La révélation

Lorsque l’on parle de révélation, on s’imagine tout de suite l’ampleur d’un évènement caché, l’ampleur d’une découverte ou d’un mystère réservé à quelques initiés. On pense tout de suite à quelques secrets d’état, à quelques scandales qui vont tenir en haleine le public et alimenter des rumeurs plus ou moins exactes.

Si l’on parle de révélation à propos de Dieu, l’état d’esprit est tout autre ; soit il laisse indifférent, soit il éveille la curiosité puis l’attention. La révélation concernant Dieu n’est pas réservée à quelques privilégiés ou membres de cercles privés, mais elle est destinée à l’ensemble de l’humanité du plus important au plus humble de chacun de ses représentants. Qu’entend-on par révélation ? Ce mot vient du latin « Velum » qui veut dire voile. Révéler veut donc dire « ôter le voile » qui cache la vérité. On notera au passage que l’équivalent grec est « Apokalypsis », apocalypse qui n’a rien à voir avec les catastrophes de grande ampleur.

En parcourant les textes de la bible, ancien et nouveau testament, on se rendra compte que ce n’est pas l’homme qui découvre Dieu mais Dieu lui-même qui se révèle à l’homme. Dieu se manifeste à nous sans se montrer directement afin de préserver notre liberté. Si nous voulons le rechercher et apprendre à le connaître, il nous appartient d’entreprendre la démarche de rechercher sa présence dans l’histoire de l’humanité et les évènements qui ont marqué nos vies personnelles. Si Dieu ne se montre pas, en revanche, Il parle au cœur de chacun. C’est par le dialogue que nos pères dans la foi, Abraham, Isaac et Jacob, ont découvert la présence divine dans le monde et dans leur vie.

Le théologien allemand, Franz Rosenzweig, nous dit : « La révélation n’est pas la communication d’un ensemble d’informations sur Dieu mais la naissance d’une relation entre Dieu et l’homme ». La relation passe par la parole et pour cela il faut l’écouter et la comprendre. C’est ainsi que le peuple hébreu a découvert Dieu dans sa vie. Il a médité sur son vécu et a trouvé les œuvres du Créateur dans son histoire. Par exemple, dans le premier chapitre du livre de la Genèse, on y découvre que la Parole divine est créatrice, « Fiat lux… » que la lumière soit et la lumière fut.

La création du cosmos est déjà un acte révélateur de Dieu à la manière d’un artiste qui se dit à travers son œuvre. Également au chapitre trois du livre de l’Exode, Dieu parle à Moïse et le missionne pour faire sortir son peuple d’Egypte et ainsi de suite tout au long de la bible. Au fil du temps le dialogue se resserre, devient quotidien par la Loi vivante qui règle la vie des Hébreux. Sur le socle des commandements reçus au désert, le peuple va s’installer sur une terre (promise !) ; il va se construire une nation, un avenir et grandir dans la foi.

Si la révélation est la naissance d’une relation, celle-ci trouvera son complet aboutissement dans la Parole incarnée qu’est le Christ ! Dieu se rend visible pour enseigner les hommes et leur montrer le chemin de vie qui mène au Père, à la vie éternelle. Si nous feuilletons les évangiles, nous pourrons constater que les paroles de Jésus constituent l’essentiel des récits. Le pape saint Jean-Paul II a été clair : « La bible ne nous dit pas comment fonctionne le ciel mais comment on y va ». La Parole du Christ nous enseigne et nous guide sur le chemin de nos vies.

Dans le tourbillon de nos vies présentes, prenons un peu de temps afin de mettre notre esprit en repos et méditer. Demandons au Christ de se révéler à nous dans le secret de nos cœurs, de nous aider à engager ou resserrer cette relation de Vie avec Lui afin de mieux le découvrir et discerner sa présence aimante.

Il serait dommage d’en arriver à cette réflexion : « Dieu était là et je ne le savais pas » (Gn, 28, 16).