Le Christ est ressuscité … oui, mais encore ?
A l’heure où nous préparions nos cœurs à accueillir le sacrifice de Jésus offert pour nous sauver de notre mort, pour sauver notre humanité de ses désespérances, nous avons accueilli dans notre pays cet acte d’héroïsme donné par Arnaud Beltrame. Jésus a accepté de donner sa vie pour sauver la nôtre, Arnaud a accepté de donner sa vie pour en sauver une autre… Etonnante « coïncidence »…
Je me demande toujours, après ces magnifiques célébrations pascales qui ont réuni plusieurs milliers de chrétiens dans notre paroisse de Meulan-Triel : comment presque quarante jours après laisser le feu de Pâques continuer à illuminer notre quotidien sans que les épreuves de nos vies ne reprennent trop vite le dessus ? Comment conserver une « gueule de ressuscité » signe de ce baptême qui marque d’une empreinte indélébile notre âme ? Comment témoigner de cette espérance qui prend sa source dans cet événement fondateur : Jésus m’a donné sa vie car il m’aime, pour que moi je puisse vivre de sa vie… ?
J’ai l’impression de percevoir dans cet acte d’héroïsme récent la réponse à cette question : la vie est belle quand elle est donnée. Plus que cela encore : la vie n’a de sens que dans le don d’elle-même : « Car celui qui veut sauver sa vie la perdra, mais qui perd sa vie à cause de moi la trouvera » nous dit Jésus (Mt 16, 25).
La vie d’Arnaud Beltrame n’avait pas plus ou moins de valeur que celle qu’il a sauvée, car la vie en soi ne se quantifie pas. Toute vie humaine a entière dignité et pleine valeur par le fait d’exister. Elle est unique et irremplaçable de la conception jusqu’à la mort. Mais elle ne donne son accomplissement et tout son sens que dans le don d’elle-même. La grandeur du geste de ce gendarme tient dans le fait d’avoir agi pour la Vie et non pas pour sa vie.
Cet évènement, en plein débat bioéthique au sujet de la valeur de la vie humaine, nous encourage à nous rappeler que la vie n’a de valeur en soi que parce qu’elle est reçue comme don et parce qu’elle est donnée par de petits gestes quotidiens. Non parce qu’elle est prise ou volée, non parce qu’elle est maîtrisée ou programmée.
Le Christ est ressuscité, oui ! Mais encore, il ressuscite en chacun de nous tous les jours à chaque fois que nous nous tournons vers les autres et offrons quelque chose de nous-mêmes.
Beau temps pascal à vous.