La vision chrétienne des relations Chrétiens Musulmans
La cathédrale Saint-Louis de Versailles était comble ce dimanche 14 septembre pour écouter la conférence très attendue de Mgr Tauran sur « une vision chrétienne des relations entre Chrétiens et Musulmans ». Mgr Aumonier a tout d’abord accueilli le cardinal venu de Rome et souligné l’importance du dialogue des religions dans un département « contrasté », fort de cent dix à cent-vingt mille Musulmans, de vingt-trois mosquées et d’une quarantaine de salles de prière : « quand on vit dans une cité, on ne disserte pas sur le dialogue interreligieux, on le vit ». En fait nous ne nous connaissons pas, il y a beaucoup d’incompréhension et d’ignorance de part et d’autre.
Mgr Tauran, prenant la parole, a d’emblée affirmé que « les religions sont la solution incontournable des conflits en cours » et souligné l’importance de se connaître, de se comprendre et de s’apprivoiser pour faire avancer le dialogue interreligieux ; beaucoup d’incompréhension est due à l’ignorance. En un rapide rappel historique, il a évoqué les conditions de la naissance et de l’expansion de cette religion dans tout le Moyen-Orient depuis la vision de Mahomet caravanier de La Mecque. Vers 610, il reçoit de l’ange Gabriel la mission de ramener son peuple à la religion du Dieu unique en redisant ce qu’il a entendu. L’Islam n’est pas une religion dogmatique mais un mode de vie codifié dans le Coran. Mahomet est celui par lequel Dieu a choisi de parler, mais son message passe mal et en 622 il se réfugie à Médine (Hégire, an I de l’ère musulmane). Après sa mort, suivra une période d’extension : Palestine, Empire perse. Espagne… La culture musulmane s’élabore peu à peu. Du XIVe au XIXe on peut parler d’engourdissement. En 1798 lors de sa campagne d’Egypte, Bonaparte tire le monde musulman de sa torpeur et un groupe de chrétiens découvre l’Islam.
La question du dialogue interreligieux commence vraiment avec le Concile Vatican II qui demande de reconnaître les valeurs de l’Islam dans deux déclarations : « Lumen gentium N°7» et « Nostra aetate N°3 » qui invitent à travailler ensemble, à oublier le passé.
Depuis, le Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux poursuit sans relâche cette recherche d’un dialogue en vérité, pas pour convertir « car la conversion est la rencontre de deux libertés, celle de Dieu et celle des hommes ». Le dialogue crée un espace pour connaître la religion de l’autre, connaître l’autre tel qu’il est et non tel qu’on dit qu’il est…accueillir et se taire.
Les derniers évènements ont jeté une ombre, la situation actuelle est difficile : des chrétiens du Moyen Orient sont sommés de se convertir à l’Islam ou de fuir « aucune cause ne saurait justifier cette offense grave » faite à Dieu et aux hommes. Cette situation dramatique exige une prise de position sans ambiguïté des adeptes du dialogue interreligieux qui autrement n’a plus de raison d’être. Nous sommes conscients des limites de ce dialogue, fixons-nous des objectifs modestes comme le contenu des manuels scolaires par exemple.
En conclusion, le cardinal Tauran a souligné les aspects positifs de ce dialogue en donnant quelques exemples concrets.
« Nous ne devons pas avoir peur de l’islam si nous sommes des chrétiens formés prêts à dialoguer, à se rencontrer » et acceptons que Dieu est mystérieusement divers !