Ballade pour faire connaître nos occupations ordinaires
Pour donner à cette rubrique une note d’humour, voici de Georges Fourest (1867-1945), poète du XIXème siècle et du début du XXème, peut-être un peu oublié de nos jours, une « Ballade pour faire connaître nos occupations ordinaires »…
On voit des gens être épiciers,
avocats ou marchands de laine,
et l’on en voit qui sont huissiers
ou bedeaux à la Magdeleine,
aucuns font de la porcelaine,
du cirage ou des feuilletons,
d’autres vont pêcher la baleine :
moi j’attrape les hannetons !
Quelques-uns, des écrivassiers,
-doux toqués ! (la morgue en est pleine)-
cherchent, la nuit, dans leurs puciers
les rimes d’une cantilène :
« Pauvres gens ! » comme dit Verlaine,
c’est bien votre air que nous chantons !
Va te bruler, belle phalène !
Moi j’attrape les hannetons !
En vain des philistins grossiers
me rabâchent à perdre haleine :
« Il faut bien que vous embrassiez
une carrière ! » lon, lon, laine !
Messieurs, soyez préfet de l’Aisne
mettez aux pois les canetons
ou comprimez l’acétylène !
Moi j’attrape les hannetons !
ENVOI
Prince, la gente et la vilaine,
toutes sont mêmes Jannetons :
Que Paris garde son Hélène !
Moi j’attrape les hannetons !
Georges Fourest