouverture tous les jours de 10 h 30 à 18 h 30, nocturnes le mercredi et vendredi jusqu’à 21h.
Pour plus d’informations La dynastie Brueghel