8 mai 1945
Le nuage d’horreur qui planait sur l’Europe
D’un seul coup s’estompait au soleil de midi,
Découvrant les reliefs d’un festin de Cyclopes,
Champs de ruines laissés par un géant maudit.
Comme des christs meurtris s’arrachant à leurs tombes,
Les diverses nations renaissaient du chaos,
Et chacune, malgré toutes leurs hécatombes,
Voyait se dessiner des horizons nouveaux.
Au matin du 8 mai, dans les plaines d’Ukraine,
Comme dans Varsovie aux fantômes errants,
Et des déserts lapons aux rives d’Aquitaine,
Partout retentissaient des hosanna vibrants ;
Ils s’adressaient à Dieu, ils s’adressaient aux braves,
Eisenhower, de Gaulle, Youkov, Montgomery,
Et tous les partisans qui dans les heures graves
Avaient donné leur sang pour sauver le pays…
Ô vous, fiers chevaliers ignorant la défaite,
Soldats et maquisards qui dans un but commun
Sacrifièrent tout, portant haute la tête,
Ô vous, les dignes fils des héros de Verdun,
Vous avez le droit que de toute la France,
Ceux qui vous ont connus, ceux qui n’étaient pas nés,
Vous gardent à jamais respect, reconnaissance,
Associant vos noms à ceux de vos aînés !
Les années ont passé depuis ce jour de gloire,
Mais au-delà du temps demeure le flambeau,
Et pour rendre vraiment hommage à leur mémoire,
Poursuivons le combat pour un monde plus beau,
Car l’hydre qui tombait aux vents de l’épouvante,
Engendrait en mourant de dignes successeurs,
Et chaque jour apporte en sa ronde mouvante
Un défilé sans fin de guerres et d’horreurs.