La route de la soie
C’est en Chine que naquit la culture de la soie, matière à la fois douce, résistante et chatoyante. On raconte qu’une princesse chinoise aurait découvert la soie deux mille sept cents ans avant J.C. Alors qu’elle buvait son thé à l’ombre d’un mûrier, un cocon de bombyx (ver à soie ou chenille d’un papillon) est tombé dans sa tasse. Plutôt que de l’en extraire, elle l’a examiné et a découvert en tirant sur un fil que le cocon pouvait se dérouler en fine fibre. Un long fil d’une grande solidité se serait dévidé lorsqu’elle aurait tenté de récupérer le cocon. La soie chinoise demeura un secret infiniment précieux et jalousement gardé pendant près de trois millénaires. Sa production a toujours été confiée aux femmes chinoises. Le fait de divulguer les secrets de fabrication de la sériciculture était passible de la peine de mort.
Forte de cette situation de monopole, la Chine commerça avec le reste du monde. On a appelé « Route de la soie » les chemins traversant déserts et montagnes pour relier l’Asie et l’Europe. Empruntés à partir du IIe siècle par les caravanes transportant diverses richesses à des fins commerciales, il fallait environ neuf mois pour atteindre Rome. La précieuse étoffe était échangée contre de l’ivoire, des chevaux, pierres précieuses, épices, thé, armes, … et aussi idées nouvelles et inventions comme la boussole, la poudre à canon et l’imprimerie. Le monopole prit fin au VIe siècle lorsque deux moines envoyés par l’empereur Justinien cachèrent des œufs de vers à soie dans leurs bâtons de pèlerin et les ramenèrent dans l’empire byzantin aux abords de la Méditerranée.
La Sicile fut la première à maîtriser réellement la sériciculture dès 1440 et put ainsi produire de la soie pour le reste de l’Europe. En France, la production prit son envol sous Charles VIII qui fit planter des mûriers venus d’Italie dans la région de Montélimar et encouragea les fabriques de soie de Lyon et de Tours. Henri IV intensifia la plantation de mûriers et en 1850, la sériciculture française atteignant un très bon niveau, Lyon devint un haut lieu de la soierie.
Le voyage de Marco Polo
Marco Polo nait à Venise en 1253. A 17 ans, il accompagne son père et son oncle lors d’une incroyable odyssée jusqu’aux confins de la Chine pour établir des liens commerciaux. Ils empruntent la longue et périlleuse « route de la soie » par différents moyens. Ils commencent par longer la côte italienne en bateau et parcourent à cheval différentes contrées aux magnifiques paysages. A pied, ils traversent le désert de Perse sous une chaleur suffocante, gravissent l’une des plus hautes montagnes du monde (l’ascension et la descente durent plus de cinq jours), font face aux embuscades des Tartares…
Tempêtes de sable, brouillard, les conditions sont difficiles mais rien n’arrête les explorateurs. En 1275, quatre ans après leur départ de Venise, ils arrivent enfin en Chine dans la cité du grand Khan, souverain qui les accueille à bras ouverts. Après dix-sept ans au service de l’empereur mongol, les Polo ont accumulé un gros trésor et décident de rentrer. Au terme d’un périple mouvementé, ils sont de retour à Venise en 1295. Les cales de leurs bateaux sont remplies d’épices, soieries et pierres précieuses. Cela fait vingt-quatre ans qu’ils sont partis ; les récits et les richesses qu’ils ramènent avec eux émerveillent leurs compatriotes. Marco Polo racontera son incroyable voyage avec précision en écrivant ce qu’il a vu et appris pendant son séjour dans « Le Livre des merveilles » qui constituera pendant des siècles la plus précieuse source d’informations sur l’Extrême-Orient.
A 45 ans, Marco Polo décide de ne plus reprendre la mer. Il se marie et aura trois filles de cette union. Il décède chez lui à Venise le 8 janvier 1324 à l’âge de 70 ans.
Aujourd’hui, environ 90 % de la production de soie mondiale provient des pays asiatiques avec la Chine et l’Inde en tête. Elle reste un textile rare, plus long et plus compliqué à produire que d’autres textiles. Un article en soie coûte environ vingt fois plus cher que son équivalent en coton. Rare, somptueuse, épatante par ses qualités techniques, la soie représente le luxe et la distinction qui a toujours charmé les femmes… et les hommes.
Geneviève Forget