L’accueil dans l’histoire européenne
Le concept d’accueil est très ancien, même plus ancien que le mot hospitalité. Aujourd’hui, l’accueil est poussé au plus haut niveau de sophistication et d’excellence ; mais il se révèle aussi être le miroir des évolutions de notre société dans le monde actuel.
Dans l’antiquité
Les Grecs étaient beaucoup plus accueillants que les Romains. A cette période, accueillir sous son toit l’étranger de passage était considéré comme un devoir sacré. Les Grecs étaient « facilement portés vers l’Autre et Autrui », surtout depuis les vastes conquêtes d’Alexandre le Grand. C’était, disait-on, « Zeus lui-même qui vous l’envoyait » et cet étranger avait droit à tous les égards.
Les Romains restaient méfiants et se cloîtraient dans leurs maisons. Peu d’efforts étaient faits pour accueillir les étrangers qui étaient souvent rejetés. Puis, petit à petit, des liens se sont tissés entre celui qui recevait et celui qui était reçu car ce commerce humain était mutuellement apprécié, chacun gagnant à mieux connaître l’autre.
Un concept universel
L’accueil est devenu un concept universel étroitement lié à l’hospitalité avec l’essor du christianisme. Il est offert à tous et surtout aux pauvres et aux pèlerins. Ce devoir occupait aussi une place prépondérante dans plusieurs ordres monastiques. Pendant des siècles, les « hostelleries », celles des châteaux, monastères ou refuges de montagne, furent des formes d’accueil charitable et désintéressé où le voyageur ou le pèlerin était reçu comme on accueille son prochain.
L’art de l’accueil à la française prendra son essor sous Louis XIV. A cette époque, c’est un honneur de servir le roi, la cour, les seigneurs et de montrer le meilleur de la France aux étrangers lors de visites d’ambassadeurs. Cette caractéristique, purement française et inscrite dans la tradition, mettait le meilleur du savoir-faire de tous les métiers de bouche et d’artisanat au service du roi et de l’accueil. De nos jours, cet art de vivre hérité du temps de la royauté reste une référence : preuve en est des grands hôtels étoilés comme des repas irréprochables préparés par les maitresses de maison lors d’évènements particuliers.
Un art de vivre dans l’hôtellerie de luxe
L’arrivée de l’hôtellerie de luxe au début du XIXème siècle se fera également dans l’esprit de la grande aristocratie du siècle des Lumières. Les riches voulaient retrouver sur leur lieu de villégiature les mêmes conforts et services qu’ils avaient chez eux et amenaient pour cela tout leur personnel : habilleuse, femme de chambre, … Dans le palace d’antan, il n’y avait que la décoration et aucune technologie : on montait les brocs d’eau, les bûches pour le feu, …
De nos jours, tout s’est complètement déplacé vers l’efficacité, abandonnant la plupart des services directs à la personne. L’accueil a repris d’autant plus d’importance que l’on ne trouve plus dans la chambre le contact humain des années passées : une femme de chambre vidant vos bagages, le maitre d’hôtel venant prendre votre commande, les chaussures dans le couloir pour être cirées, les petits déjeuners servis dans la chambre, … Il y avait des rapports constants dans un palace ; ils ont aujourd’hui disparu et toute cette envie de contact humain se retrouve au moment de l’arrivée dans l’établissement.
Mais l’essentiel demeure dans l’acte d’accueil qui repose toujours sur les mêmes valeurs de civilisation : respect, protection, secours et chaleur humaine.