Can au départ
Le poème de ce mois est en patois cauchois qui est une variété de parler normand utilisée dans le pays de Caux, qui constitue la majeure partie du département de Seine-Maritime.
CANT AU DEPART
R. Ô Diû not’ écueil Et le som à nos vies, Que nos pas Vos sieuvent, Qu’is Vos glô’éfient Jouqu’, aille ! au hat seuil As vos écû’ies !
Que par l’archange Raphaê, Le j’va qui rue au loin not’âme, La rue jouqu’ à la fontaine, Pû’e, que sainte Adresse gade. Que solé tôte, en main la guerbe ; Qu’en breume et freide cavée trasque Jouqu’oyou cuisent nos cauds blais D’or, o les paures que Diû gâde.
R. Ô Diû not’ écueil…
Que par l’archange saint Michê, Contre les foudres as pillards, Foudres ed’ grêle ou cauds éclaî’s J’ayons abri. Que Diû nos baille Leux forche, amont sû’ el’ qu’min drêt, El’ coeû’ tranquille et l’himeû’ calme. Par vot’ étole, saint Nicaise, Elinguez l’houlvari du mâ !
R. Ô Diû not’ écueil…
Que par l’archange Gabriê, Janmais ne groue l’étendard Qu’à nos grands, Diû donnit aut’fais, Que glô’éfie la querois. Sainte Nô’ine, suir nos faites, El’ Christ jouqu’en le som à l’âme. Li puche ylà la vie à beire ; Faut-i qu’ichitte nos l’embrache !
R. Ô Diû not’ écueil…
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CHANT DU DEPART (Traduction)
R. Ô Dieu notre élan, Le sommet de nos vies, Que nos pas Vous suivent, Et qu’ils Vous glorifient, Jusqu’ah ! Au haut seuil, De vos hautes écuries !
Que par l’archange Raphaël, Le cheval qui lance au loin notre âme, La lance jusqu’à la fontaine, Pure, que sainte Adresse garde. Que le soleil grille, en notre main la gerbe ; Qu’au chemin boueux, brumeux et froid, il aille, Jusqu’où se mettent sur le feu nos chauds blés, D’or, avec les pauvres que Dieu regarde.
R. Ô Dieu notre élan…
Que par l’archange saint Michel, Contre les bourrasques de pillards, Bourrasques de grêle ou de chauds éclairs, Nous ayons abri. Que Dieu nous donne, Leur force, là-haut, sur le chemin droit, Le cœur tranquille et l’humeur calme. De votre étole, saint Nicaise, Rejetez le trouble du mal.
R. Ô Dieu notre élan…
Que par l’archange Gabriel, Jamais ne cherre l’étendard Qu’à nos aïeux, Dieu donna autrefois, Que glorifie la croix. Sainte Honorine, faites-nous suivre Le Christ jusqu’au sommet de l’âme. Lui tire là la vie qu’il donne à boire, Puissions-nous l’y embrasser !
R. Ô Dieu notre élan… |
Thibault Legois