Le Cadre Noir
L’équitation de tradition française, exercée principalement au Cadre noir, a été en 2011 inscrite par l’UNESCO sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité.
L’histoire de cette école prestigieuse commence par la fondation à Saumur, par décision d’Henri IV, d’une université protestante au sein de laquelle une académie d’équitation fut établie puis fermée après la révocation de l’Edit de Nantes. Il faut ensuite attendre le règne de Louis XV qui, en 1763, demande au duc de Choiseul de réorganiser la cavalerie française. Saumur fut à nouveau choisi pour accueillir la nouvelle école destinée aux officiers de tous les régiments de cavalerie. Si les guerres de la Révolution et de l’Empire ont certes confirmé la bravoure légendaire de la cavalerie française, elles ont aussi révélé l’insuffisance de sa formation équestre. Les maladies contagieuses, la férocité des combats et la mauvaise qualité de l’équitation militaire de l’époque ont anéanti ses troupes. Au lendemain des guerres napoléoniennes, la cavalerie française est décimée. Pour la reconstituer, Louis XVIII crée, toujours à Saumur, un corps d’enseignants composés de quelques grands écuyers, civils, issus des Manèges de Versailles, des Tuileries ou de Saint-Germain. En 1830, elle devient la seule école dépositaire de la tradition équestre française.
Si la vocation première de ce corps d’élite, à l’époque, est bien évidemment de former les officiers et sous-officiers de cavalerie et de dresser des chevaux pour un usage militaire, les principes académiques hérités de Versailles sont maintenus par les écuyers, dont le goût prononcé pour l’art équestre ne peut se limiter qu’à la seule vocation militaire. Il devient très vite le garant de la doctrine équestre française, par le maintien et la pratique des principes de l’équitation académique. Aussi, lorsque le 20 juin 1828, Son Altesse Royale la Duchesse de Berry vient visiter l’Ecole de Cavalerie de Saumur, un carrousel est donné en son honneur.
La couleur noire ayant été adoptée pour les uniformes des écuyers, pour les différencier de ceux bleus de l’école de cavalerie, c’est tout naturellement que s’imposa le nom de « Cadre Noir », qui ne devient officiel qu’en 1986. Il compte aujourd’hui quarante-deux professeurs : huit militaires, dont l’Ecuyer en chef, (surnommé le « Grand Dieu » en référence à sa maîtrise de l’art équestre) et trente-quatre civils. Parmi les écuyers, les femmes ont tout autant leur place que les hommes. Ils sont coiffés du chapeau de manège, aussi appelé « lampion » ou « bicorne ». Leurs missions sont de perpétuer la tradition équestre française, la valoriser et représenter la France aux compétitions équestres internationales.
Les écuyers, outre le travail de dressage traditionnel, travaillent aussi les sauts d’école à pied ou montés sans étriers. Ils sont au nombre de trois ; la courbette : le cheval se dresse vers le ciel, antérieurs ployés, le cavalier garde sa position et se retrouve en arrière de la verticale, la croupade : le cheval exécute une ruade énergique en étendant complètement les membres postérieurs, et la cabriole, combinaison presque simultanée d’une courbette et d’une croupade.
Les chevaux sont principalement des chevaux de selle français, des anglo-arabes et des pur- sang, selon les disciplines sportives demandées.
Les instructeurs du Cadre Noir sortent régulièrement en concours et plusieurs cavaliers sont ou ont été champions olympiques ou champions du monde.
Au fil des temps, le Cadre Noir est devenu un véritable patrimoine vivant pour la France et a tout naturellement trouvé sa place au sein du patrimoine culturel immatériel de l’humanité.