La pomme, fruit défendu ou délectable ?
La pomme : fruit défendu, cette fameuse pomme d’Adam que le premier homme et ses successeurs ont toujours en travers de la gorge ? Ou bien fruit délectable qui soigne bien des maux ?
« Ma pomme c’est moi » chantait Maurice Chevalier, que n’aurait pas contredit le président Jacques Chirac qui les affectionnait toutes …
Selon la Bible (cf. livre de la Genèse chapitres 2 et 3), Adam et Ève, tentés par le serpent, croquèrent dans le fruit de « l’arbre de la connaissance du bien et du mal » : la pomme ?
Pour y avoir goûté, le couple des origines fut chassé du paradis et dès lors connut bien des… pépins et turpitudes de la vie terrestre. Ainsi, la pomme est associée à tout ce qui a trait à la tentation, au désir, à la convoitise. Mais est-ce bien exact ?
En effet, dans la Bible rien ne dit que le fruit de l’arbre « de la connaissance du bien et du mal » fût une pomme. On peut sérieusement en douter et penser que l’analogie entre les deux mots latins désignant la pomme (malum) et le mal (malus) est pour beaucoup dans le choix symbolique de ce fruit. Du reste, la première évocation de la pomme comme fruit du péché originel n’apparaît que vers le Vème siècle de notre ère !
C’est par l’art et le folklore, que la pomme s’inscrivit peu à peu dans la mémoire collective comme la possibilité pour l’humble humain de faillir.
Les mythes grecs font de la pomme une offrande d’amour créée par Dionysos pour séduire la sublime Aphrodite qui se refusait à lui. Au fil du temps et des coutumes, la pomme endosse de plus en plus ce rôle, suggérant parfois l’érotisme, l’invitation au vertige amoureux, la sensualité. Il n’est pas rare qu’on compare les seins d’une femme à deux pommes, suggérant la nudité et le désir. En outre avec toutes ces connotations liées aux penchants charnels, elle est utilisée pour concocter des potions magiques aux vertus aphrodisiaques. Croquer la pomme ne signifie-t-il pas s’adonner à l’acte d’amour ? Décidément ce fruit, surtout sa variété la plus rouge, enferme dans sa chair bien des promesses d’aventures.
Les contes pour enfants ne sont pas en reste, puisque la pomme y apparaît aussi au centre des préoccupations, comme dans Blanche-Neige et les sept nains où la sorcière jalouse de ne pas être la plus belle, lui offre une pomme toute rouge et … empoisonnée. Bien évidemment Blanche-Neige, l’innocente, s’empresse de croquer dedans. Elle tombe dans un profond sommeil ; c’est le baiser d’un prince qui la réveillera.
C’est ainsi que dès l’enfance, la pomme est associée à la tentation et à l’amour, car si l’on tombe à cause d’elle, il est possible de se relever grâce au bonheur d’être aimé.
Les racines de la pomme
Le saviez-vous ? L’homme du néolithique des plateaux d’Anatolie était un gastronome : c’est lui qui, le premier, apprécia les variétés comestibles produites par un arbuste – le pommier – apparu sur terre voici quatre-vingts millions d’années. C’est également lui qui conduira la pomme à la conquête des régions tempérées de l’Europe et, beaucoup plus tardivement, du monde.
La pomme aussi belle aujourd’hui que cultivée à l’époque gréco-romaine.
Les Grecs non plus ne s’y trompèrent pas. Trois siècles avant notre ère, dans son Histoire des Plantes, Théophraste distinguait six variétés de pommes que l’Odyssée d’Homère évoque sous le terme flatteur de « beaux fruits » : « les agrestes ou sauvages, les printanières ou précoces, les sérotines ou tardives, les mélimèles ou douces, les épirotiques venues de l’Epire et enfin les urbaines ou… cultivées ».
Six différents types de variétés que les Romains portèrent quant à eux à une bonne trentaine, jusqu’à ce que la pomologie, consacrée comme véritable science à la fin du XVIème siècle, en dénombre plus de cent, rien qu’en France !
Au XIXème siècle, la pomme savoure son succès.
Au XIXème siècle, la pomme connaît un essor spectaculaire dans lequel la France joue un rôle éminent. Un véritable âge d’or de la création qui voit la pomme se multiplier sous forme de variétés toujours plus savoureuses, mieux adaptées à une large diffusion. Ce sont alors cinq cent vingt-sept variétés bien différenciées que le grand pépiniériste André Leroy décrit à l’époque dans son dictionnaire de pomologie. Le travail de nombreux hybrideurs fera le reste : fruit de nombreux croisements et évolutions, la pomme peut aujourd’hui se prévaloir d’un éventail gourmand de six mille variétés réparties à travers le monde ; les trois variétés les plus produites en France sont la Golden, la Gala et la Granny Smith.
La pomme au pouvoir ?
Sous l’empire romain, la Pomme d’or représentait le soleil. Elle est également présente sur la statue équestre de Justinien à Constantinople, tenant dans la main un globe de cuivre doré surnommé « la pomme rouge » : c’est sur ce globe que les empereurs du Saint Empire romain mirent une croix, nouvel emblème du pouvoir jusqu’à Napoléon 1er !
Quelques effets bénéfiques
La pomme possède énormément de qualités nutritionnelles nécessaires pour une bonne santé :
- un faible apport calorique: avec environ 20g de glucides pour une pomme de 150g soit 80 kcal et une bonne dose d’antioxydants, elle entraîne une satiété à la fois bonne et durable. Le conseil est donc de consommer une pomme en dehors des repas car elle limite aussi le grignotage bien souvent mis en cause dans les problèmes de surpoids.
- un équilibre alimentaire certain. Ni gras, ni trop sucré, ni salé, la pomme est le fruit de l’équilibre. De plus, son gros avantage vient de sa richesse en fibres solubles et insolubles. Ces éléments entrent en compte dans le bon fonctionnement du transit intestinal.
La pomme ? Bien plus qu’un fruit ! Une saine tentation : de la peau jusqu’au trognon, c’est un super fruit incontournable pour notre santé !